Le Leem annonce sa trajectoire 2024

Alors que la Mission Borne est au point mort, Les entreprises du médicament (Leem) présentaient, mardi 30 janvier, leur « plan stratégique » pour améliorer l’accès aux médicaments. Au programme :  un système d’information de gestion des stocks élargi à plus d’acteurs, la renégociation de l’accord-cadre CEPS et la transformation vers une industrie utile, rentable et durable.

© Epictura

Concrétiser le « New Deal garantissant un accès égal et durable des patients à tous les produits de santé… ». À quelques heures du discours de politique générale du Premier ministre, le Leem a profité des vœux pour appeler à la mise en œuvre des réformes conclues par le rapport conduit en 2023 sur le financement et la régulation des produits de santé….

Faisant ainsi des tensions d’approvisionnement « le sommet de l’iceberg qui montre les fragilités de notre système de santé et l’urgence à le consolider, voire à la reconstruire », le président du syndicat, Thierry Hulot, a résumé l’objectif : « assurer la souveraineté sanitaire dans un environnement économique soutenable par des entreprises responsables ».

Le bon médicament au bon moment

Trois axes donc, dont le premier vise évidemment les pénuries. Alors que la Charte des bonnes pratiques de distribution s’avère en panne de pilote, le Leem veut élargir le système d’information de gestion des stocks (TRACStocks) à d’autres acteurs, à commencer par les grossistes répartiteurs dont relèvent 80 % de la distribution. Mais si « le bon traitement est celui qui est disponible quand on en a besoin », comme le formulait la nouvelle directrice générale du Leem, Laurence Peyraut, le « bon usage du médicament » est aussi en question : 300 millions d’économies possibles, par exemple en évitant la polymédication des seniors.

Enfin, « le bon médicament au bon moment », impose également de fluidifier le système, pour accélérer l’arrivée des innovations comme pour augmenter de 25 % la participation des Français aux essais cliniques multinationaux : malgré 32 CHU au cœur de la recherche, la France ne participerait plus qu’à un essai clinique européen sur deux. En 2024, le Leem publiera par ailleurs une analyse prospective des innovations thérapeutiques à venir (« Horizon Scanning ») « pour anticiper les nouvelles organisations des soins induites par celles-ci », selon la dirigeante de l’organisation.

Repenser la fiscalité

Laurence Peyraut et Thierry Hulot © LD

Le deuxième pilier du triptyque syndical repose sur la soutenabilité de l’activité dans un cadre économique et réglementaire moins contraignant. Au programme la renégociation de l’accord-cadre CEPS, à échéance en mars prochain. Avec 271 sites industriels, 12 000 spécialités disponibles, soit 2600 molécules thérapeutiques, et 50 projets de rapatriement de molécules ces dernières années, l’attractivité de la France se heurte au « défi colossal » du prix régulé a, une nouvelle fois, pointé Thierry Hulot.

Le prix des molécules d’intérêt thérapeutique majeur serait ainsi de 25 à 30 % inférieur au reste de l’Europe. S’y ajoute une fiscalité lourde : près de 60 % des bénéfices, dont 80 % imputables aux taxes sectorielles, selon une étude du Leem à venir…  Ce défi « met à mal les politiques d’investissement, mais aussi les entités de taille modestes quand la moitié des entreprises du médicament sont des PME auxquelles on doit un tiers de la production des médicaments essentiels », a insisté Thierry Hulot.

Un baromètre 360° en juin

« Agir en responsabilité », pour accueillir la – ou plutôt les – transitions nécessaires. Après avoir été le premier secteur à signer un accord-cadre de décarbonation (lire notre article du 21 juillet 2023) en 2023, l’ensemble des adhérents du Leem devrait notamment, d’ici 2026, être membre de PACTES, plan d’engagement sociétal des entreprises du médicament axé – entre autres – sur l’environnement.

Ainsi, l’ambition est bien d’être « une force de proposition engagée pour faire réussir les transformations de l’industrie pharmaceutique, une industrie qui doit être utile, rentable et durable », a conclu Laurence Peyraut. Rendez-vous est d’ailleurs donné en juin pour le premier « baromètre 360° » de l’attractivité des politiques du médicament en France, un élargissement du baromètre 2023 (lire notre article du 18 janvier 2023 ) dont les données en libre accès évalueront chaque année l’efficacité et la pertinence des réformes. Car, comme l’a bien souligné Thierry Hulot, glissant une pierre dans le jardin gouvernemental, « ce qui compte, c’est le résultat. »

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *