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Sobriété médicamenteuse : les industriels mettent le paquet

Sujet sanitaire, économique et environnemental, la « juste prescription » figurait en 2023 aux propositions de la « mission Borne » en faveur d’une régulation des produits de santé. Prenant le mal au mot, les industriels du secteur s’y attellent donc, en commençant par la polymédication des seniors. À la clé, 300 millions d’euros d’économies attendues.

Parce que « Le bon médicament au bon moment est au cœur du système de santé » comme le soulignait d’entrée le président du Leem, Thierry Hulot, les industriels du médicament ont annoncé le 4 juin un plan d’action favorisant la sobriété médicamenteuse au travers du bon usage. Financé par l’organisation professionnelle, ledit plan vise dans un premier temps la polymédication – voire la surmédication – des plus de 65 ans. Objectif : ne pas dépasser 5 molécules par jour, quand la moitié de la population cible excède ce nombre selon la CNAM.

Un risque iatrogène multiplié par deux

L’enjeu est d’abord de santé publique : alors que plus de 200 000 hospitalisations et une dizaine de milliers de décès seraient chaque année imputables à une mauvaise utilisation des médicaments, ces prises multiples augmentent le risque, lui-même déjà deux fois plus fréquent au-delà de 65 ans. Mais le sujet se pose aussi en termes environnemental, au regard des ressources inutilement utilisées (plastique, carton, transport…) et, bien sûr, économique.

Une notification à la prescription

Inscrit dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2024, le programme du Leem débute donc en ce mois de juin. Au grand public, il réserve une campagne de com’ sous l’accroche « Réduisons le volume » – « Moins de médicaments c’est médicamieux ». Mais les professionnels de ville sont principalement ciblés.

Outre la sensibilisation (utile quand on sait qu’en France 80 % des consultations de généralistes ouvrent sur une prescription contre la moitié aux Pays Bas), 125 00 généralistes abonnés à Vidal Campus se verront ainsi proposer une formation en ligne. Plus concrètement encore, un dispositif déployé dans les logiciels d’aide à la prescription de 22 000 généralistes les invitera à « réviser l’ordonnance » sur Weda (Vidal) chaque fois que leur patient âgé prend plus de 5 médicaments.

2 millions d’euros investis

Coût de l’opération : 2 millions d’euros, mais un montant d’économies attendues pour l’Assurance Maladie de 300 millions d’euros en année pleine. Et, après la polymédication des seniors, le Leem s’attaquera en 2025 aux luttes contre l’antibiorésistance et contre le gaspillage.

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