David Masson-Weyl : « le terme de fonction support est beau et fort »

Attiré par le service public, David Masson-Weyl a choisi l’hôpital en raison de son caractère plus opérationnel. Membre de la 60e promotion de l’EHESP (Germaine Poinso-Chapuis), il a décidé, pour son premier poste, de rejoindre, au début de l’année, la direction des ressources matérielles et du patrimoine du CHD Vendée. Et d’apporter ainsi sa pierre à l’édifice pour faciliter, au quotidien, le travail des soignants.

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Épris de Clio lors de ses premières années sur les bancs de la faculté, David Masson-Weyl aurait pu suivre les traces de Fernand Braudel ou de Marc Ferro. Ou devenir, comme Paul Morand avant lui, un disciple de Saint Gabriel, saint patron des diplomates. Une perspective de carrière qu’il a longtemps caressée, grâce à un cursus juridique, ponctué d’un master 2 relations internationales obtenu à Panthéon-Assas et de plusieurs séjours à l’étranger, notamment à l’université Waseda de Tokyo et à l’ambassade de France à Séoul.

Cependant la balance finit par pencher en faveur de l’hôpital, en raison de sa dimension plus opérationnelle combinée à l’exercice territorial, alors que les GHT montent en puissance. « J’ai toujours aspiré à faire carrière dans la fonction publique, mais avec une traduction sur le terrain, un périmètre sur lequel je pouvais avoir une influence », synthétise-t-il.

L’hôpital, lieu de confluence de parcours et de métiers

Un autre paramètre guide son choix. « L’hôpital est peut-être l’administration où vous travaillez avec le plus grand nombre de personnes différentes aux parcours extrêmement variés : une équipe de direction, passée ou non par Rennes, pléthore de médecins spécialistes, le personnel soignant et paramédical, le personnel technique à la place essentielle… Réflexion faite, c’est cette diversité de métiers et de parcours réunis en un seul endroit qui m’a fait choisir la santé plutôt que la territoriale ou la préfectorale. À l’hôpital, il est vraiment possible de progresser intellectuellement et de faire évoluer la structure en travaillant collectivement dans un même but. »

Après un autre master de politiques publiques à Sciences Po, direction donc Rennes et l’EHESP. Lors de ses stages, il est marqué par la dimension physique du travail, le tonus que nécessitent les métiers du soin et les fonctions logistiques. « Vous allez penser que c’est peut-être anecdotique, mais j’ai été frappé par ce rapport au corps au travail que je n’avais pas connu lors de mes précédentes expériences. »

Près de 180 agents à manager

Une mission effectuée sur les transports patients d’un hôpital dans le cadre de l’EHESP Conseil lui donne une idée des opportunités offertes par les fonctions supports. Pendant une semaine, son groupe enquête sur place, identifie les failles, puis livre ses recommandations afin d’améliorer l’organisation. « C’était particulièrement intéressant. Cet audit a été une vraie découverte de ce qu’il était possible de faire pour optimiser un marché public, son cahier des charges et ses clauses. Cela a pesé dans mon choix de poste ».

En janvier, il a en effet rejoint la direction des ressources matérielles et du patrimoine du CHD Vendée, afin d’épauler Tahar Benhassan qui lui a confié l’accueil et le standard, la logistique hôtelière, la restauration, les achats des trois sites de l’établissement (La Roche-sur-Yon, Montaigu et Luçon), ainsi que les transports version GHT. Autrement environ 180 agents à manager, avec l’aide de 5 responsables de service. Une belle équipe. « C’est pour cela que le poste est intéressant, avec des adjoints très autonomes connaissant parfaitement leur métier, mais qui ont aussi besoin de plus de liant. Je suis là pour décloisonner et que l’on puisse échanger sur les sujets sans travailler en silo. »

Mieux communiquer sur le travail mené

Il a bien l’intention de redonner ses lettres de noblesse à « l’armée des ombres » que la pandémie a mise, l’espace d’un instant, sur le devant de la scène. « Même s’il est parfois oublié dans les discours publics, le terme de fonction support est beau et fort car c’est grâce à ces métiers que l’hôpital tient.  Si l’on enlève la restauration, patients et personnels ne pourront plus se nourrir, si l’on retire la logistique qui réceptionne et livre les produits et le matériel, vous avez une partie important de l’activité qui tombe. La fonction achat est aussi essentielle car, pour obtenir ces équipements, il faut qu’ils soient achetés au meilleur prix. »

Or, reconnaît le jeune directeur, tout ceci est un « peu transparent pour beaucoup de services de soins. » David Masson-Weyl ambitionne de réaliser des revues de pôles, restitution des activités de soutien afin de concrétiser le travail inlassable des agents : « tant de tonnes de linge, tant de repas ont été livrés, tant de lignes de commandes ont été traitées… », illustre-t-il, « nous avons besoin de communiquer sur nos actions, on doit être plus proactifs car les soignants ne peuvent pas le deviner ».

Un outil de ticketing de suivi des commandes des services

Future plateforme logistique territoriale, extension de l’activité de la blanchisserie inter-hospitalière, nouvelle application informatique de suivi des livraisons : les dossiers ne manquent pas sur son bureau. Sans oublier un outil de ticketing pour mieux piloter les commandes transmises aujourd’hui par plusieurs canaux. « Nous sommes en train de réfléchir à un dispositif comprenant un formulaire en ligne à remplir, facilement accessible pour les services. Il permettra de connaître de manière exhaustive les demandes, de répartir la charge de travail entre les gestionnaires, et de suivre le processus de chaque commande », détaille-t-il.

« Ce n’est sans doute pas révolutionnaire, mais cela fait partie des petites choses qui améliorent au quotidien les conditions de travail », note David Masson-Weyl, féru de numérisation puisqu’il a rédigé son mémoire sur le « zéro papier » à l’aune du dossier patient informatisé et étudié les répercussions de la prescription médicale digitalisée en Angleterre. Philosophe, il en a tiré les leçons. « Lors d’une transformation numérique, il y a une partie logicielle et matérielle à prendre en compte. Mais ce qui a le plus d’impact sur la réussite ou l’échec de votre projet, c’est le mode d’organisation du travail et le facteur humain ».

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