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Stérilisation : la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) emballée par l’usage unique

Depuis 2019, la stérilisation de la PUI de La Pitié-Salpêtrière remplace progressivement les conteneurs réutilisables des blocs opératoires par des sachets et gaines à usage unique. Avec à la clé plus de sécurité et des économies, évaluées sur six ans à plus de 116 000 euros, soit 40 % par rapport au processus « conteneurs ».

© Pitie-Salpêtriere AP-HP

Vigilance quotidienne à l’endroit de l’étanchéité des joints, interventions curatives annuelles et maintenance préventive quinquennale : « Avec 4500 unités provenant de deux fournisseurs différents et destinées à 13 spécialités chirurgicales, la gestion des conteneurs de blocs était devenue un vrai défi logistique pour l’hôpital, en termes de suivi comme de coûts (réparations, remplacements…). Il fallait réfléchir à une nouvelle solution plus efficiente », énonce d’entrée Anne Maurin-Cabanes, pharmacien praticien hospitalier à l’AP-HP Hôpital Universitaire Pitié Salpêtrière (Paris).

30 000 euros de lavage

© Pitie-Salpêtriere AP-HP

Alors que l’année 2019 affiche ses chiffres habituels – 87 000 conteneurs et doubles emballages non tissés traités ainsi que 94 000 sachets – une étude est par conséquent lancée. « Le remplacement général des conteneurs par des emballages à usage unique ayant déjà été expérimenté avec satisfaction au sein du bloc de chirurgie cardiaque, il s’agissait de peser les conséquences financières d’une extension de ce même processus aux 7 salles de blocs du bâtiment Husson Mourier ainsi qu’aux 6 salles constituant l’unité de chirurgie ambulatoire », explique la professionnelle.

Bâtie sur les coûts de l’année 2021, l’analyse d’impact budgétaire va ainsi confronter l’ensemble des coûts financiers, directs et indirects, induits par chaque choix de matériels. Outre la charge des diverses maintenances déjà citées (33 000 euros environ), le maintien du modèle « conteneur » intègre celles de conditionnement annuel (étiquettes de traçabilité, portes-étiquettes, filtres… pour 4100 euros) et les frais de lavage, loin d’être négligeables, avec 2800 cycles en cabine réalisés dans l’année (plus de 30 000 euros).

Adapter le stockage et le transport

© Pitie-Salpêtriere AP-HP

De l’autre côté, l’estimation de l’utilisation des emballages à usage unique comptabilise évidemment le remplacement des conteneurs (longs, moyens et carrés) à raison d’un emballage par panier et en se basant sur leur taux de rotation, soit 7100 emballages au total pour 17 000 euros.

S’y ajoutent aussi, la première année, l’achat d’un arsenal de stockage adapté, c’est-à-dire aux étagères pleines qui n’accrochent pas le plastique (près de 40 000 euros), ainsi que celui d’une soudeuse à impulsion adaptée (7700 euros). Les armoires de transport doivent également être revisitées afin que les plateaux conditionnés n’y soient pas superposés, ce qui pourrait occasionner un percement accidentel lors des acheminements entre deux pavillons (14 000 euros). Enfin sont chiffrés les coûts annuels de maintenance et de qualification des soudeuses (1400 euros).

40 % d’économie projetées sur 6 ans

© Pitie-Salpetriere AP-HP

Compte tenu de ce fort investissement initial, le coût de l’emballage unique surpasse évidemment celui du conteneur la première année :  quelque 80 000 euros contre 68 000 euros. « Mais dès la seconde année, les dépenses sont amorties avec une économie annuelle de près de 20 000 euros, laquelle frôle même les 50 000 euros la sixième année », souligne Anne Maurin-Cabanes.

En six ans, l’économie est carrément évaluée à plus de 116 000 euros, soit 40 % par rapport au processus « conteneurs ». Et les avantages ne se limitent pas aux aspects financiers. Une fois les formations dispensées, aux uns pour souder les emballages,  aux autres pour les transporter, les stocker et les ouvrir, les conditions de travail de tous y ont d’abord largement gagné, avec des tâches de manutention considérablement allégées par la réduction du poids.

Zéro événement indésirable

« Mais il y a ensuite et surtout la sécurité du maintien de l’état stérile du dispositif médical emballé, 100 % garantie », appuie la pharmacienne qui convient d’ailleurs ne pas avoir intégré de considérations environnementales à l’étude, au nom de cette « exigence première ». Les mois écoulés corroborent ses dires : depuis la bascule réalisée en 2022 sur les unités étudiées, suivie par celle de l’ensemble du bloc digestif en 2023, aucun événement indésirable grave n’a été relevé, ni durant les transports, ni lors de l’ouverture.

« Pour résumer, nous ne reviendrions en aucun cas en arrière », certifie Anne Maurin-Cabanes, laquelle a tout de même mis en place un suivi rigoureux des stocks pour faire face en cas de difficulté d’approvisionnement. Ce qui n’est encore jamais arrivé non plus.

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