Naissance de la Société Française de la Valeur en Santé

Convaincu que l’avenir de notre système de santé repose sur le principe de Value Based HealthCare appuyant la rémunération des soins sur leurs résultats réels, un collectif de professionnels vient de créer la Société Française de la Valeur en Santé. Leur challenge ? Passer d’une approche française confidentielle à une pratique partagée universelle.

© Epictura

Pour le docteur Virginie Luce-Garnier, cela ne fait aucun doute : « en éliminant les soins superflus et/ou redondants, voire délétères qui constituent 30 % des dépenses de santé selon l’OMS, le Value Based HealthCare (VBHC) n’est pas seulement un formidable levier de qualité mais aussi une solution – au moins partielle – au problème de financement de notre système de soins. »

Entourée d’un collectif pluriprofessionnel de l’hospitalisation publique (ESPIC compris), celle qui dirige le projet VBHC à la direction Qualité partenariat patient à l’AP-HP vient donc de créer la Société Française de la Valeur en Santé afin d’offrir à la précieuse démarche toute l’attention l’écho et l’avenir qu’elle mérite.

Une approche encore méconnue en France

Conceptualisée au début des années 2000 par Michaël Porter et Élisabeth Teisberg, la théorie économique conditionnant la rémunération d’un traitement aux mesures de résultat qu’en perçoivent les patients (PROMs) et les soignants (CROMs) n’est pas totalement nouvelle. Aux États-Unis et en Europe, celle-ci bénéficie même déjà d’une notoriété certaine et son pendant sur les achats – le value base procurement – se voit régulièrement l’objet de conférences européennes depuis 2019 (lire nos articles du 10 juillet 2020, du 14 janvier 2021, et du 29 mars 2022).

Virginie-Luce-Garnier © DR

« Mais en France, peu d’établissements l’appliquent et sur peu de pathologies », déplore Virginie Luce-Garnier qui le pointe : «  le rôle du système de soins est d’améliorer l’état de santé de la population mais comme cela va de soi pour les professionnels de santé et les patients, il ne vient à personne l’idée de le mesurer objectivement ! » L’objectif de l’association nouvellement créée est donc bien ici d’offrir un espace de partage d’expériences, de recherche, de documentation pour donner plus large écho au sujet.

Un thesaurus partagé pour mieux se comparer

Au-delà de cet aspect « ressources », l’ambition est également de formaliser une approche commune de la mesure du résultat à travers la définition et l’utilisation partagée d’indicateurs de résultat, « sorte de thesaurus partagé qui permettra la comparaison entre équipes, établissements et même pays », développe la présidente. Sans oublier la question des données et de leur propriété, également aux premiers ordres du jour.

En clair, « nous souhaitons promouvoir la poursuite d’une amélioration continue du service médical rendu et, in fine, d’un modèle plus performant de responsabilité populationnelle », conclut Virginie Luce-Garnier qui espère voir nombre d’établissements et professionnels (praticiens bien sûr, mais aussi cadres de santé, paramédicaux, directeurs d’hôpital, universitaires et industriels) rejoindre rapidement la dynamique.

Organisée à Paris, dans les locaux du GHU Neurosciences, une première journée de rencontre nationale est d’ailleurs d’ores et déjà fixée au 25 novembre prochain. Elle portera sur les différentes approches de la valeur en santé, les leviers à mettre en œuvre pour la promouvoir en France et sera l’occasion de prendre connaissance de retours d’expériences français et internationaux.

Pour en savoir plus : Virginie-Luce-Garnier : virginie.garnier2@aphp.fr

 

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