Élément clé – pour ne pas dire moteur – du processus logistique, le transport emporte nombre d’exigences : « il doit être à la fois rentable, responsable et fiable », pose d’entrée le responsable logistique de la blanchisserie du CHU de Rouen, Mikaël Gilbrin. Depuis deux ans, le professionnel a donc mis un coup d’accélérateur sur l’optimisation de ses tournées de linge (22 tonnes/jour), en revisitant le chargement des camions ou le tracé du circuit (10 tournées quotidiennes soit 250 000 km sur l’année).
Mais une troisième voie s’impose aussi rapidement : « alors que le contexte de la pandémie contraint à recruter de nouveaux chauffeurs, il fallait un outil qui guide ces recrues débutantes jusqu’à leur point ultime de livraison », explique-t-il.
Plus de cinquante points à connaître
Mikaël Gilbrin © A.Larchevêque
Il faut dire qu’avec plus de cinquante sites de chargement/déchargement répartis sur un périmètre de 70 km et certains établissements qui, semblables à des petites cités, comptent 17 quais différents à eux seuls, les erreurs sont légion : « les camions tournent, le carburant s’évapore, les chauffeurs s’énervent et les services clients attendent », raconte Mikaël Gilbrin. « Geek » accompli, il décide donc de créer un outil moderne et facile d’accès pour orienter les chauffeurs et garantir ainsi une organisation toujours fiable, même sans connaissance préalable des lieux de livraison.
Un guidage complet
En trois mois, la solution « Mémo Livraison » est en route. Via un site internet « responsive », c’est-à-dire adapté aux tablettes et smartphones, toutes les tournées sont numérisées sous forme de fiches. Couplé avec Google Map, l’outil livre donc d’abord, en temps réel, le trajet optimal jusqu’à l’établissement puis, grâce aux photos fléchées et vidéos qui l’enrichissent, conduit les chauffeurs jusqu’au dernier mètre.
Le plan micro indique aussi les informations attachées à la tournée en question : clés ou badge à ne pas oublier en cas de livraison matinale par exemple. Enfin, les éléments repères sont également accessibles via un QR Code ou en version papier, tandis qu’un groupe WhatsApp tisse un lien continu avec le chef d’équipe. « Ainsi, les chauffeurs sont désormais 100 % autonomes », résume Mikaël Gilbrin.
Jusqu’à 80 % de retards en moins
Les résultats sont eux aussi pile au rendez-vous. « Un an plus tard, nous constatons visiblement moins d’erreurs (entre 70 et 80 %), moins de retard et moins de quantités de carbone rejeté grâce à cette optimisation générale des tournées (de 5 à 10 % de diminution pour une empreinte désormais calculée à 462 kg/jour) », rapporte le responsable logistique rouennais. Cela sans compter la cohésion d’équipe nouvelle, cimentée par le groupe de discussion liée à l’application.
© Anais Larchevêque
Et ce n’est pas fini : avec l’aide de quelques chauffeurs particulièrement engagés, « l’appli » devrait bientôt proposer sa V2, « plus riche de données en temps réels, pour stimuler l’éco-conduite comme pour prévenir les services réceptionnaires de leur livraison imminente », dévoile son créateur. Bref, un outil qui, indubitablement, tient la route et pourrait, à ce titre, rapidement transporter d’aise bien d’autres directions logistiques.
