Charlie Fessenmeyer ou l’amour du maillot

Recruté comme acheteur en 2008 par le CH public du Cotentin, Charlie Fessenmeyer a fait toute sa carrière au sein de son établissement où il a progressivement gravi les échelons. Après avoir été nommé à la tête d’une grande partie des activités logistiques l’été dernier, il vient d’être promu responsable des achats au début de l’année.

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La fidélité est sans aucun doute l’une des valeurs de Charlie Fessenmeyer. Supporter inconditionnel de l’Olympique de Marseille depuis que son père lui a transmis le virus, il reste attaché, depuis 2008, au Centre hospitalier public du Cotentin (CHPC) et incarne l’un des piliers de ses fonctions supports. Après un DUT de techniques commerciales et une licence en management, il répond à une offre d’emploi de l’établissement sis à Cherbourg, ville chère au cœur de Michel Legrand. Un poste d’acheteur et de gestionnaire budgétaire. « Cela m’a plu car j’aime bien aussi l’aspect comptabilité ».

Les paradoxes du Code

Même s’il avait survolé la question pendant quelques heures durant sa formation initiale, sa rencontre avec la réglementation reste ancrée dans sa mémoire. Car, en guise de cadeau de bienvenue, Jean-Claude Le Guen (le précédent responsable des achats parti récemment à la retraite, NDLR) lui met dans les mains un Code des marchés dès son arrivée… « Ce texte a ses avantages. Il rassure parce que l’on se rend compte que les acheteurs publics ne peuvent pas faire n’importe quoi », admet-il bien volontiers.

Cependant, à l’image de son équipe fétiche, l’acheteur va droit au but, en évoquant aussi sa principale contrainte et son paradoxe. « Pour nos plus gros achats, nous avons des procédures qui ne permettent pas de négocier, alors que c’est le contraire pour les achats plus simples. C’est toujours surprenant de ne pas pouvoir négocier avec les fournisseurs pour les sujets qui vont impacter le plus notre budget », regrette celui qui avoue avoir de l’appétence pour l’échange et la transaction. « C’est le côté sympa du métier d’essayer d’obtenir la meilleure offre possible, pour nous et pour les fournisseurs. »

Attiré par les questions de management

Dans le Cotentin, épaulé par son mentor, il apprend à gérer les consultations de bout en bout, de la définition du besoin à l’analyse des offres, en passant par le sourcing et la rédaction des cahiers des charges. « Jean-Claude Le Guen m’a très bien formé », résume-t-il. La preuve, c’est lui qui a été choisi pour prendre sa succession en 2023. Depuis l’été précédent, le CHPC lui avait déjà confié la supervision des transports sanitaires, de l’équipe de l’accueil et du standard, des magasins et des logisticiens de plateau, des missions coursiers sans oublier le nettoyage des locaux non soignants. Au total près de 80 agents à coordonner avec l’aide de trois cadres de proximité.

Cela tombe bien, le sujet du management l’attire. Trouver des solutions, réfléchir à la réorganisation des services le passionne. « J’y travaille depuis juillet dernier. Le but est de parvenir à un système qui convienne à tous, aussi bien en termes de charge de travail que d’horaires, en favorisant aussi la polyvalence. »

Un métier où l’on ne s’ennuie jamais

Charlie Fessenmeyer a beau afficher quinze ans d’expérience à son palmarès, il reste toujours épris du métier. « On ne s’ennuie jamais. Pas un jour se ressemble. Un jour, on achète des petits pois, le lendemain on commande des ambulances, le surlendemain un scanner. » Sur son bureau, plusieurs dossiers trônent en bonne place, en sus du PAAT ou du suivi du programme d’investissement. Notamment les transports sanitaires, marché complexe s’il en est, avec une concurrence réduite puisque les prestataires se sont regroupés au sein d’un GIE.

« Nous discutons beaucoup avec les ambulanciers pour trouver des arrangements gagnant/gagnant. » Et le nouveau responsable des achats de lister les mesures prises ou envisagées pour fluidifier l’activité : guichets prioritaires aux admissions, application interfacée avec les fournisseurs pour les commandes, désignation d’un référent au GIE pour ne plus avoir à joindre une vingtaine d’entreprises en cas de souci, travail sur le lissage des sorties à partir des données statistiques, « parce que, comme dans beaucoup d’hôpitaux, les patients sortent à 11 h ou à 14 h ».

Trouver des solutions pour Egalim et la question des déchets

L’atteinte des objectifs Egalim est évidemment un « classico ». Le CHPC peut se targuer d’un 30 % s’agissant des produits de qualité. Pour le bio, c’est une autre paire de manches. « Nous essayons de travailler avec des maraîchers normands, mais à notre connaissance aucun d’entre eux n’arrive à subvenir à nos besoins tous les jours de l’année. Alors nous cherchons des solutions. On a par exemple mis du pain bio le week-end. »

Autre sujet d’envergure : les déchets. « Nous avons listé tous les déchets imaginables pour définir les filières. On a trop tendance à payer pour leur traitement alors qu’on pourrait en valoriser un maximum. » Le CHPC va par exemple étendre un système, déjà en place pour les selfs, de transformation des restes de repas en compost par une entreprise locale. On l’aura compris, Charlie Fessenmeyer, qui rêve un jour d’assister à un match au bouillonnant Vélodrome, n’a aucune envie de jouer la montre.

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