Situé au cœur des priorités de l’agglomération Grand Paris Sud (23 communes, 358 000 hab., Essonne/Seine-et-Marne), le défi de la transition s’affiche aussi comme un challenge majeur du Centre hospitalier Sud Francilien (CHSF – 1100 lits MCO, 4000 salariés), qui y a ouvert ses portes en 2012.
Au travers d’une démarche participative dans laquelle 150 de ses agents sont aujourd’hui engagés, le souci du développement durable imprime ainsi son quotidien, avec la conviction que prendre soin de la planète, c’est aussi prendre soin des personnes.
Et, aux côtés d’une démarche d’éco-conception des soins, l’établissement se penche donc également sur l’isolation de ses locaux, le système de refroidissement, le relamping LED progressif ou encore la valorisation de ses déchets. Non sans quelques jolis résultats, par exemple 20 % de papiers/cartons en plus et 30 % de DASRI en moins collectés en 2023 par rapport à 2019.
La force d’un réseau
Pour autant, son plan de sobriété énergétique est sans doute celui qui affiche les chiffres les plus impressionnants : « plus de 2300 tonnes équivalent CO2 économisées entre l’hiver 21/22 et l’hiver 22/23, soit l’empreinte carbone annuelle de 230 citoyens français », se félicite le directeur adjoint en charge de la RSE, Loïs Giraud. Comment ce « tour d’adresse » a-t-il eu lieu ? « Tout bonnement en passant d’un mode de chauffage 100 % gaz à un raccordement au réseau de chaleur urbain de Grand Paris Sud », répond le directeur du CHSF et du CH d’Arpajon, Gilles Calmes.
En effet, poursuivant son objectif de réduire de 45 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, l’agglomération francilienne s’investit – et investit – depuis des années dans le déploiement de réseaux de chaleur mutualisés, locaux et majoritairement alimentés par des énergies vertes, valorisation énergétique des déchets et, depuis mai 23, géothermie. Une stratégie plus écologique, mais aussi plus économique.
Une grande vigilance juridique
Simple à formuler, l’explication du dirigeant hospitalier n’en couvre pas moins une opération qui s’est avérée lourde en complexités (lire notre article du 9 novembre 2023 sur les clefs d’un bon raccordement avec un réseau de chaleur), absorbant durant 12 mois un responsable technique du site, Éric Fagundez, ainsi que ses équipes. « Le fait en revient moins à la partie matérielle de la démarche – prolonger les réseaux, paramétrer la nouvelle installation – qu’à son volet juridique puisqu’il a fallu minutieusement revisiter le contrat de délégation liant la collectivité au CHSF, notamment pour garantir à l’hôpital sa sécurité d’approvisionnement », précise le cadre hospitalier.
Ledit raccordement ne fut pas non plus sans exiger un coût conséquent. « Mais le retour sur investissement projeté et, pour plus de précaution, lui aussi couché noir sur blanc au contrat, a convaincu les instances dirigeantes », souligne Gilles Calmes.
28 % de consommation en moins
Toutefois, et aussi frappants soient-ils, ces chiffres ne sauraient être uniquement imputés au seul raccordement : « y contribuent aussi le calorifugeage de nos réseaux extérieurs, financièrement soutenu par l’État et évitant ainsi une perte calorifique de 5 watts au mètre, le pilotage de nouveaux paramètres acceptant de températures jusqu’à 2° plus basses et, de manière plus générale, une gestion technique bâtimentaire (GTB) plus cohérente, capable de procéder aux ajustements nécessaires dès la moindre dérive », détaille Éric Fagundez.
Avec une consommation énergétique réduite de 28 % dès la première année (soit entre les périodes de chauffe 21/22 et 22/23) pour passer de 13 150 MWh à 9510 MWh, le bilan de l’établissement hospitalier valide le pari.
Le scope 3 en 2025
Plus résilient, moins dépendant, plus économique…En un mot, plus performant. Avec les autres établissements du GHT Île-de-France Sud dont il relève (le CH d’Arpajon et le CH Sud Essonne), le CHSF aborde ainsi son bilan carbone, prévu pour l’année prochaine, avec le sentiment d’un chemin, pour partie déjà bien parcouru.
« Suffisamment en tout cas pour pouvoir maintenant se concentrer sur un scope 3 responsable de plus de 80 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur en travaillant sur la pertinence des soins, leur éco-conception, l’achat des dispositifs médicaux et des médicaments ou encore la restauration », indique Loïs Giraud. Face au défi environnemental, le CHSF n’est assurément pas à court d’énergie…