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LENA, logement transitoire pour éviter le retour à l’hôpital

Alors que les durées moyennes de séjour décroissent, la question des ré-hospitalisations précoces se fait de plus en plus prégnante, notamment pour les plus âgés que fragilisent ces retours parfois un peu précipités. Depuis novembre 2021, le CCAS de Cognac expérimente donc un « Logement évolutif pour une nouvelle autonomie », sas temporaire justement pensé pour mieux préparer la personne et son logement.

© Sekense

Ce n’est un secret pour personne : le taux de ré-hospitalisation augmente avec l’âge, 16,3 % pour les patients âgés de 65 ans et plus, jusqu’à 18,4 % pour les patients âgés de 75 ans pour taux brut situé à 12 % (« Les réhospitalisations à 30 jours (RH30) »- DGOS , 2018)… Or, ces chiffres ne sont en rien une fatalité, et près d’un quart serait même évitable selon une étude menée par Van Walwaren en 2012. Leur cause ? Une autonomie fragilisée et/ou un environnement inadapté.

Une expérimentation article 51

Portée par le Centre d’expertise national des technologies de l’information et de la communication pour l’autonomie et la santé (CENTICH-VyV 3 Pays de la Loire) et un cahier des charges récemment revisité (arrêté du 16 juillet 2024), une expérimentation au titre de l’article 51 apporte donc sa solution depuis quatre ans sur la base d’un parcours coordonné offrant la possibilité d’un hébergement temporaire en logement de transition assistée.

Nom de code : LENA pour « Logement évolutif pour une nouvelle autonomie » . Tout comme Saumur, le CCAS de Cognac teste la formule, en partenariat avec les hôpitaux du Grand Cognac. « L’objectif est clair : sécuriser la sortie d’hospitalisation des plus de 60 ans en anticipant les modalités de leur retour à domicile par un accompagnement humain et technique compensant leur perte d’autonomie », décrit le directeur du CCAS de Cognac, Ludovic Poujade.

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Articulé entre l’hôpital et le domicile, le projet repose ainsi sur le suivi continu d’une équipe dédiée LENA (ergothérapeute, travailleuse sociale), en collaboration avec les intervenants extra-hospitaliers partenaires (médecin traitant, équipe médico-sociale…).

Au cœur du dispositif s’affiche surtout la possibilité d’un séjour de 21 jours maximum dans un « appartement-sas » situé en résidence autonomie, le temps de prendre en main les aides techniques devenues nécessaires mais aussi d’adapter le logement de la personne.

Des aménagements personnalisés

« Dès l’hôpital, chaque patient peut ainsi, s’il le souhaite, déclencher les visites d’un(e) ergothérapeute dont les préconisations permettront de modifier sa résidence en conséquence pendant que lui-même bénéficiera d’une prise en charge adaptée et rééducative en résidence autonomie », explique le responsable.

Pour ce faire, trois des logements de la résidence Alain-de-Raymond de Cognac se sont donc habillés des derniers atours – et atouts – d’une domotique venant faciliter des actes rendus difficiles au sortir de l’hôpital.

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« Chemins lumineux et détecteurs de chute mais aussi portes et volets roulants connectés ou encore éclairages, sièges, lits et plans de travail réglables, le tout piloté depuis une tablette numérique… À chaque occupant son scénario d’aménagement en fonction des préconisations de l’ergothérapeute au regard de ses besoins », détaille Ludovic Poujade.

133 000 euros de travaux

Le dispositif n’est évidemment pas sans exiger certains investissements. De la part de l’établissement d’abord : « 133 000 euros de travaux d’aménagement, financés avec l’aide du conseil départemental et du bailleur social propriétaire du bâtiment », rapporte le directeur cognaçais. Bien que sans reste à charge (hormis les éventuels repas collectifs pris en résidence autonomie), il peut aussi, en fonction de ses ressources, imputer au bénéficiaire une participation aux travaux de son domicile.

Mais « fondés sur des forfaits très inférieurs au modèle sanitaire – 491 € pour les évaluations et mise en œuvre du projet de vie auquel s’ajoute un forfait complémentaire, soit de 587 € pour les patients bénéficiant d’un logement de transition durant 15 jours ou moins, soit de 903 € pour une occupation de 21 jours – LENA a l’immense avantage de désengorger les hôpitaux tout en favorisant une réinstallation à domicile dans de meilleures conditions de sécurité et de confort », assure-t-il.

Une seule personne réhospitalisée

Alors que sonne l’heure de l’évaluation, les chiffres dont d’ailleurs là pour en témoigner : 75 seniors accueillis en trois ans et demi à Cognac, dont la majorité a pu ensuite réintégrer son domicile, à l’exception d’une entrée en Ehpad et trois en résidence autonomie.

« Une seule ré-hospitalisation a été enregistrée sur l’ensemble de la période et sans lien avéré avec la première fois », insiste le dirigeant. Sur la base de ces résultats, le dispositif LENA pourrait donc être étendu à d’autres territoires dès 2025 afin d’offrir de manière pérenne une nouvelle porte d’entrée aux sorties.

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