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La pompe à chaleur recommandée dans les EHPAD ?

Pour un EHPAD « ordinaire », si cela existe, le meilleur équipement pour réaliser les économies d’énergies réclamées par le décret tertiaire pourrait être la pompe à chaleur, à en croire un cas étudié en région toulousaine.

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Une pompe à chaleur coûte, à l’achat, trois à quatre fois plus cher qu’un autre système. Mais le bureau d’études techniques Atmosphères, de Toulouse, la recommande pourtant aux EHPAD pour atteindre les objectifs d’économies d’énergie du décret tertiaire : 40 % d’économie en 2030, 50 % en 2040, 60 % en 2050, selon la méthode des valeurs relatives, généralement la plus intéressante pour des établissements aux performances thermiques moyennes.

Etude comparative

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« Celles où des travaux peuvent vraiment changer les choses », précise Cyrille Vergnole, directeur prescription nationale chez Atlantic Systèmes. C’est ce fabricant de matériel de chauffage qui a commandé une étude comparative en coût global à Atmosphères, sur un large pan de son marché « professionnel », puisque les établissements médico-sociaux représentent 310 millions de m2 à chauffer contre 75 millions de m2 pour les hôpitaux.

A Tours, début juin, devant le congrès des ingénieurs hospitaliers de France, Stéphane Laurent, cogérant d’Atmosphères a défendu l’idée que la pompe à chaleur serait un meilleur système, seule, qu’avec l’appoint d’une chaudière au gaz ou même d’un réseau de chaleur.

Focus sur un EHPAD de la région toulousaine

Pour que l’étude ait une valeur un temps soit peu générale, il fallait l’appliquer à un établissement « moyen », représentatif des EHPAD, donc avec notamment des consommations importantes en eau chaude sanitaire.

Le BET Atmosphères en a choisi un de la région de Toulouse, qu’il connaît bien pour en assurer le suivi d’exploitation depuis quinze ans. Quinze ans, c’est en général le temps de l’amortissement que l’on considère avant d’envisager un nouvel investissement dans une nouvelle modernisation de son système énergétique.

290 KWh de puissance de chauffe

Construit en 2012, l’EHPAD en question était déjà isolé, répondant à la réglementation thermique de 2005. 80 lits, d’une surface de 5071 m2, avec des températures de confort intérieur de 22 ° en journée, entre 6h et 22h, et de 19° pendant la nuit. Des besoins de chaleur annuels de 296 MWh pour le chauffage, de 100 MGWh pour l’eau chaude sanitaire (50 MGWh de besoin utile, 50 MGWh de pertes de bouclage). La puissance de chauffe est de 290 KWh. L’établissement fonctionne aujourd’hui avec deux chaudières à gaz à condensation.

L’étude a consisté à remplacer l’installation existante par une pompe à chaleur, avec complément ou pas de la chaudière au gaz redimensionnée ou d’un réseau de chaleur « aux conditions de celui de Toulouse ».

Investissement de départ : 232 618 €. Contre 164 548 € dans un système mixte pompe à chaleur et avec l’appoint d’une chaudière au gaz, et 72 500 € pour une chaudière à condensation au gaz. À quoi s’ajoutent les coûts annuels d’exploitation. Environ 37 000 euros pour la pompe à chaleur, contre 46 000 pour le système mixte et 63 000 pour la chaudière à condensation.

Moins 71 % de CO2 émis d’ici 2050

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« Dans le décret tertiaire, ce qui compte d’abord, c’est de faire des économies sur l’énergie finale consommée. Ce que l’on appelle le coefficient de performance. Nous avons mesuré les conditions économiques dans lesquelles elles sont faites mais ce n’est pas ce qui compte d’abord », précise Stéphane Laurent.

Les trois solutions permettent de faire des économies : de 20 à 39 % sur les consommations totales. Mais seule celle à 100 % pompe à chaleur permet de remplir les conditions du décret tertiaire jusqu’en 2050. Elle permet d’éviter l’émission de 1400 tonnes de CO2 en 15 ans. La baisse de consommation d’énergie finale atteint 71 % en 2050. L’amortissement de la pompe à chaleur prend 7 ans.

Un exemple duplicable ?

Les deux solutions plus économiques avec une pompe à chaleur plus petite et l’appoint d’un réseau de chaleur ou d’une chaudière au gaz ne permettent pas de réduire suffisamment les consommations jusqu’en 2050. Des deux, c’est celle du complément gaz qui est la moins chère. Mais elles ne permettent pas d’atteindre l’objectif de moins 40 % en 2030, tout juste les 50 % pour 2040.

Bien sûr, les coûts peuvent considérablement varier d’un EHPAD à l’autre. Notamment ceux imposés par l’abonnement à un réseau de chaleur urbain quand il existe. Et si celui-ci n’est pas rendu obligatoire par les autorités locales. Mais les conclusions en termes d’énergie restent a priori valides. Même si elles dépendent aussi de la qualité de construction du bâtiment.

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