Vaisselle silencieuse : une innovation qui fait du bruit

Antidérapantes et anti-casse, les nouvelles assiettes 100 % françaises lancées par la start-up QUIET sont surtout beaucoup moins résonnantes qu’une vaisselle classique : 85% de bruit en moins. En restauration collective, où nombre d’agents souffrent des nuisances sonores, l’innovation ne peut que trouver un fort écho.

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Troubles du sommeil, fatigue chronique, et même lésions auditives… Avec un niveau de bruit constamment supérieur à 80 décibels, les personnels de la restauration collective subissent au quotidien un brouhaha incessant identifié au titre des risques professionnels.

Or, si le volume des conversations en salle comme celui des machines en cuisine n’y sont pas étrangers, le bruit des assiettes qui s’entrechoquent, notamment à la plonge, détient aussi sa part de responsabilité. Une start-up girondine s’est donc alliée avec l’Institut national des sciences appliquées (INSA) et le CNRS pour tabler sur la première gamme de vaisselle « silencieuse ».

Un matériau qui étouffe le son en cas de choc

Sophie Moritel © Quiet

Bien que présentant les mêmes qualités d’apparence et de toucher que les pièces traditionnelles, les assiettes et coupelles bi-matériaux QUIET sont en verre trempé, doublées à l’arrière d’un film polymère (élastomère de silicone) qui étouffe les sonorités en cas de choc.  « Après cinq ans de recherche, la promesse s’appuie sur des résultats scientifiquement étalonnés : 85 % de bruit en moins, sans pour autant atténuer le son des couverts lorsqu’on mange… », annonce la cofondatrice de la marque, Sophie Moritel.

L’atout est confirmé par les agents des trois écoles de Talence auprès desquels des préséries ont été testées, « avec une note de 9,1/10 attribuée à la réduction de bruit », rapporte de son côté Stéphanie Barrau, directrice de l’enfance et de la vie éducative au sein de la commune néo-aquitaine.  Ce bénéfice ne se limite d’ailleurs pas aux professionnels : « il profite aussi aux convives, et tout particulièrement à ceux atteints d’hyperacousie, en lien avec des troubles autistiques ou une dégénérescence cognitive par exemple », souligne Sophie Moritel.

0 casse sur 4800 repas

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Mais de sa vaisselle anti-bruit, la codirigeante de QUIET dresse encore d’autre attraits. « Nos assiettes sont également antidérapantes, ce qui constitue une réelle plus-value ergonomique pour les enfants, les seniors et tous ceux dont la préhension peut être déficiente », détaille-t-elle. L’argument vaut aussi face à la casse : « sur 4800 repas servis, aucune assiette brisée », reconnaît Stéphanie Barrau, soulignant la non-dépense induite par cette durabilité.

Enfin, l’assiette novatrice s’avère moitié moins conductrice de chaleur et trois fois plus solide : « grâce à son revêtement élastomère, la pièce se fissure sans éclater en cas de chute, ce qui réduit les risques d’accidents comme les efforts de ménage », explique l’industrielle. Autant d’atouts pareillement pointés par les agents talençais dont, au final,  « 93 % s’avoueraient très déçus de devoir revenir à la vaisselle habituelle », pose leur encadrante territoriale.

18 euros l’ensemble

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Il leur faudra pourtant patienter, du fait d’un succès paradoxalement retentissant. Membre de la délégation French Tech à Las Vegas début janvier 24 et lauréate du trophée des Décibels d’Or organisé par le Conseil National du Bruit, la start-up se tient, en effet, toujours en phase de pré-commercialisation (commandes possibles au titre du dispositif « achats innovants »).

Les premières livraisons sont prévues pour le dernier trimestre 2024, à raison de 18 euros pour trois pièces (deux assiettes dont une petite, une coupelle), « soit un prix deux à trois fois plus élevé qu’une vaisselle traditionnelle, mais avec, en contrepartie, une longévité accrue, moins de TMS et une meilleure qualité de vie au travail majorée », résume Stéphanie Barrau.

D’ici là, l’entreprise pourrait aussi avoir avancé sur une usine en propre implantée en Nouvelle Aquitaine, un complément de gamme sous forme de bol et une filière active de recyclage. « En attendant, un essai demeure toutefois possible pour les cuisines servant au moins 100 convives », signale Sophie Moritel. Coût de l’expérimentation : à partir de 1300 HT pour un stock roulant de 300 pièces sur 21 jours. Ou comment tester une nouvelle vaisselle tout en restant à couvert !

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