C’est une entrée sur les chapeaux de roues qu’a effectuée Diana Karrouz. Trois mois après son arrivée à la direction commune des trois centres hospitaliers des Yvelines, la crise sanitaire frappe la France. « Moi qui voulais être dans l’opérationnel, je fus servie », reconnaît-elle, avant d’expliquer : « avec la gestion à mettre en œuvre au plus près du terrain, j’ai pu rencontrer tous les agents de l’hôpital et être identifiée rapidement. J’ai beaucoup appris. » La crise a aussi montré la place majeure de la logistique au sein d’un hôpital. Pour l’anecdote, elle est allée jusqu’à acheter du tissu à Bobigny un dimanche avec la carte bleue de l’hôpital pour la confection de surblouses pour les soignants.
Une appétence pour le droit public
Juriste de formation, Diana Karrouz a toujours été attirée par le droit public. Dès sa troisième année de licence en droit, effectuée à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne – « le rêve pour tout juriste » – cette Lyonnaise d’origine savait qu’elle travaillerait dans la fonction publique. « J’ai toujours été fascinée par le pouvoir de l’administration vis-à-vis des administrés dans le but de servir l’intérêt général, et je souhaitais moi aussi le servir. » Rapidement, elle réalise qu’elle ne fera pas du droit stricto sensu. « Je n’envisageais pas ma vie professionnelle exclusivement derrière un bureau, à rédiger des dossiers juridiques. »
En quête de pluriprofessionnalité, de dynamique d’action, elle se renseigne auprès de plusieurs corps de métier, jusqu’à rencontrer un directeur d’Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). La révélation. Le lien avec les résidents, les familles, les différents corps de métier, la gestion des ressources humaines, les finances, la logistique : l’emploi du temps varié du directeur d’Ehpad correspond point par point à ses attentes.
Trois concours à l’EHESP
Pour la suite de ses études, ce sera donc les concours de l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP), préparés en 2017, en parallèle d’un Master 2 en droit public des affaires, précédé d’un Master 2 en contentieux public, « pour assurer mes arrières en cas d’échec ». Si dans un premier temps, elle prévoit de passer le concours de directrice d’établissement sanitaire, social et médico-social (D3S), elle décide aussi de tenter sa chance pour ceux d’attachée d’administration hospitalière (AAH) et de directrice d’hôpital. Reçue aux trois concours, elle élimine la formation d’AAH. « J’ai ensuite hésité entre D3S et directeur d’hôpital », se rappelle-t-elle. En échangeant de nouveau avec le directeur de l’Ehpad, il lui confie que la solitude dans son poste et le manque de relais sont difficiles au quotidien. « Cette solitude ne me correspondait pas, je voulais faire partie d’une équipe. »
La découverte de la logistique et des achats
En janvier 2018, elle rejoint donc la formation de directeur d’hôpital. Pendant ses études, elle effectue un stage auprès d’une direction de groupement au sein des Hospices civils de Lyon (HCL) et se voit confier des missions sur des portefeuilles variés, dont la logistique. « J’ai été convaincue par ce poste stratégique et opérationnel, fait-elle savoir. Il implique de mobiliser des ressources en RH, en finances, en gestion de projets complexes et d’assurer de l’accompagnement de terrain auprès d’équipes aux profils variés. » A l’issue du stage, son orientation est toute tracée : ce sera soit une direction RH, soit une direction achat et logistique, pour être proche des équipes, et ce, en Ile-de-France, pour des raisons personnelles.
Le bioméd en plus
Diplômée fin 2019, elle postule au sein de différents établissements et obtient rapidement le poste de directrice adjointe au pôle achat, hôtellerie, logistique de la direction commune des trois établissements hospitaliers des Yvelines, avant d’endosser la casquette de directrice trois ans plus tard. « En tant que directrice adjointe, j’étais déjà très autonome à mon poste », confie-t-elle. La seule différence avec cette promotion : la corde du biomédical qui s’ajoute à son arc. « C’est challengeant car je travaille avec des équipes ayant une technicité et un niveau d’expertise sur un domaine que je ne maîtrise pas encore totalement », reconnaît-elle.
Avec ce nouveau périmètre, elle est davantage au contact des médecins et en lien avec les projets médicaux. Désormais, ses axes d’actions consistent à moderniser les pratiques d’approvisionnement et de logistique pour améliorer les conditions de travail des soignants. Son autre défi ? Sécuriser les approvisionnements dans un contexte de tension et d’inflation et réduire l’impact de l’activité hospitalière sur l’environnement. Un programme ambitieux réalisé de concert avec son directeur adjoint.