Verre médicamenteux : recyclage envers et contre tout en Nouvelle-Aquitaine

L’antienne ne date pas d’hier : comment valoriser le verre médicamenteux ? Depuis des années en effet, toutes les ambitions en la matière se fissurent une à une sur les réserves des industriels, peu enclins à risquer le coût d’une telle filière. Mais en Région Nouvelle Aquitaine, Suez ne baisse pas les bras et teste une nouvelle fois ce recyclage délicat.

© Suez

Recyclable à l’infini, le verre semble à première vue l’emballage idéal, la rime parfaite à l’économie circulaire. Pourtant, plus de quinze ans après le Grenelle de l’Environnement, le verre médicamenteux résiste encore et toujours à la création d’une filière dédiée, au grand dam des hôpitaux qui en paient lourdement le traitement, que ce soit au titre des déchets assimilables aux ordures ménagères (DAOM) ou, plus onéreux encore, des déchets d’activités de soins à risques infectieux (Lire notre article du 30 juillet 2021)

« Volumes insuffisants, mais surtout résidus médicamenteux interdisant la fusion avec le verre ménager et tri complexe entre verres sodocalciques (à base de silice, de calcium et de sodium) ou borosilicatés (silice et bore) impossibles à mélanger… Les freins ne manquent pas, mais on ne saurait se contenter de ce constat », pose Philippe Bru. Avec l’appui de l’ADI régionale, le directeur des développements stratégiques de Suez pour la Nouvelle Aquitaine et l’Occitanie inaugure donc une nouvelle approche sur la région de son ressort.

5 établissements pilotes

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Depuis juin dernier, cinq établissements néo aquitains – CH et cliniques – se sont ainsi engagés à trier leur verre sodocalcique, soit tous les flaconnages (sirops, produits injectables…) aux moyens de bacs de pré-collecte fournis et collectés par le groupe industriel.

Ces derniers sont ensuite massifiés et transportés jusqu’à un centre de valorisation partenaire où sont exécutées les dernières opérations de tri (écartement des plastiques, bouchons et sertissages), avant le lavage, le calibrage et enfin le concassage du verre, propre à produire la qualité de calcin exigée par les verriers.

Un pré-tri sous haute surveillance

« Si le centre de traitement a bien accepté de réorganiser le travail de ses équipes pour créer cette nouvelle filière, la pleine réussite du process repose à 90 % sur le pré-tri des services de santé dont la moindre approximation condamne l’intégrité entière du lot », explique Philippe Bru. Pour éviter les erreurs et garantir ainsi l’engagement financier du centre de valorisation, toutes les précautions ont donc été prises : « pas de collecte aux urgences, ni même dans les étages où du verre borosilicaté pourrait être utilisé (verreries de laboratoire notamment) », rapporte-t-il.

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L’ensemble des verres collectés sont par ailleurs tracés afin de repérer les éventuels aléas susceptibles de gripper la mécanique et pouvoir réajuster les process en conséquence. Enfin, et pour plus de garantie encore, « deux issues de valorisation seront possibles en fonction de la qualité finale du calcin, l’une dans le domaine de l’emballage, et l’autre dans celui du BTP et de la voirie », précise le représentant de Suez.

Une économie de 30 %

Prévu jusqu’en mai, l’essai devrait porter sur un volume global de 20 tonnes, soit 5 % des projections réalisées à l’échelle aquitaine en cas de pérennisation. « Mais en cas de résultats concluants, la dynamique pourrait aussi être élargie à l’échelle occitane, dès lors que les coûts induits par le transport n’annihilent pas les économies réalisées sur la facture du traitement, aujourd’hui estimée d’au moins 30 % inférieure aux tarifs actuels pratiqués dans le cadre des OM ou DASRI », explique Philippe Bru.

Une diminution des dépenses non négligeable pour les établissements, à laquelle s’ajoute une réduction de l’empreinte environnementale tout aussi profitable puisqu’une tonne de verre recyclée représente près de 600 kg de CO2 économisés, une pollution de l’air minorée de 20 % et une pollution de l’eau de 50 % ! De quoi briser les plus solides résistances.


1 réaction
  1. Lafolie dit :

    Bonjour, en tant que laboratoire pharmaceutique, je serais intéressée d’avoir les contacts chez Suez en charge de cette phase test en région Occitanie.
    Merci par avance
    Bien cordialement
    Marie Lafolie

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