2,58 kilos de déchets en moyenne par séance et par patient. Avec une forte proportion de DASRI. C’est le résultat de l’audit des pratiques réalisé par le CH de Vichy en 2021 pour ses dialyses. Grâce à ces pesées, effectuées deux jours d’affilée, l’établissement s’aperçoit aussi que le poids des déchets varie à la fois en fonction de la technologie usitée et de l’abord sanguin (fistule/cathéter), de 2,16 kg à 3,18 kg.
Bien décidé à agir, l’hôpital bourbonnais s’inspire du guide des bonnes pratiques de la dialyse verte, publié par le Société francophone de néphrologie dialyse et transplantation (lire notre article du 29 mars 2023). Et il entame des actions afin de réduire et de valoriser les déchets.
Les kits au régime
A partir de janvier 2023, une nouvelle façon de trier, dans le strict cadre de la réglementation, se déploie. Les DASRI sont réduits au minimum. Les fameux sacs jaunes ne renferment plus que les déchets piquants et tranchants : aiguilles, cathéter, bistouris… « On a introduit un nouveau sac, le sac vert, qui permet de récupérer le papier », a ajouté le Dr Didier Aguilera, lors du dernier webinaire de la transition écologique – 17e du nom – organisé par la FHF sur la « dialyse verte » le 29 février.
Les pratiques sont uniformisées. Et tous les produits/équipements utilisés sont catalogués. Chaque élément est pesé. Est aussi noté ce qu’il devient après usage et qu’il serait souhaitable qu’il devienne demain. Un travail essentiel. « Si on change un élément du catalogue, on sait exactement quel va être le gain, notamment le volume de déchets », a expliqué le Dr Didier Aguilera.
Les kits utilisés sont épluchés : leurs éléments sont-ils vraiment utiles ? L’un des sets employés (emballage, champ enveloppant en ouate, compresse, bandelette adhésive, gants…) passe ainsi de 148 à 73 grammes. Un gain de 75 kg pour 1000 séances, a chiffré le néphrologue.
Les résultats sont là
En février 2024, l’hôpital refait un audit. Afin d’estimer l’impact de cette nouvelle philosophie et des kits modifiés sur deux technologies. Pour la première, les déchets sont descendus de 2,38 à 2,08 kg. Et le taux de DASRI de 62 % à 1,3 %.
S’agissant de la seconde, le résultat est encore plus marqué. Alors qu’elle affichait 2,96 kg trois ans plus tôt, la balance des déchets indique 2,27 kilos. La proportion de DASRI a également dégringolé de 64 % à 1,05 %. Soit une économie de 400 kg de déchets pour 1000 séances, a indiqué le Dr Aguilera.
Le néphrologue a insisté sur la nécessaire sensibilisation de tous les acteurs de la dialyse, des patients aux soignants. Et sur une communication essentielle pour maintenir la motivation des équipes. « Ceux qui trient veulent savoir ce que deviennent les déchets ». Les prestataires des différentes filières doivent être sollicités pour fournir des données sur la revalorisation et montrer que les efforts ne sont pas vains.
Collaborer avec la pharmacie pour les achats
« La démarche doit être globale », a déclaré le néphrologue. Dans cette logique, il a aussi souligné l’importance de la collaboration à mener avec la pharmacie au sujet des achats. Ainsi, l’acquisition d’une nouvelle machine interroge. Un modèle comprend plus de plastique à usage unique, mais produit au final moins de déchets. Un autre, a pour lui un set de plastiques moins important, mais une production plus importante de déchets. Comment choisir ?
En attendant, le CH de Vichy ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. Un travail sur les kits cathéter est programmé. Une réflexion est sur les rails pour repasser à l’usage multiple et, par exemple, supprimer les calots en papier.
