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Les badigeons plastiques materia non grata en pré-opératoire au CHU Clermont-Ferrand

En revenant à du matériel réutilisable lors de la phase de préparation cutanée de l’opéré, le CHU de Clermont-Ferrand a habilement incisé dans ses dépenses et ses déchets avec 10 000 badigeons plastique en moins, soit 15 000 euros d’économies. Une intervention réussie mais qui a nécessité de faire bloc.

©CHU Clermont-Ferrand

Deux applications d’antiseptique successives réalisées à l’aide d’un badigeon plastique pourvu d’un embout en mousse, instrument lui-même emballé stérilement dans un blister préformé formant la cupule en plastique… Aussi performante soit-elle d’un point de vue prophylactique, la procédure d’hygiène pré-interventionnelle déployée par le CHU de Clermont-Ferrand ne prend assurément guère de gant avec l’environnement.

« En travaillant les besoins en dispositifs médicaux stériles du bloc opératoire, l’équipe pharmaceutique s’est donc aperçue qu’il y avait des pistes à exploiter pour réduire, et les dépenses, et les déchets », explique Audrey Enguix, pharmacienne au sein de l’établissement.

15 000 euros économisés et 450 kilos de déchets évités

©CHU Clermont-Ferrand

Mais comment faire pour assurer le même soin sans engendrer de contraintes organisationnelles, ni de coûts supplémentaires ? « Simplement en repassant aux pinces de préhension de compresses et aux cupules métalliques réutilisables et en ajoutant ces nouveaux matériels à la composition des conteneurs de chirurgie existants », répond la professionnelle. Banco !

Les chiffres parlent rapidement : 10 000 badigeons en plastique en moins avec leurs cupules et emballages, soit 15 000 euros de dépenses économisés sur un an et 450 kg déchets annuels évités quand les achats d’instruments réutilisables ne dépassent pas 2000 euros et qu’insérés dans le circuit de stérilisation préexistant, ils ne génèrent aucune empreinte hydrique additionnelle.

« Et cela sans compter l’espace libéré – en pharmacie comme au bloc – par la palette jusqu’alors dédiée au matériel jetable, ainsi que le temps agent délivré de sa manutention », ajoute Audrey Enguix.

Des freins à lever

Incontestablement bénéfique, le changement ne s’est pas pour autant réalisé sans réserve et, tout comme il faut à l’intervention chirurgicale sa phase préparatoire, il a fallu assainir le terrain avant d’opérer.

En effet, « pour les utilisateurs du bloc, cela a soulevé des questions et des inquiétudes, notamment liées au lavage des cupules lorsqu’elles s’avèrent colorées par l’antiseptique par exemple. Nous avons donc abordé la conduite du changement auprès de chacune des spécialités – équipes médicales et paramédicales – et étudié les limites de part et d’autre », rapporte la pilote de la démarche…

Une initiative qui ne doit par conséquent sa réussite qu’à la mobilisation finale de tous les acteurs du circuit, les Ibodes, chargé(e)s de recenser tous les conteneurs de chirurgie à équiper en pince de préhension et cupule, les acheteurs dépêchés aux études de coût et l’équipe de stérilisation qui a rendu le processus opérationnel en mettant à jour les compositions des conteneurs de chirurgie vasculaire, urologie et orthopédie.

La détersion en question

Et l’histoire ne s’arrêtera peut-être pas là ! À retrouver sur le site de l’Anap, la bonne pratique du CHU de Clermont-Ferrand pourrait en effet prochainement trouver une suite dans la réalisation de la détersion précédant le passage de l’antiseptique. 20 000 sets de soins et 23 000 euros de dépenses annuelles sont en jeu : de quoi donner à réfléchir, alors que cette étape n’est plus censée être systématique depuis des recommandations éditées en 2013.

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