« Le CHU de Poitiers a toujours été assez innovant en matière de logistique », pose d’emblée Adeline Hocquet, directrice des achats et de la logistique, arrivée dans le Poitou à l’automne dernier, en provenance de l’hôpital Charles Perrens de Bordeaux, son premier poste à la sortie de l’EHESP (lire notre article du 9 février 2021).
Chariots pour le linge et plafonniers dans les chambres
Pour preuve, elle liste une partie des transformations achevées en 2024, comme le passage au lit « facile ». Plus confortable pour le patient et moins source de TMS, il sera aussi plus durable avec un conditionnement en sac tissu en lieu et place du plastique, grâce à l’achat d’une ensacheuse.
Autre déploiement bouclé, le recours à des chariots uniques pour acheminer le linge propre et le sale. Un bon moyen de réduire les allées et venues et les espaces nécessaires pour le stockage. Soixante armoires ont été acquises en 2024 pour un montant de 90 000 euros. Au total, le CHU a investi 1,2 million d’euros afin de se doter d’un parc de 750 contenants (lire notre article du 30 mai 2022). L’hôpital consacre aussi 200 000 euros par an pour installer des rails plafonniers dans les chambres destinées aux personnes âgées. « L’objectif est d’équiper la moitié des chambres », complète la directrice.
Bye bye les barquettes plastiques au micro-ondes
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Adeline Hocquet
Adeline Hocquet a donc bien l’intention de continuer à surfer sur cette vague. Parmi les sujets au menu, le mode de distribution des repas figure en bonne place. La cuisine centrale élabore 2,3 millions de repas pour le site central à Poitiers, ceux de Châtellerault, Loudun, Lusignan et Montmorillon, ainsi que pour le centre hospitalier Henri Laborit. Bien décidé à se débarrasser de la formule barquettes plastiques + réchauffage au micro-ondes, le CHU profite de la réhabilitation de ses bâtiments pour repenser ses pratiques.
La substantifique moelle du projet ? Faire en sorte que les patients prennent du plaisir à se restaurer. Grâce à un changement d’organisation associé à une nouvelle présentation des repas et appuyé par du nouveau matériel. Fournis dans des contenants collectifs par l’unité de production, les aliments seront livrés dans un office centralisé, afin d’être mis en portions, avant la remise en température et le service dans les chambres. « Le CHU comprend une tour, baptisée Jean Bernard, constituée de trois ailes par étage. Les offices de ces ailes, peu fonctionnels et d’une superficie de 15 m2, sont supprimés au profit d’un seul, de 45 m2 », explique Adeline Hocquet.
Navettes régithermiques et assiettes en porcelaine
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© CHU Poitiers
Pour transporter les repas, le CHU s’est équipé de navettes régithermiques, réceptionnées à la fin 2024. Elles comprennent un compartiment chaud et un compartiment froid. Grâce à des paillettes de glace, produites par une machine implantée dans la cuisine centrale, une température de 5° est maintenue pendant 24 heures, sans énergie. « Poitiers sera un des premiers hôpitaux à inaugurer le dispositif », glisse au passage Adeline Hocquet.
« Le repas évoluera vers une présentation à l’assiette, ce qui permettra d’améliorer les qualités organoleptiques du repas », poursuit la directrice des achats et de la logistique. Car le rôle des yeux a autant d’importance que les papilles, dès lors qu’il s’agit de susciter l’appétit. Le dressage se fera dans des contenants en porcelaine. Avec certainement moins de restes. Il y a quelques années, le CHU de Grenoble avait constaté que 39 % des produits d’un plateau étaient jetés avec des barquettes plastique contre 22 % avec une assiette porcelaine.
Le dîner servi à 19 h
Le soir, la distribution sera décalée à 19 h, au lieu de 18 h aujourd’hui, afin de se caler sur le rythme physiologique de ses patients, et de réduire la période de jeûne jusqu’au petit déjeuner. Les équipes soignantes, qui ont testé cette solution, adhèrent à cette distribution des repas nouvelle formule qui devrait démarrer au courant de l’année. « Elles sont satisfaites de cette démarche durable et d’amélioration de la qualité, même si l’institution est consciente des changements de pratiques à opérer. Les tests réalisés en 2024 ont montré que cette nouvelle organisation apportaient un gain de temps pour les soignants. Du temps supplémentaire auprès des patients. », commente Adeline Hocquet.