un journal proposé par le Resah

La logistique à flux tirés du « nouveau » CHU de Rennes

La logistique des services soignants franchit un cap au CHU de Rennes. Grâce à des tunnels pour AGV et réseaux pneumatiques vers les stocks hôteliers,  la blanchisserie, la pharmacie et le traitement des déchets, avec banalisation sur place pour les DASRI. Et par le biais d’une organisation légère dans les derniers mètres.

© DR

Le CHU de Rennes organise sa révolution logistique pour la fin de l’année, en relation avec l’ouverture du premier bâtiment de soin au programme de sa reconstruction sur lui-même qui court jusqu’en 2029. Ce sera le 1er janvier, le nouveau centre de chirurgical et interventionnel (CCI). Six nouveaux édifices suivront.

© Yann Castanier/CHU Rennes

En guise de préalable, la plateforme logistique et hôtelière a déjà été livrée dans sa nouvelle version, augmentée de 1 600 m2 (27 %) consacrés notamment à une zone d’expédition. Les palettiers ont été installés en mai. Les derniers aménagements ont eu lieu en août.

Référents d’étages déjà en place

Une logistique nouvelle s’apprête donc à irriguer le CHU. Elle entend naturellement « libérer les soignants de tâches logistiques qui viennent concurrencer le temps et l’attention qu’ils doivent apporter aux soins », selon Leonard Dupé, directeur des achats et de la logistique du CHU de Rennes. Une orientation qu’elle a déjà prise sens en dispatchant depuis quelques années des « référents logistiques et hôteliers » dans une trentaine d’unités de soins.

Ils ont pour mission de mener à la force des bras les chariots-repas, les rolls de linge, apportés par camions au pied des bâtiments jusque dans les étages. Et d’en rapporter les chariots de vaisselle, les rolls de linge sale et de déchets. « L’organisation est mature. Elle fonctionne bien », indique Léonard Dupé. Mais la nouvelle organisation ira plus loin.

Un micro-ondes pour DASRI

Elle s’appuiera sur un réseau de tunnels. 450 m de galerie souterraine sont en train d’être creusés à 9 m de profondeur. De 4 m de large, cette galerie laissera passer deux flux d’AVG côte-à-côte, accompagnés d’humains. Elle comprendra aussi trois réseaux de tuyaux de 60 cm de diamètre où seront poussés par courant d’air des sacs d’ordures ménagères, de DASRI et en 2028, de linge sale.

Bien que la plateforme logistique et la blanchisserie sont toutes deux situées non loin des bâtiments de soins, juste de l’autre côté de la ligne de métro, l’avantage environnemental est important puisque c’est la fin annoncée des camions.

Léonard Dupé

En outre, la nouvelle plateforme abritera un micro-ondes géant, 40m² au sol sur 8 m de haut, décontaminant les DASRI. Il les recevra directement de chaque service grâce au réseau pneumatique et les transformera en simples ordures ménagères (on parle de « banaliseur » de DASRI). L’équipement tournera 6 jours sur 7, de 6h à 20h. Il traitera 500 tonnes de DASRI par an.

L’économie est estimée à 400 000 € par an sur le coût de traitement des déchets de l’hôpital ce qui devrait permettre d’amortir l’investissement en moins de deux ans.  « La combinaison du système pneumatique et du traitement sur place des DASRI est unique en Europe », souligne Léonard Dupé.

Chariots légers réapprovisionnés

Les AGV et les réseaux pneumatiques desserviront les sept nouveaux bâtiments du CHU au fur et à mesure de leur sortie de terre. Dont un hôpital femme-mère-enfant (FME), l’an prochain, de huit étages de haut. Et un institut de biologie et pharmacie en 2929. A chaque niveau, les AGV rejoindront leur « gare AGV » par des monte-charges dédiés. Au-delà, va s’instaurer une nouvelle gestion des « derniers mètres ».

Le m2 hospitalier coûtant cher, le CHU va remplacer au sein du centre chirurgical et interventionnel les locaux de stockage intermédiaire des blocs opératoires par des chariots en inox, légers, d’un mètre carré d’emprise au sol, réapprovisionnés par les référents logistiques d’étages. Ce modèle logistique s’inspire des chariots de cas (Packs opératoires programmés) qui verront le jour en début d’année au nouveau CCI. Ils mettront à disposition des équipes des blocs opératoires les dispositifs médicaux, les consommables et autres instruments nécessaires à chaque intervention.

Là, pour la logistique générale, il s’agira des chariots dits « quick » pour un réapprovisionnement quotidien et « slow », à la semaine, selon les besoins des blocs. « C’est un modèle de logistique plus dynamique, plus exigeant aussi. Un pari sur le professionnalisme de la logistique qui s’engage à fournir aux équipes de soins le bon produit au bon moment », explique Léonard Dupé.

Cadencement de livraison revisité

Le schéma général de fonctionnement est conservé : demande des services, préparation de la commande, livraison dans les unités. Mais les soignants ne seront plus astreints, comme aujourd’hui, par exemple, à des commandes mensuelles par catégories de produits. La logistique prend la main depuis le début du processus.

Un nouveau cadencement de livraison dans les unités de soins sera mis en place, adapté à leurs besoins et supervisé par des référents logistiques d’étages. Ils s’appuieront sur un outil informatique amélioré.  L’outil de WMS (logiciel KLS Hospilog) déjà en fonctionnement sur la plateforme logistique depuis 2016 a fait l’objet d’une mise à niveau via des développements spécifiques et d’une montée de version pour accompagner ces changements, notamment des évolutions du module de commande dans les services (e-order).

Davantage de références en stock

Pour prévenir toute rupture d’approvisionnement, 1500 références de produits seront suivies en stock sur la plateforme contre 1000 précédemment sur un total de références en machine de 16 000.

Pour Léonard Dupé, ce système est pensé « à flux tirés plus que tendus » car son déclenchement incombe aux responsables de la logistique plutôt qu’aux soignants. Il nécessitera une période de rodage mais l’ensemble est susceptible de rendre un meilleur service, plus rapide et précis.

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *