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Eau : des économies qui coulent de source

Limiter le gaspillage et réduire la facture. Dans le domaine de l’eau, des gains rapides peuvent être obtenus sans de grosses dépenses, simplement en régulant le débit. Comme le montre l’exemple de l’EHPAD Albert Trotté dans la Sarthe, avec un temps de retour sur investissement de 8 mois.

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Économiser l’eau, c’est comme le loto, ça peut être facile et ça peut rapporter gros. Conseiller en maîtrise de l’énergie (CME) de la MAPES (Mission d’appui à la performance des établissements sanitaires et services médico-sociaux) des Pays de la Loire, Laurent Faverais intervient au profit de toutes les structures de soins, dans le cadre du dispositif Eté (efficacité transition énergétique, lire notre article du 23 septembre 2022).

Pratiquement 194 litres par jour et par lit

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En 2023, il est sollicité par la direction commune de deux EHPAD. Alors que le nombre de lits est identique, l’un des deux établissements, l’EHPAD Albert Trotté de Thorigny-sur-Dué (Sarthe) règle une facture d’eau bien plus importante. L’analyse des consommations met en exergue une consommation de 193,9 litres par jour et par lit. Dans la région, la moyenne des EHPAD s’établit à 144.

Le CME se rend alors sur place. Et commence par mesurer simplement le débit à différents points de puisage, avec un échantillon de trois lavabos et deux douches. Il constate des débits anormaux. 12 litres par minute pour les éviers, alors que le débit préconisé est de 5 litres. Et 17 litres par minute pour les douches, à comparer avec un standard de 7 pour les équipements neufs. « Sur les lave-mains, concrètement quand on ouvrait le robinet, ça éclaboussait », a témoigné Laurent Faverais lors d’un webinaire organisé le 27 juin par la Fédération hospitalière de France.

Débit anormalement élevé par rapport aux normes

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Sur ses conseils, l’EHPAD confie le soin à un prestataire spécialisé de réaliser un audit un peu plus fouillé afin de confirmer le constat et de repérer d’éventuelles fuites sur le réseau. L’enquête est réalisée en septembre 2023. Si aucune fuite n’est signalée, le débit trop élevé est confirmé. Pour 87 lavabos et 58 douches. L’entreprise calcule alors les économies possibles, en écartant le volume d’eau incompressible (préparation des repas, linge…).

Elle prend en compte une consommation de 3420 m3 sur un total de 4573. Et envisage une réduction d’un tiers de la consommation d’eau, soit 1136 m3. Un objectif pratiquement garanti par la pose d’équipements hydro-économes. Des aérateurs autorégulés à 5 l/mn pour les lavabos. Et des réducteurs de débits autorégulés à 7 l/mn pour les douches.

Parvenir à changer les habitudes

Les systèmes sont installés en mars dernier. Une modification « imperceptible » côté lavabos, a commenté Laurent Faverais. Pour les douches, c’est une autre histoire. Le changement a déclenché de vives discussions, a-t-il admis. « Il s’agit pourtant de la norme pour une installation neuve. C’est donc une histoire d’habitudes. L’humain est toujours clef  ».  Après concertation avec les équipes soignantes, l’EHPAD a finalement choisi d’installer des régulateurs à 8 l/mn.

En un an, l’établissement va économiser 1081 m3 d’eau (au lieu des 1136 prévus à l’origine, en raison de la modification pour les douches). Soit un tiers de l’eau sanitaire. Et un quart de l’eau froide. Une action qui se répercutera par une économie de 4300 euros TTC. La baisse du débit va provoquer aussi une réduction de la consommation d’eau chaude. Et donc une baisse des besoins de chauffage de cette eau. Elle a été estimée à 12 000 kWh, soit environ 1,5 % de la facture énergétique totale. Autrement dit 1000 euros à ajouter dans la colonne des économies.

Le tout pour un prix raisonnable. La facture de l’audit se monte à 780 euros TTC. Soit 17 centimes par mètre carré, a relativisé Laurent Faverais. Plus 1500 euros pour les équipements. Et 1100 euros pour leur pose. Au final, une dépense de 3380 euros. Temps de retour sur investissement : 8 mois, a conclu le conseiller en maîtrise de l’énergie.

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