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Dénutrition : et si l’alimentation était la meilleure prévention ?

Remettre l’alimentation au cœur de la lutte contre la dénutrition, tel est le projet expérimental lancé par trois EHPAD du Loir-et-Cher qui, data à l’appui, veulent agir avant le point de bascule. Et en finir ainsi avec les textures mixées et compléments nutritionnels industriels.

© Gin Pineau/SEPIA 41

Résidences d’un public souffrant de plus en plus souvent de pathologies multiples et de troubles neurocognitifs, les EHPAD sont quotidiennement confrontés à la question de la dénutrition qu’ils résolvent par des pratiques sécurisées, souvent au détriment du plaisir du repas.

Pire encore : textures mixées et compléments nutritionnels industriels peuvent même contribuer à dégrader l’activité de mastication, voire à majorer les dysphagies oropharyngées », avance Pierre Gouabault, directeur de la coopération interEHPAD réunissant sous une gouvernance commune les établissements de Bracieux, Contres et Cour Cheverny (Loir-et-Cher). Et le responsable donc de s’interroger : « Et si, au lieu de constater puis compenser la fragilité, on en prévenait le risque par une alimentation personnalisée ? »

Un projet « médico-soignant  de l’alimentation »

© Gin Pineau/SEPIA 41

Déjà très impliquées dans la production d’une restauration locale et de qualité dont les caractéristiques satisfont notamment aux objectifs EGAlim en 2024, les trois structures ont ainsi décidé de revisiter leurs processus dans le cadre d’une nouvelle stratégie globale de la nutrition qui l’associe à l’alimentation.

À quel moment intervenir ? Par quels apports et avec quelles techniques de service et d’aide au repas ?… Le projet « médico-soignant de l’alimentation » exige évidemment un fin pilotage appuyé sur un corpus de data objectivés, Appuyée par un orthophoniste spécialisé et deux cabinets conseils, l’un dédié à la stratégie nutritionnelle l’autre à la restauration, l’hôtellerie et le bionettoyage de santé, l’expérimentation a débuté le 7 novembre.

Moins de CNO, plus d’ASH

« Durant les semaines à venir, les dossiers d’un échantillonnage représentatif des résidents à risques seront d’abord passés au crible afin de repérer les précurseurs à l’introduction des CNO, puis une échelle de risques établie sur la base de ces critères : perte de poids bien sûr, mais aussi restes à l’assiette par exemple ou encore données biologiques, apathie… » , expose Pierre Gouabault.

© Gin Pineau/SEPIA 41

À compter de 2025, chaque point de décompensation, aisément identifiable par les équipes, sera ainsi associé à un niveau de risque et à une réponse individualisée mêlant enrichissements naturels et accompagnement humain. Objectif : voir progressivement s’éteindre le recours aux compléments nutritionnels oraux (CNO) industriels et aux textures lisses…

« Une formidable avancée pour la qualité de vie et la dignité des résidents, sans compter les gains, de temps et d’argent, non négligeables pour les établissements », insiste le dirigeant, rappelant que le budget CNO d’une structure de 80 résidents équivaut au financement annuel d’un poste d’aide-soignant en milieu hospitalier.

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