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Cuisines centrales : conditionner sans condition

Du plastique à l’inox, l’évolution n’est pas si facile. Et si donc, pour aller d’une restauration conventionnelle à une restauration responsable, le plus court chemin était finalement la ligne…flexible ?

@ CH Le Mans

Pouvoir, d’un coup de baguette magique – ou de loi ! – passer du polypropylène (PP) à l’inox… Depuis février dernier, les cuisines du CH du Mans (2500 repas patients /jour environ) sont capables d’accomplir ce prodige grâce à leur nouvelle ligne de conditionnement.

Une transition complexe

« Egalim oblige, les barquettes plastiques devront en effet disparaitre à compter de 2025, au moins pour les plats chauds dans les services de pédiatrie, sans oublier les mesures AGEC interdisant les plastiques à usage unique », rappelle Carine Cosnefroy, acheteuse notamment pour l’équipement général à la direction achats et logistique de l’établissement.

Mais comme l’indique le proverbe, il y a loin du contenant aux lèvres et, face aux difficultés matérielles (lavage, stockage), humaines (manutention) ou financières (investissements nécessaires), la transition peine bien souvent, en réalité, à s’effectuer en un tournemain. Et c’est justement le cas du CH sarthois, lequel n’a donc pas hésité à doter sa ligne de production de cette botte un tantinet secrète.

Sur contenants plastique ET inox

@ CH Le Mans

« Ces machines innovantes bénéficient en effet d’un système mécanique breveté qui leur permet d’opérer au choix sur des barquettes plastiques à usage unique ou sur des contenants réutilisables en inox, puis d’en garantir l’étanchéité, soit par un operculage par thermoscellage  – procédé dont l’application sur inox a nécessité près de trois années de travail – soit par un couverclage inviolable avec ou sans vide partiel », résume Sébastien Merland, directeur commercial chez le constructeur Mecapack.

Carine Cosnefroy abonde : « De fait, bien que légèrement plus coûteux que la concurrence [de 150 à 200 000 euros TTC selon configuration], ce nouvel équipement, acheté pour remplacer notre ancienne thermofilmeuse à plastique devenue irréparable, constitue un véritable investissement puisqu’il restera opérationnel une fois notre transition accomplie. »  Et d’espérer même qu’alors, le processus pourra aussi s’adapter aux assiettes et ramequins de porcelaine vers lesquels l’établissement de santé souhaite s’orienter.

Multi-contenants, multi-process, multi-formats

Car la nouvelle thermoscelleuse automatique n’est pas seulement capable de conditionner différents types de contenants (à ce jour plastique, carton, inox) selon deux procédés de fermeture. Elle peut aussi le faire dans différentes dimensions (de 32,5 à 42 cm de long sur 20 à 32,5 cm de large), avec le passage d’un contenant et/ou d’un process à l’autre en 2 minutes chrono via un carrousel (stockeur d’outillages rotatif).

Pour la ville de Laval qui sert 4500 repas par jour, 5 jours sur 7, ici en parts collectives à des écoliers, là en portage individuel à des personnes âgées, « c’est donc un atout de taille pour ajuster automatiquement la ligne de production au type de convives en passant par exemple d’un contenant rectangle à 6 portions à une barquette carrée individuelle », confie Chaïma Naciri, chargée de mission transition écologique au service restauration collective de la ville de Laval.

© Ville Laval

En vue d’opérer sa transition vers l’inox, progressivement échelonnée jusqu’en 2030, la commune s’est donc également équipée de deux de ces automates baptisés 02 2500 Flex de chez Mecapack, l’un pour la ligne de préparations chaudes, l’autre pour les entrées et desserts. Budget de l’opération ? «  215 500 euros TTC chacun, au regard du choix de configuration optimal que nous avons fait… », précise l’agente territoriale. Le prix d’un couteau suisse de luxe, multi-contenants, multi-formats et multi-processus dont la durée de vie est estimée à 20 ans par le constructeur.

Les dessous de la scelleuse

Respectueuse des nouveaux impératifs environnementaux dans sa capacité à travailler des matériaux différents, O2 2500 Flex se veut aussi respectueuse de ces mêmes contraintes dans son mode fonctionnement : « une consommation électrique de 6 à 25 KW, là encore selon la configuration choisie et optimisée par des motorisations et résistances de dernière génération, ainsi qu’une consommation d’eau négligeable grâce à un système de refroidisseur en circuit fermé intégré », rapporte Sébastien Merland.

Bref, seuls inconvénients à ce jour décelés à la scelleuse : « un encombrement certain (entre 3 à 8 mètres selon les choix) et surtout quelques nuisances sonores générées par la pompe du système de mise au vide partiel que nous n’avons malheureusement pas pu déporter à l’extérieur », rapporte Chaïma Naciri, laquelle, pour autant, salue bien volontiers « une machine dont la grande simplicité d’utilisation se joue des complexités de la production ».

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