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Air GHT reprend son envol

Après sept premiers vols tests, Air GHT, expérimentation de transports par drone pilotée par le CHU d’Amiens, le CH d’Abbeville, le CH de l’arrondissement de Montreuil-sur-Mer et la société Delivrone, démarre une deuxième série de 30 vols à compter du mois d’octobre. Objectif : vérifier scientifiquement dans des conditions réelles la faisabilité de l’acheminement de prélèvements biologiques et de biberons pour prématurés grâce à ce petit aéronef.

© JMB

Les ailes du désir ne suffisent pas toujours. Le 26 septembre, les « forces de la nature » ont empêché le décollage du drone, a regretté Didier Renaut, le DG du CHU d’Amiens, lors de la cérémonie d’inauguration du projet d’Air GHT.  Il est vrai que la météo de la capitale picarde n’était pas vraiment de la partie : des vents forts « vigilance orange », plus une bonne « drache » comme on dit dans les contrées septentrionales, ont cloué l’engin au sol.

Plus rapide, moins carboné

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Pour autant, Air GHT, fruit déjà de plus de deux ans de travail (lire notre article du 3 juillet 2023) et financé avec l’aide de l’ARS et du conseil départemental de la Somme, poursuit son plan de vol. « Nous pouvons participer à l’acceptation du drone dans le secteur de la santé », s’est enthousiasmé Didier Renaut.

Le directeur général du CHU picard a rappelé l’intérêt de ce transport 2.0, d’abord expérimenté pour l’acheminement des prélèvements biologiques et de biberons de lait maternel destiné aux prématurés : proposer à tous les habitants du territoire la même qualité de service en gagnant du temps et en limitant l’empreinte carbone.

Aujourd’hui, des navettes routières se chargent de convoyer les prélèvements biologiques entre les trois hôpitaux. Deux fois par jour à un horaire fixe. « Les prélèvements doivent être prêts à telle heure pour que le coursier puisse les emporter au CHU. Si le patient est prélevé une demi-heure trop tard, il faudra attendre la navette suivante. Et l’analyse sera décalée », a expliqué le Dr Baptiste Demey, biologiste au CHU. Le drone offre une formule plus souple en cas d’urgence.

Trente vols à partir d’octobre

L’équipe de biologie investie dans le projet : Baptiste Demey, Charlotte Durand-Maugard, Sandrine Castelain et Annelise Voyer

Après sept premiers vols tests, le CHU, le CH d’Abbeville et le CHAM vont démarrer une deuxième vague d’essais, toujours menée avec la start-up normande Delivrone. À partir d’octobre, 30 autres vols sont prévus. À la vitesse de 100 km/h et une altitude de 100 mètres du sol. Dans une zone réglementée temporaire (ZRT) de 99 km (couloir aérien octroyé par la Direction générale de l’aviation civile, NDR).

Ces liaisons aller-retour entre les trois sites ont pour but de vérifier techniquement et scientifiquement que le transport par drone n’affecte pas les échantillons. « Nous devons nous assurer qu’il n’y a pas d’hémolyse (destruction des globules rouges dans le sang, NDR) provoquée par les vibrations », a illustré le Dr Annelise Voyer, biologiste au CHU. Les prélèvements seront dupliqués et aussi expédiés par route. Aux fins d’une analyse comparée.

Vérifier la constance de la température

Autre point principal de vigilance : la maîtrise de la température. Air GHT veut valider la capacité du système à la conserver pendant toute la durée du vol pour plusieurs configurations : température ambiante (entre 18 et 25°) comme le CHU de Caen avant lui (lire notre article du 29 avril 2024), mais aussi pour des températures négatives, ou bien comprises entre 0 et 4° s’agissant du lait maternel.

Martial Roucout

Ce souci de tester « en condition réelle » est l’une des particularités d’Air GHT : le petit zinc piloté à distance se pose ainsi sur le toit de l’hôpital.  « Le drone est-il une solution future pour les transports logistiques entre hôpitaux ? C’est grâce à ce dossier que l’on pourra venir le démontrer », a estimé Martial Roucout, directeur de la  coopération territoriale, de la recherche et de l’innovation du CHU. Cofondateur de Delivrone, Gautier Dhaussy est naturellement convaincu :« à la fin de la décennie, le drone sera un standard ». Mais avant qu’Air GHT soit définitivement sur un petit nuage, il lui faudra attendre 2025 et le bilan de ses trente vols.

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