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Le COBH s’inquiète du risque de restrictions d’eau

Le Comité de l’Ouest des blanchisseries hospitalières (COBH) a consacré sa journée d’étude annuelle, à Nantes, ce 18 avril, à l’eau. Au peu de façons de l’économiser encore sauf à être autorisé, en blanchisserie, à la recycler. Et de compléter par de l’eau de pluie, retraitée, elle aussi.

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Face à la question de l’eau, il y a les optimistes comme Frédéric Jourdan, responsable restauration et blanchisserie de l’hôpital de l’Estran à Pontorson dans la Baie du Mont Saint-Michel : « Il pleut dans l’Ouest, ce n’est pas comme dans le Sud. Et puis, en cas de restriction, les hôpitaux seront préservés. »

Il y a ceux qui se veulent réalistes, comme Guillaume Baldinho, responsable de la blanchisserie des pays de la Rance, près de Dinan. Il a reçu un choc l’été dernier. Les arrêtés de sécheresse demandaient a priori aux blanchisseries hospitalières aussi de réduire leur consommation. « L’eau va s’arrêter. Il faut tracer notre route pour gérer le risque de rupture d’approvisionnement. Prévoir de réutiliser au moins 50 % de notre eau pour arrêter ensuite à prélever dans le réseau ».

Déjà 3 à 7 litres par kg de linge

Stéphane Fié, président du COBH et Chayma Hassine, de la mission eau de la CCI des Pays de la Loire © HH

Le COBH a d’abord pris la mesure de la situation. Le plan national eau de mars 2023 demande 10 % de consommation en moins d’ici 2030. Chayma Hassine, de la mission Eau de la Chambre de Commerce et d’Industrie des Pays de la Loire, a rappelé que la Loire a été sous les seuils d’alerte pendant 8 jours en 2022. Adrien David, responsable de la blanchisserie du CHU de Nantes, s’est fait demander combien de jours dureraient ses stocks de linge en cas de coupure d’eau.

Face à la sobriété demandée, l’assemblée du COBH a d’abord constaté que de économies de consommation sont difficiles à trouver. « Ce travail, on l’a fait il y a dix ans, avec le regroupement des blanchisseries et l’adoption des tunnels de lavage », explique, Jack Château, responsable du GIP blanchisserie des marais de Grée, à Ancenis, en Loire-Atlantique.

Il est passé de 12  à 6 litres d’eau par kilo de linge. Tout le monde ou presque, première boucle de recyclage, réinjecte l’eau de rinçage dans celle du lavage. Stéphane Fié, président du COBH et responsable de la blanchisserie de Saumur, donne plus globalement les chiffres de la profession : 3 à 7 litres en tunnels de lavage ; 10 à 13 litres en laveuses-essoreuses.

Economies à la finition ?

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Personne ne parle d’argent. Le coût de l’eau représente 2 % des coûts des blanchisseries. « Attention ! La pénurie pourrait la rendre plus chère. Sa part dans nos budgets pourraient monter à 4 % ou plus », s’inquiète Christelle Endouard, responsable de la blanchisserie de l’hôpital de Château-Gontier.

Stéphane Fié explore quelques pistes qui restent. Les bacs de récupération de l’eau sur les laveuses (7 à 15 litres), efficaces mais augmentant le coût de la machine de 20 à 25 % ; la suppression du rinçage, 18 % d’eau en moins. Dans les tunnels : l’ultrafiltration des eaux, encore hypothétique ; l’« évaporisation » des eaux de rejets, produisant matière sèche et eau pure mais très gourmande en énergie. Le système de régulation automatique des TA (carbonate) et TAC (bicarbonate et carbonate) dans les chaufferies, l’adoucisseur d’eau consommé au plus juste.

Le président du COBH a l’intuition d’un gros potentiel de récupération dans le processus de finition. Mais comment ? Des séchoirs à condensation, par exemple, semblent difficiles à imaginer à l’échelle industrielle.

80 % de l’eau retraitée plus de l’eau de pluie

Matthieu Dancoisne © HH

Et puis, il y a le retraitement des eaux usées en fin de circuit. La véritable grande source de récupération. De nouveaux décrets en ce sens sont en préparation pour l’été. Le Président de la République en ferait l’annonce aux premières grandes chaleurs. « 80 % des rejets pourraient être réutilisés », estime Matthieu Dancoisne, gérant de la société Performance Process.

Les méthodes de traitement sont bien connues dans l’industrie. Les 20 % partant vers les stations d’épuration seraient essentiellement constituée d’eau salée. Les 80 % réinjectables résulteraient d’un traitement biologique (des bactéries « mangeant » la pollution) et d’une filtration. L’opération pourrait se répéter à l’infini.

Un coût énorme

© Epictura

Un nouveau cap serait ainsi franchi. Inconvénient, l’installation pour une blanchisserie de taille moyenne coûte 500 000 €. « Un coût énorme », s’alarme Stéphane Fié. Cela demanderait en outre 2 heures de travail supplémentaire pour une personne chaque jour, l’apparition de nouvelles compétences dans les blanchisseries. Matthieu Dancoisne suggère que les 20 % d’eau propre proviennent du retraitement de l’eau de pluie, si elle était autorisée. Le principal problème en serait son stockage.

Pour Jérôme Pasquet du cabinet conseil Enveneo, ce type de prospective devrait intégrer toute réflexion à l’occasion de tout nouveau projet en blanchisserie : « Il faut penser à des bassins de rétention d’eau, à de nouveaux réseaux pour certains forcément enterrés, pour organiser le retraitement ». Matthieu Dancoisne insiste : « on peut générer des économies : en eau claire, plus appelée du tout mais aussi en énergie parce que l’on peut récupérer ainsi de l’eau à 40° ». Et il ajoute : les agences de l’eau, l’Ademe, les Régions parfois, subventionnent déjà les études et les travaux.

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