Test de fauteuils et brancards géolocalisés à l’hôpital de Lorient

L’hôpital de Lorient expérimente des fauteuils et des brancards munis d’une puce électronique afin de pouvoir les repérer sur smartphone et de connaître instantanément leur emplacement et de ne plus avoir à courir dans les couloirs afin de les retrouver. Un banc d’essai financé par la région Bretagne.

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Ils rendront leur copie à la fin octobre. Stéphanie Quiguer, chef de projets d’innovation et Pascal Herviou, ingénieur logistique et mobilité, testent à l’hôpital du Scorff, à Lorient, un système de géolocalisation de transport des patients sur lequel ils travaillent depuis un et demi. Aux urgences, une vingtaine de brancards et de fauteuils sont suivis à la trace pendant un mois.

Consortium régional

Stéphanie Quiguer

« Connaitre la disponibilité du matériel en temps réel : c’est l’objectif. Or cette problématique simple doit s’articuler avec de nombreux facteurs humains. Lorsqu’on transporte un patient, on se concentre sur sa prise en charge, plus que sur le matériel. C’est souvent pour cette raison que les services manquent parfois de fauteuils, de lits, de brancards et que les agents courent après dans les couloirs. On cherche à avoir la même traçabilité du matériel que la pharmacie pour les médicaments. »

Stéphanie Quiguer et Pascal Herviou ont travaillé dix-huit mois, dans la cadre d’un « consortium » constitué avec trois entreprises locales : l’une spécialisée dans l’informatique embarquée du secteur de l’automobile, l’autre dans les communications et la cybersécurité, la dernière sur les tests techniques en milieu hospitalier. Également avec un laboratoire, l’IETR (Institut Electronique et des Techniques du numéRique) basé à Rennes et à Nantes.

Pousse-seringues, ECG

Le Groupe Hospitalier Bretagne Sud (GHBS) auquel appartient l’hôpital de Lorient a donc ouvert ses portes et celles de ses seize établissements entre Morbihan et Finistère. La participation à ce « consortium » ne lui a rien coûté. La région Bretagne a financé. Elle croise des filières, ici les télécoms et la santé, dans le but de développer l’économie régionale.

« Des solutions numériques existent déjà sur le marché, plus adaptées à l’industrie qu’à nos hôpitaux, souligne Pascal Herviou. L’idée était, ici, d’insister sur les contraintes liées aux infrastructures hospitalières spécifiques (blocs, bunkers, …), sur le RGPD et la cyber sécurité. »

Une fois le système au point pour les fauteuils et brancards les équipes du « consortium » considèrent qu’il sera aisé de l’étendre aux dispositifs médicaux moins banals comme les pousse-seringues ou les électrocardiographes.

Les piles, les balises

Leur recherche a commencé par le choix de la puce à poser. Elle devait résister aux chocs, aux lavages, trouver sa place dans des systèmes informatiques variés (certains établissements ont très peu de réseau, d’autres dispose d’un WIFI solide).

Le « tag » de géolocalisation fonctionne en Bluetooth Low-Energie. Il a certes besoin d’une pile mais dont la charge pourra tenir plusieurs années. Ce qui rassure les équipes de maintenance.

Pascal Herviou

Vite, la contrainte financière a pesé dans le travail du « consortium ». Le nouveau système ne sera acquis par les hôpitaux que sur la base des économies qu’il générera. « Nous faisons très attention aux coûts. Il nous faut estimer le ROI de la solution en nous basant sur les gains de temps soignant, estime Pascal Herviou. L’objectif est aussi une meilleure vision sur l’utilisation de notre matériel et de nos besoins globaux ce qui pourrait permettre une meilleure maitrise de notre plan d’équipement. »

En attendant l’un des aspects concrets de l’expérimentation de ce mois d’octobre est de mesurer le besoin de balises nécessaires pour repérer les matériels équipés de « tags » partout dans l’établissement. Il est nécessaire de mesurer les éventuelles interférences avec d’autres dispositifs ou en fonction des caractéristiques des locaux. Le test portera aussi sur la fiabilité des informations de localisation.

Aucune obligation d’achat

Fin octobre, chacun des participants au « consortium » livrera ses conclusions. La collaboration s’arrêtera là. Chaque partenaire disposera des données, l’objectif étant logiquement mettre au point un produit commercial. « Nous verrons ce qui sera proposé. Nous n’avons aucune obligation d’achat. Une chose est sûre, ce projet nous a permis de mieux cerner nos besoins et de renforcer notre cahier des charges dans le cadre d’un futur appel d’offres. Nous disposerons peut-être ainsi d’un système plus adapté à notre réalité. L’hétérogénéité de l’environnement hospitalier et des matériels utilisés n’étant pas toujours compatible avec des solutions clé en mains », estime Pascal Herviou.

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