Ashikaga, modèle japonais de l’hôpital durable

Opérationnel depuis 2011, l’hôpital de la Croix-Rouge d’Ashikaga, imaginé pour réduire au maximum sa consommation en ressources et en énergie, est le premier hôpital vert et durable du Japon. L’approche agile retenue (conception des chambres, circuits indépendants, transformation de zones…) a été payante pendant l’épidémie Covid.

« Avec le nouvel hôpital de la Croix-Rouge d’Ashikaga, je voulais construire un hôpital de nouvelle génération qui répondrait aux besoins de demain. C’est pourquoi il y a 16 ans, j’ai proposé que notre hôpital soit éco-conscient. Je voulais créer un hôpital qui intégrerait organiquement toutes les fonctionnalités pour relever les défis du futur », résume le Dr. Satoru Komatsumoto, son directeur honoraire, qui s’est fortement investi dans la conception du nouveau bâtiment inauguré en 2011.

Préserver les ressources

Le bâtiment a été conçu pour limiter sa consommation d’énergie en tirant partie de son environnement naturel. Des panneaux solaires installés sur les toits de l’hôpital permettent de produire de l’énergie, tout comme les quatre éoliennes qui sont situées à la frontière du parc, en face de l’entrée de l’hôpital.

L’innovation la plus importante est le système de pompe à chaleur qui utilise la nappe phréatique sous les bâtiments hospitaliers. En effet, la température de l’eau souterraine est de 19°C tout au long de l’année. Le système extrait de l’énergie des différences de température avec l’air extérieur et la convertit en systèmes de carburant, d’alimentation en eau chaude et de chauffage.

La salle de contrôle

L’eau est stockée dans un réservoir de 2000 m. Le résultat du système de pompe à chaleur est une réduction annuelle de la consommation de l’hôpital de 4 300 tonnes de CO², soit une quantité d’énergie et d’unités mégajoules réduite d’environ 50 à 55 %. Un centre de surveillance permet à l’hôpital de contrôler la consommation d’énergie. Dans cette salle, le personnel technique peut vérifier quelles lumières sont utilisées et calculer la quantité d’énergie utilisée par chaque secteur ou la production de CO².

Résister aux catastrophes naturelles

Autre caractéristique, Ashikaga est capable de résister aux tremblements de terre ou aux évènements météorologiques extrêmes qui peuvent être amenés à se multiplier du fait des dérèglements du climat. L’hôpital bénéficie d’un système intégré d’isolation sismique. Et ses bâtiments reposent sur 157 ressorts pour éviter les chocs. Les câblages d’alimentation électrique et la plomberie sont fixés à ce système mobile, pour éviter des ruptures.

« En 2011, quand un grand tremblement de terre a frappé le Japon, le personnel qui travaillait dans le nouveau bâtiment pour préparer le déménagement de l’hôpital n’a ressenti aucune secousse. Ce n’est qu’en regardant par la fenêtre qu’ils ont vu la terre trembler », illustre le docteur Satoru Komatsumoto.

En cas de besoin, le générateur de secours peut produire 2800 kilowatts pendant 5 jours, soit la même puissance que requiert l’hôpital pour son fonctionnement normal. Si l’infrastructure autour de l’hôpital est perturbée, l’approvisionnement en eau de l’hôpital via la nappe phréatique peut être autosuffisant sans approvisionnement externe. Un système de filtrage est prévu pour rendre l’eau potable.

Le risque pandémique

L’approche « agile » de l’hôpital de la Croix Rouge a été payant lors de la pandémie. Alors que la plupart des hôpitaux japonais disposent de chambres à 4 lits (les chambres simples ne représentent que 30 % du total)., Ashikaga a opté uniquement pour des chambres particulières. Une tactique judicieuse pour limiter les infections nosocomiales et maintenir l’activité dans de bonnes conditions dans les 555 lits de l’établissement. De plus, chaque unité dispose de deux chambres équipées d’un système de dépressurisation, où certains des patients atteints de COVID-19 dans un état critique ont été traités.

La direction de l’hôpital et le cabinet d’architectes avaient réfléchi au risque pandémique bien avant 2020. « En premier lieu, nous avons mis en place une entrée spécifique qui est reliée à une voie publique et séparée de l’entrée de l’hôpital, permettant de créer une zone indépendante pour le triage. Une des entrées de l’hôpital a un préau sous lequel des consultations en première intention peuvent être installées », détaille Takeshi Kondo du cabinet Nikken Sekkei.

« De même, la salle de conférence, qui est prévue pour pouvoir se transformer en espace de soins dans les situations urgentes (des brancards sont rangés sous l’estrade et les fluides médicaux sont accessibles derrière des panneaux mobiles dans les murs), a été utilisée comme zone d’isolement », poursuit-il, « le flux des patients au sein de l’hôpital est conçu à sens unique, ce qui s’est révélé très adapté pour faire face à la COVID-19. Les patients suspectés d’être infectés ont pu être immédiatement transportés vers une zone de traitement par un circuit indépendant. La sécurisation du site est réalisée par un accès par badges, y compris pour les patients. »

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