C’est peu dire que l’AP-HM est un mastodonte dans l’économie marseillaise puisque son budget s’élève à 1,85 milliard d’euros. Un poids lourd qui enregistre à fin 2024 un déficit de 100 M€.
Pour son programme de modernisation immobilière « Cap sur 2030, il prévoit un investissement de 680 millions d’euros. Pour cette opération de grande ampleur, le budget est « sanctuarisé », a déclaré François Crémieux car « seulement 11 % de cette somme est à la charge de l’établissement marseillais ». « Il est très rare que la part d’auto-financement soit si faible », a souligné le directeur général, lors d’une conférence de presse organisée le 30 janvier.
Endettement de 840 millions
Une situation liée au niveau d’endettement de l’établissement. « Notre dette historique qui s’est constituée entre 2003 et 2015 s’est stabilisée en 2018-2019 et baisse légèrement depuis. La dette qui s’élève encore à 840 M€ aujourd’hui nous empêche toutefois d’investir pour l’avenir. Nous avons besoin d’être aidés pour réparer le passé », a fait savoir le directeur de l’AP-HM.
Ainsi, Cap 2030 ne comprend pas les rénovations des PUI de l’AP-HM, des chambres mortuaires, de la cancérologie, des crèches, et la pédopsychiatrie. Des chantiers « qui restent à financer » pour un investissement estimé à 250 M€.
120.000 m² rénovés, 60.000 m² construits

La nouvelle Timone © AP-HM
Pour moderniser « nos deux IGH qui ont 50 à 60 ans », a expliqué Céline Pelletier, directrice de la planification immobilière à l’AP-HM, et construire trois nouveaux bâtiments d’ici 2030, soit 40 % de l’ensemble des surfaces transformées à l’horizon 2030, l’établissement marseillais s ’appuie sur l’aide de l’Etat (490 M€) mais aussi de toutes les collectivités locales (région, département, métropole, ville) pour un montant total de 130 M€. « Le plan d’investissement est largement subventionné », a répété François Crémieux.
En ce qui concerne la modernisation de l’IGH de la Timone (coût 180 M€), la première phase de travaux se poursuit avec la livraison de la première tranche du service de neuro-vasculaire et la finition en cours de la tour monte-malades. A partir de 2025, les étages hauts d’hospitalisation, les secteurs ambulatoires puis l’hospitalisation seront modernisés.

Le bâtiment cardiovasculaire de l’hôpital Nord © AP-HM
Pour la modernisation de l’IGH de l’hôpital Nord, le coût total atteint 140 M€ toutes dépenses confondues (TDC), y compris le bâtiment de cardiologie. Le premier lot de travaux (tour monte-malades et extension du rez-de-chaussée) a été confié à Tourre Sanchis Architecte. Quant à la livraison du nouveau Samu zonal (23 M€), elle est prévue fin 2025. Le gros œuvre est en cours (lire notre article du 22 avril 2024).
S’agissant du nouvel hôpital Femmes-parents-enfants (268 M€), la phase d’études se termine et l’avant-projet détaillé est en cours de validation. Côté nouveau bâtiment cardiologie Nord (35 M€ TDC), la maitrise d’œuvre a été notifiée dans le cadre d’un marché de conception-réalisation et attribuée au groupe 6 et au bureau d’études Egis.
Cap sur l’écoresponsabilité
L’AP-HM, qui prévoit également cette année d’actualiser son bilan carbone, se fixe, avec « Cap sur 2030 », des objectifs ambitieux en matière de réduction de l’impact écologique avec, par exemple, la labellisation de quatre bâtiments durables. Il prévoit également 7.000 m² d’aménagements paysagers et l’installations de 800 m² de panneaux photovoltaïques.
Un projet de réemploi des produits issus de la déconstruction du bâtiment d’ophtalmologie de la Timone est en cours et la mise en œuvre de filières d’économie circulaire dans les marchés de travaux est mise en avant. L’établissement marseillais souhaite mobiliser les filières locales d’approvisionnement, favoriser des matériaux biosourcés comme le béton de chanvre.
Une équipe de 15 ingénieurs
Il a également signé une convention avec l’association Emergence(s ) pour la mise en place de clauses d’insertion sociales et l’intégration de 112.000 heures d’insertion sur tous les chantiers.
Pour mener à bien le projet « Cap sur 2030 », l’établissement a décidé de renforcer ses équipes techniques travaux et maintenance. « Nous avons doublé la maitrise d’ouvrage puisque nous sommes passés de sept ingénieurs à 15 », a souligné le directeur général.