La Ressourcerie de la clinique Saint-Augustin : un dispositif anti-gaspillage

La clinique Saint-Augustin (Groupe ELSAN) située à Bordeaux propose, depuis l’été dernier, une Ressourcerie accessible à ses professionnels de santé et patients. Le concept : donner une seconde vie à des dispositifs médicaux « déstérilisés » pour éviter le gaspillage.

© clinique Saint-Augustin

Située dans le hall d’accueil secondaire de la clinique, où circulent environ 2000 patients par jour, la Ressourcerie prend la forme d’une grande armoire. A l’intérieur, des dispositifs médicaux stériles déconditionnés donc non utilisables au bloc, des badigeons, des champs opératoires, des essuie-mains, des blouses, des bas de pantalons, des classeurs ou encore des bacs de stockage.

« L’objectif du dispositif est double, explique Caroline Foucher, directrice adjointe de la clinique. Nous cherchons à diminuer notre volume de déchets et à éviter le gaspillage en encourageant le réemploi pour donner une seconde vie à ces dispositifs non utilisables. » Bien entendu, leur seconde utilisation n’a aucune vocation à être d’ordre médical, c’est d’ailleurs mentionné à la Ressourcerie, en libre accès. Les objets disposés dans l’armoire sont principalement destinés à la réalisation de travaux de bricolage, à du jardinage ou d’autres passe-temps.

Fédérer les équipes autour d’un projet commun

« Il ne s’agit pas non plus d’un lieu de dépôt d’apports individuels ou de denrées alimentaires », souligne-t-elle, précisant que des agents des services hospitaliers veillent au bon déroulement du projet. Des ordinateurs, qui ne peuvent plus être utilisés pour des questions de sécurité des données, sont quant à eux donnés exclusivement aux salariés après avoir été totalement réinitialisés.

Le dispositif de la Ressourcerie est porté par le Comité Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), mis en place en octobre 2021 au sein de la clinique. « Avec ce projet, nous souhaitons fédérer nos équipes, composées de paramédicaux salariés et de médecins libéraux, autour d’un projet commun », fait savoir Caroline Foucher. L’objectif est aussi de répondre à un besoin exprimé par les professionnels de santé, qui ont pointé du doigt la dissonance entre leur métier de soignant, leur rôle sociétal, et leur engagement individuel lié à l’environnement.

Continuer à limiter le gaspillage

« Ils nous ont fait savoir qu’ils regrettaient l’écart entre ce que proposait la clinique pour réduire son impact environnemental et leur engagement à titre personnel, ne serait-ce qu’avec le tri », ajoute-t-elle. Le Comité RSE s’est rapidement saisi du problème en décidant d’agir sur le gaspillage d’abord au sein des blocs opératoires, les plus gros producteurs de déchets de l’établissement. Cette démarche a également été menée dans un but éducatif et de sensibilisation des équipes.

Caroline Foucher

« Pendant longtemps, les dispositifs médicaux utilisés ou non pendant les opérations étaient placés dans les boites de déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI) en raison des recommandations, ce qui impliquait, pour leur traitement, une incinération lourde de conséquences pour l’environnement, rappelle Caroline Foucher. La réglementation a ensuite évolué, et désormais, la majorité des déchets du bloc opératoire sont recyclés. » Pour autant le gaspillage reste très présent. L’enjeu est alors de trouver le juste équilibre entre la prise en compte du risque infectieux, la sécurité des patients et des soignants, et la mise en place d’une démarche durable afin de réduire l’impact environnemental en travaillant sur le tri des déchets.

Un audit pour changer les habitudes

Pour ancrer la démarche au sein de la structure, le Comité RSE a commencé par mener un audit d’une semaine, en mars 2023, au sein des blocs opératoires. « Chaque intervention chirurgicale implique une préparation, explique Caroline Foucher. Les équipes identifient, préparent et ouvrent de nombreux kits de dispositifs médicaux qui vont soit être utilisés puis jetés, soit non utilisés car ouverts par anticipation, de fait également jetés, car déconditionnés. » Et de poursuivre : « Notre action a donc débuté en cherchant à faire prendre conscience aux équipes de leur fonctionnement et du gaspillage. » Elles ont dû, pendant une semaine, mettre de côté – et non plus de jeter -, tous les dispositifs non utilisés au cours des interventions.

« Nous avons ensuite organisé un affichage afin de montrer les pertes, dans l’objectif de faire évoluer leurs pratiques voire de les harmoniser », indique-t-elle. C’est à la suite de cet audit que la Ressourcerie a été ouverte, un dispositif simple à mettre en place. Un affichage a ensuite été effectué pour informer les professionnels de santé et les patients de son existence. Prochainement, l’information sera diffusée sur le canal de communication interne de la clinique. Cependant, si la Ressourcerie est un moyen de limiter les pertes, pour autant, elle ne permet pas de l’éviter.

« A terme, dans le cadre de notre projet d’établissement 2024/2026, notre volonté est de réduire la production de nos déchets en utilisant des tenues tissées et non plus jetables, en arrêtant l’achat des bouteilles d’eau en plastique, de certains gaz halogénés et en réduisant le gaspillage des médicaments », fait savoir Caroline Foucher. Et de conclure : « De telles mesures impliquent un engagement fort de la direction, car ce type de dispositif requiert des moyens financiers, matériels et humains. »

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