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La logistique, pierre angulaire d’un ExoSan

Mi-mai, le Service de santé des armées (SSA) a organisé un « ExoSan », exercice d’opération sanitaire, pour une soixantaine de  jeunes médecins militaires. Le but de la manœuvre : les préparer à prendre en charge des blessés de guerre avec différents scenarii, dans des conditions les plus réalistes possibles. Une simulation impossible sans une logistique soignée.

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Une pluie battante, des mares de boue, une température frisquette étant donné la saison… En mai dernier, les 63 stagiaires – en majorité des internes de médecine générale militaire et quelques spécialistes – ont été gâtés en matière de « rusticité » pour un « drill » à grande échelle, organisé au camp de la Valbonne dans l’Ain par l’École du Val-de-Grâce et son Centre de formation opérationnelle santé (CeFOS).

Maximiser les moyens au profit de plus de vies possibles

Le médecin général Pelée de Saint-Maurice

L’objectif : confronter ces jeunes médecins à différents cas de figure. Un jour, peu de blessés de guerre graves. Le lendemain, des pertes importantes. Et donc être capable de « maximiser l’utilisation des moyens au profit de plus de vies possibles », a résumé le médecin-général Guillaume Pelée de Saint Maurice, directeur du Val-de-Grâce. Car la philosophie choisie par le SSA, c’est de soigner les blessés très vite, en amenant les équipes médicales à proximité des zones d’affrontement. Alors que ses homologues anglo-saxons privilégient plutôt l’évacuation rapide vers des structures hospitalières.

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Au programme de l’ExoSan une dizaine de scenarii : afflux de blessés dans un poste médical, opérations de transfusion, ou encore décontamination NRBC. De quoi répéter les gestes de sauvetage dans une ambiance stressante (râles et appel aux secours des soldats touchés, bruits de tir en fond sonore…), se familiariser avec le matériel et réfléchir à comment l’utiliser au mieux.

Recréer un environnement fidèle à la réalité

Une simulation impossible à mettre en scène sans l’appui d’une logistique appropriée. « Rien ne pourrait se faire sans le soutien du régiment médical qui assure toute la partie soutien logistique de l’exercice. Il faut compter un peu plus d’un personnel logistique pour un interne », n’a pas manqué de souligner le médecin-général Pelée de Saint Maurice.

« Plus on est fidèle à la réalité, plus on est immergé, plus on est efficace. Du coup, il faut recréer un environnement. Quand on dit à un jeune interne, vous allez mettre votre blessé dans un véhicule blindé, le mieux c’est d’avoir de vrais VAB », a confirmé un médecin-chef formateur.

L’appui du RMED

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Unité unique en son genre, composante du commandement de la logistique des forces (Com Log), le régiment médical de l’armée de Terre (RMED) a donc mis à disposition du SSA ses véhicules (dont 5 véhicules blindés sanitaires, VAB SAN). Chargés de récupérer et de convoyer les blessés récupérés sur le terrain, les équipages « vabistes »  sont de précieux auxiliaires sanitaires puisqu’ils sont capables de réaliser des gestes techniques très précis pour maintenir des traumatisés de guerre en vie. Comme exsuffler des pneumothorax ou perfuser par intra-osseuse.

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« Ils n’ont pas d’équivalent dans le civil. Ils sont, en quelque sorte, des super aides-soignants qui ont eu une formation spécifique ( sauvetage au combat de niveau 1 et niveau 2) », a expliqué un médecin-chef, formateur de l’exercice. Leurs camarades des autres sections ont aussi contribué aux mises en scène. « Tous les soldats qui jouent les blessés, qui griment, fabriquent les fausses blessures appartiennent à l’unité », a illustré leur capitaine.

Montage et aménagement d’une ARCS

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Le RMED a mobilisé au total sur place une compagnie.  Soit une centaine de personnes chargées d’acheminer les équipements sur le terrain et de les installer. Une journée entière de travail a été nécessaire pour l’aménagement du camp et de ses nombreuses tentes, la fourniture d’électricité.

En une trentaine de minutes, l’unité a par exemple monté la structure de l’ antenne de réanimation et de chirurgie de sauvetage (ARCS). Sur une surface de 200 m2, divisée en plusieurs espaces (triage, chirurgie, soins-évacuation…), cette antenne permet de réaliser  du « damage control » et d’opérer sur place.  Avec un effectif d’une douzaine de personnes et une autonomie de 48 heures pour son matériel de santé, elle peut accueillir jusqu’à 16 blessés par jour.

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Au total trois heures ont suffi pour la rendre opérationnelle, une fois le matériel déployé par le SSA. Tout est prévu pour faire tourner un bloc : des packs prêts à l’emploi avec champage, casaques, bistouris, compresses aux ballonnets d’occlusion intra-aortique en passant par un réchauffeur pour les perfusions ou des respirateurs pneumatiques et à turbines. Si nécessaire, l’ARCS dispose même d’appareils pour stériliser les boîtes chirurgicales.

L’approvisionnement en produits de santé

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Autre logistique essentielle : l’approvisionnement en médicament et dispositifs médicaux dans les différents ateliers proposés aux stagiaires. L’apanage de l’unité de distribution des produits de santé (UDPS) du SSA. Sorte de pharmacie de campagne, ce magasin déporté au plus près des personnels de santé a préparé les dotations. Et les a recomplétées au fur et à mesure des besoins. Une problématique naturellement abordée lors des débriefs avec les jeunes médecins militaires.

« La plupart du temps, les axes d’amélioration concernent des questions de logistique. Les commandes de médicaments représentant un énorme travail que l’on anticipe. On s’améliore d’année en année, mais nous ne sommes pas encore parfaits. Il demeure toujours difficile de bien calibrer leur nature et leur volume »,  a commenté l’un des médecins-chefs responsable de l’exercice.

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