Textile : une solution de recyclage pour les blanchisseries

Installée près de Laval, Renaissance Textile est la première usine en France à refabriquer de la fibre à partir des textiles usagés qui finissent d’ordinaire en déchets à la sortie des blanchisseries. Après une phase de lancement, ses prix, en 2024, dépendront, du nombre de contrats de prestation de recyclage signés notamment avec celles-ci, d’ici la fin de l’année.

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« Prestation recyclage prise en charge par Renaissance Textile jusqu’à la fin de l’année 2023 ! » C’est le message du moment lancé par l’usine de Changé, dans la banlieue de Laval, en Mayenne, aux grands utilisateurs de vêtements professionnels, en particulier les blanchisseries hospitalières. Elle est la première du genre en France. À retraiter du déchet du textile. À en refaire du fil revendu ensuite aux tisseurs.

Vêtements blanc ou écru d’abord

L’idée est née il y a dix ans dans la tête de trois tisseurs, trois grands noms français du tissu pour vêtements professionnels : TDV industries à Laval en Mayenne, Mulliez-Flory à Longeron, près de Cholet dans le Maine-et-Loire et Les tissages de Charlieu, dans la Loire.

Ensemble, ils ont investi 10 millions d’euros. L’usine ne compte, pour le moment qu’une ligne de production qui a démarré en septembre. Ce seront 25 millions d’euros quand il y en aura trois, en 2027. Renaissance textile ne retraite pour le moment que du tissu blanc ou écru.

La deuxième ligne sera consacrée aux tissus de couleurs, la troisième pour les vêtements techniques, les réfléchissants, les isolants, etc. « Nous sommes orientés vêtements, même si nous acceptons les tissus plats, tout ce qui, en général, vient de l’hôtellerie. Notre objectif, c’est le recyclage, ce que nous appelons le textile circulaire », indique Laetitia Pouteau, directrice commerciale.

Boutons, étiquettes retirés mécaniquement

L’entreprise vise 1000 tonnes de textile traité cette année, avec une grosse demi-douzaine de salariés. Dans trois ans, ce devrait être 4500 tonnes, la centaine de travailleurs prévue œuvrant en 3×8,  voire en 5×8 en décalage sur les week-ends. Objectif sortir environ 3000 tonnes de fil recyclé.

Les installations industrielles de Renaissance Textile affichent un niveau de recyclage jamais atteint de plus de 80 % de la matière qui lui est fournie essentiellement parce que ses machines parviennent à retirer mécaniquement les « points durs » d’un vêtement (boutons, fermetures-éclair, étiquettes, boutonnières, surpiqûres). Jusqu’ici, cela ne pouvait se faire qu’à la main. Ainsi un blue-jean, ne pouvait être recyclé qu’à moitié, en enlevant le short et en ne gardant que les jambes. Il l’est quasi entièrement.

Favoriser l’économie circulaire

Deuxième performance, la longueur de la fibre obtenue à la sortie du process industriel est de bonne qualité. Elle est de 20 à 22 mm en moyenne contre 28 mm pour de la fibre naturelle vierge de coton. Tout cela se place, en outre, dans la perspective d’une réindustrialisation, du rapatriement de la production de tissu en France. Ce qui a valu à l’entreprise plusieurs visites de ministres depuis le mois de septembre.

Laetitia Pouteau

« Nous avons une charte du recyclage à suivre, précise Laetitia Pouteau. Pour être vertueux, le recyclage suppose la mise en place, chez nos fournisseurs de matière, de filières de tri par types d’articles. C’est une contrainte qui pèse sur nos clients. Cela suppose aussi un minimum d’espaces de stockage en attendant la collecte. C’est pourquoi l’enjeu est de mutualiser et massifier tous ensemble. Souvent les GHT, GIP, GCS en ont plus que les blanchisseries elles-mêmes. Cette collecte, nous ne l’assurons pas. Si le client a besoin, nous pouvons l’accompagner et la faisons faire et nous facturons nos clients ».

« Nous sommes une entreprise à mission engagée dans l’ESS, détaille Laetitia Pouteau. Nous avons une mission environnementale et sociale. Pour produire 400 kg de coton, il faut 6000 litres d’eau. Le textile est la 4ème industrie à l’impact le plus fort sur l’environnement et le changement climatique. Nous proposons de bâtir ensemble un modèle de recyclage durable et rentable. Cela est d’autant plus possible que la demande pour du textile recyclé est grandissante. »

Prix de la tonne fixé fin 2023

L’enjeu principal, pour la jeune entreprise, réside dans son approvisionnement. Elle fait le tour des blanchisseries industrielles du secteur de la santé. En leur proposant le recyclage de leurs vêtements usagés, plutôt que leur incinération, l’enfouissement ou l’export. Une solution répondant aux futures obligations combinées des lois AGEC, Résilience et Climat à partir de 2025 sur le traitement des déchets. Et la réglementation européenne à partir de 2027.

Pour susciter leur intérêt et « pousser les acteurs de la filière à s’engager avec nous », la société propose ce recyclage gratuitement cette année. « Le temps d’arrêter notre modèle économique, c’est-à-dire d’évaluer ce que sera notre prix de la tonne traitée en 2024. Ce sera dans le dernier trimestre. Nous avons besoin d’une engagement des acteurs de la filière, mutualisé et massifié », explique Laetitia Pouteau. La proposition de Renaissance Textile séduit plutôt car les gens cherchent des solutions de recyclage dans le secteur public comme dans le secteur privé.

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