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Le bâtiment hospitalier « pour 50 ans » de Boulogne-Billancourt

La fusion de l’hôpital de Garches dans l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt va commencer par l’intermédiaire d’un bâtiment qui préfigure peut-être l’avenir de l’architecture hospitalière en ce qu’il est pensé pour s’adapter aux défis des prochaines décennies.

© Groupe-6 architectes / KDSL

Ce sera le bâtiment phare du « Nouveau Garches à Ambroise-Paré ». Avec la régulation du SAMU et du SMUR au dernière étage dont les bureaux resteront allumés la nuit. Sa construction, en 2026, donnera le signal de départ de la reconfiguration de l’hôpital Ambroise-Paré sur lui-même qui durera jusqu’en 2032.

L’une des prouesses techniques en sera d’accueillir l’hôpital Raymond Poincaré de Garches reconnu pour sa prise en charge du handicap sur un site déjà dense. Ce rapprochement des deux établissements a été préféré par l’AP-HP en raison de la meilleure desserte du site de Boulogne, d’ailleurs traversé en souterrain pour une partie, par l’autoroute A 13.

Projet fédérateur pour l’AP-HP

© Groupe-6 architectes / ACBarbier

La construction du bâtiment dit BAC (installé le long de la rue du Bac) servira, en quelque sorte, d’étape préalable et de test. Sa conception a été remportée par le Groupe-6 Architectes.

« Ce bâtiment correspond à une pensée que nous avons développée dans l’Agence d’une trop grande tendance générale à la spécialisation technique des bâtiments hospitaliers qui fait qu’on ne peut pas les faire évoluer et qu’on les rase », explique Géraldine Maurice, chargée du projet au cabinet Groupe-6.

« C’est aussi un projet expérimental, très fédérateur au sein de l’AP-HP, dans le sens du réemploi des locaux et de leur capacité à se transformer en fonction des besoins sur 50 ans », enchaîne-t-elle.

Trapèze changé en rectangle

Le BAC servira de « boîte à outils » de la reconfiguration de l’hôpital. Y seront progressivement transférées des activités, le temps de leur reconstruire de nouveaux locaux. En 2026, il accueillera essentiellement des laboratoires.

Au rez-de-chaussée, le self de l’hôpital. Qui sera transformé à l’horizon 2032 en garage du SMUR et du SAMU. Tout l’espace de la rampe actuelle menant aux garages en sous-sol aura été gagné par ce positionnement en rez-de-chaussée. Exemple des simplifications recherchées par les architectes.

La première de toute sera un bâtiment construit sur une base ramenée à un rectangle de 50 m sur 25, au lieu du trapèze de l’immeuble de logements qu’il remplace. L’espace perdu est regagné grâce à une dalle construite en porte-à-faux au-dessus de l’autoroute. Ce qui permet d’allonger les trois derniers étages.

Bâtiment très tramé

© Groupe-6 architectes / KDSL

« Volumétrie maximisée ! », annoncent les architectes.  Non seulement l’édifice s’autonomise par rapport à l’institut de formation des soins infirmiers auquel il était accolé mais, du coup, sa structure intérieure simplifiée, « sans superpositions complexes » est propice à toutes les réutilisations.

Elle est constituée d’une série de poteaux-poutres à trame large. Des poutres mixtes béton-acier à grande portée noyées dans des dalles pleines permettant de libérer de grands espaces de plateaux à reconfigurer selon les besoins d’autant plus facilement que la charge pouvant être supportée par un plancher est uniforme. Des poteaux en béton en sous-sol, en métal au-dessus.

Les façades sont à l’inverse à trames serrées (tous les 1,35 m, espace recloisonnable tous les 45 cm) pour multiplier les possibilités de recomposition des espaces intérieurs.

Les possibilités de « surcharges » pour accueillir éventuellement des blocs opératoires sont concentrées sur les fondations. Dans l’autre sens, les planchers supérieurs sont en béton creux, le dernier étage est construit en bois. Objectifs : utiliser moins de matière, limiter le poids du bâtiment.

Attendre le retour avant de poursuivre

Le confort des lieux tient, entre autres, à leur éclairage naturel. Les espaces gagnés au-dessus de l’autoroute permettent de créer des patios intérieurs amenant de la lumière naturelle aux sous-sols. Le végétal y contribue aussi, par des jardins en toiture, des patios végétalisés en contrebas des façades et une ouverture sur des espaces d’arbres et de verdure rappelant que l’hôpital donne sur le Bois de Boulogne.

En termes de « poids carbone », l’accent va être mis sur l’emploi de matériaux biosourcés. Les faux planchers et les sanitaires vont être conçus pour pouvoir être démontés et remployés.

Avec cet édifice, construit dans une première phase, l’AP-HP va tester une nouvelle conception du bâti dont elle va attendre le retour avant de poursuivre sur la même lignée pour le reste de la reconfiguration du site hospitalier.

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