un journal proposé par le Resah

Jusqu’à 60 % d’économie d’énergie avec un bon éclairage

Le Centre d’études et de recherches économiques sur l’énergie (Ceren) a présenté le16 janvier une étude révélant que seuls 15% des bâtiments tertiaires  – 20% des établissements de santé – ont rénové leur éclairage malgré un arrêté qui les y obligent. L’Ademe estime pourtant que cette rénovation permettrait de faire jusqu’à 60% d’économies d’énergie.

© Epictura

L’étude réalisée par le Ceren a été commanditée par l’Agence de la transition écologique (Ademe). Elle est basée sur un panel de 20.000 établissements, dont 2.000 établissements de santé publics et privés. L’objectif est de faire un état des lieux de l’application de l’arrêté rénovation du 3 mai 2007, concernant l’éclairage. Lequel représente en effet 10 % de la consommation totale d’électricité en France, soit 42 TWh. Et 59 % de cette consommation est réalisée dans les bâtiments tertiaires.

L’arrêté de rénovation du 3 mai 2007, modifié en 2017, précise les niveaux de performance énergétique à atteindre lorsqu’on modernise, entre autres, l’éclairage d’un bâtiment existant. Il fixe ainsi un objectif de puissance maximale d’installation de 1,6 W/m² pour 100 lux, l’équipement de détecteurs de présence et l’installation de systèmes de gradation automatique de l’éclairage en fonction de la lumière naturelle.

« L’éclairage a quelques chose de très diffus, très fragmenté. L’attention qui devrait lui être porté est assez souvent négligé », a fait remarquer Emmanuel Gagnez, vice-président du syndicat professionnel de l’éclairage.

Trop peu de rénovations dans le tertiaire

© Epictura

Les résultats de l‘étude du Ceren montrent que seulement 15 % des bâtiments tertiaires ont rénové tout ou partie de leur éclairage. Pour les établissements de plus de 10.000 m², le taux de rénovation est de 50 %. En santé, le taux de rénovation est de 20 %, a chiffré le Ceren. Toutes les surfaces inférieures à 1.000 m² sont en retard . Et le taux de rénovation est vraiment lié à la taille de l’établissement, souligne-t-il.

Pire, au moins 70 % des rénovations réalisées ne sont pas conformes à l’arrêté, avec 91 % de non-conformité pour les petits établissements contre 49 % pour les grandes surfaces (supérieures à 10.000 m²). « Les résultats nous interpellent puisque l’étude du Ceren montre que 60 % des assujettis ne sont pas engagés dans la rénovation de leur éclairage », a indiqué Jérémie Almosni, directeur villes et territoires durables à l’Ademe, « alors que l’éclairage est un levier que l’on peut mobiliser très largement pour atteindre les objectifs de réduction des consommations d’énergie fixés par le décret tertiaire ».

Potentiellement  60 % d’économies d’énergie

« L’arrêté rénovation de 2007 est réaliste et réalisable », a déclaré Jérémie Almosni. « Avec une puissance maximisée et une bonne gestion de l’éclairage, nous serions en capacité de réaliser 60 % d’économies d’énergie », a-t-il ajouté.

Ainsi, l’étude du Ceren révèle que 70 % des rénovations n’intègrent pas de système de gradation de lumière et 55 % négligent l’installation de détecteurs de présence alors même que ces dispositifs permettraient de réduire de 25 % la durée d’utilisation de l’éclairage.  « Les pratiques de rénovation privilégient trop le moins-disant au détriment de la performance », fustigent les acteurs de la filière.

Pourtant la modernisation de l’éclairage représente l’un des investissements les plus rentables en matière de rénovation énergétique, avec des économies dépassant fréquemment 50 %, souligne le Ceren. Dans les bureaux, une rénovation conforme à la réglementation peut générer des économies annuelles de 8 euros par mètre carré, combinant une réduction de 39 kWh de consommation énergétique et 2,6 kg d’émissions de CO2.

Rénover l’éclairage : un quick win

© Epictura

« L’éclairage fait partie des « quick-win ». L’investissement n’est pas colossal et les économies d’énergie ne sont pas négligeables », a confirmé le représentant de l’Ademe. Parmi les leviers, la juste puissance installée, couplée à une bonne gestion de l’éclairage sont recommandés.

« Avec l’augmentation du coût de l’énergie, le retour sur investissement diminue. Mais il faut faire attention à la qualité de la rénovation. La « LEDification » nécessite de choisir de bons LED. Pas des LED qui vont s’arrêter au bout de 2 ans », ont fait savoir les acteurs de la filière.

Les spécialistes estiment que le retour sur investissement d’une rénovation dans le tertiaire (hors éclairage public) se chiffre « entre 3 et 6 ans ». De plus, « la durée de vie des LED est comprise entre 15 et 20 ans pour du matériel de qualité », a indiqué Benoit Gamas, directeur d’Etap Lighting France.

Bénéfices thermiques

Autre effet bénéfique de la rénovation de l’éclairage, les nouveaux systèmes d’éclairages dissipent moins de chaleur, donc le besoin de rafraichissement en été est moindre. Le bénéfice d’une rénovation est donc à la fois électrique mais aussi thermique. Benoit Gamas évoque une « économie d’électricité mais aussi de maintenance. Le matériel doit répondre à des critères de durabilité, être installée pour au moins 12 ans ».

Le guide de l’Ademe « Rénover l’éclairage des bâtiments tertiaires », qui date de 2020, est toujours d‘actualité. A noter enfin que la BPI propose un prêt à taux zéro permettant de financer la rénovation de l’éclairage.

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *