À Toulouse, le CHU avait son propre réseau, alimenté par deux chaufferies au bois. Il s’est raccordé l’an dernier au « vieux » réseau de chaleur urbain du Mirail, datant des années 1970. A Nantes, le nouveau CHU, en 2027, équipé d’une thermo-frigo-pompe, d’une chaufferie au gaz et d’une installation géothermique s’alimentera malgré cela, principalement, au réseau de chaleur urbain.
Ces réseaux sont en plein essor. Ils étaient 898 en France en 2021, chiffre de la Fédération des services énergie environnement (FEDENE). 1600 de plus devraient avoir été créés ou étendus entre 2021 et 2030 pour respecter notre trajectoire carbone. Il y a un an, l’ADEME a multiplié par quatre les aides au raccordement. Fin septembre, lors de leur rencontre annuelle, ils ont fait état de 38 projets en attente d’instruction.
La santé, un bon client
Les hôpitaux et cliniques, sont, pour eux, incontournables. Ils comptent sur ces clients à gros besoins, pour investir et amortir leurs investissements. « À travers le tarif qu’ils vous proposent, prix du raccordement, plus prime fixe liée à la puissance qu’ils vous garantissent à tout moment, dite puissance souscrite, plus prix de votre consommation, ils intègrent le coût de l’investissement que vous ne ferez pas grâce à lui, plus exactement les surinvestissements qu’ils feront pour vous, ce qui revient au même », considère Hervé Maurer, directeur technique chez Egis, un des leaders de l’ingénierie bâtiments.
Ce calcul est légitime. « Quand vous construisez un hôpital, si vous pouvez faire appel à un réseau de chaleur, cela vous évite de construire, exploiter, entretenir une chaufferie », poursuit Hervé Maurer. En outre, les réseaux de chaleur fournissent en général une bonne signature environnementale en se nourrissant grandement aux énergies décarbonées.
100 € le MWh
Ils sont aussi d’un bon rendement, supérieur à celui de chaufferies individuelles. « On ne peut pas simplement s’offusquer qu’ils vous demandent 100 € le MWH HT, il y a quelques temps, un coût de l’énergie fournie sensiblement supérieur aux 40 €, à la même époque, du gaz ! Car cette différence s’explique quand on raisonne en coût global et que l’on mesure toutes les économies que le réseau de chaleur permet de réaliser. »
La discussion entre l’établissement de santé et le réseau de chaleur, généralement concession de service public pratiquant en théorie le même tarif pour tous, doit porter néanmoins sur ce prix du MGW/h. À l’expérience, en raison de leur poids, les établissements de santé bénéficient d’un MWh à 85 € HT, là où un autre service public moins gourmand, comme un collège paiera 95 € ou 100 € (tarifs avant redémarrage de l’inflation).
Une solution qui ne peut pas assouvir tous les besoins
Hervé Maurer considère donc ne jamais pouvoir faire l’impasse sur un réseau de chaleur qui passe à proximité. « Mais l’on ne peut pas non plus se fournir à 100 % auprès de lui. Tout établissement de santé a besoin de production de frigorifique donc de systèmes thermodynamiques produisant du froid et du chaud. Ce qui justifie qu’il ne demande pas au réseau urbain de combler tous ses besoins en chaleur », constate-t-il.
Lui, de son côté souhaite en vendre le plus possible, à des tarifs de plus en plus intéressants. Pour savoir où placer le curseur, l’une des boussoles de l’établissement est donnée par la sécurité d’approvisionnement qu’il demande au réseau. « Le réseau de chaleur vous fera payer à juste titre pour la puissance des installations spécifiques que vous lui demanderez pour assurer la continuité de sa fourniture et votre secours », prévient Hervé Maurer.
La puissance appelée
Mais sur ce chapitre, le réseau de chaleur fait en général partie d’une solution plus large. « Grâce à la combinaison de nos trois sources d’énergie indépendantes, géothermie, thermo-frigo-pompe et réseau de chaleur, nous avons pu limiter la puissance de secours dont nous sommes tenus de disposer par nos propres moyens à 50 % de nos besoins. Nous l’avons fait à l’aide d’une chaufferie au gaz. C’est plus économique que les 150 % prévus par la réglementation », explique Pierre Nassif, directeur du pôle investissements, logistique et nouvel hôpital à Nantes.
De plus en plus de collectivités locales imposent le raccordement au réseau de chaleur. Là n’est pas vraiment le problème. Le coût global dépendra, en définitive, de la seule puissance appelée. Certains réseaux imposent à leurs clients un niveau de température minimale de l’eau de retour dans le réseau. Ici, la logique est simple. Tout établissement se pénalise avec un écart trop faible entre les températures d’arrivée et de retour. Ensuite, entre les deux, ses installations doivent être pensées pour tirer le meilleur parti du réseau du réseau.