Inventée quelque part en Mésopotamie aux alentours de 3 500 à 3 000 ans avant J.-C, la roue pourrait bien, 5 000 ans plus tard, changer à nouveau la face du monde – du moins professionnel – en se couplant avec une assistance électrique à l’entraînement, au pivotement et au freinage par plug and play. C’est en tous les cas le pari d’un certain nombre de sociétés parmi lesquelles Tente qui – aux côtés du CH d’Arras – présentait son kit « E-Drive » à la journée « Robots et automates », organisée par l’ANAP et le Resah le 28 juin dernier.
Les TMS, première cause d’indemnisation pour maladie professionnelle
Les chiffres en témoignent malheureusement : si le mal de dos représente déjà un quart des accidents du travail dans les secteurs sanitaire et médico-social, les troubles musculosquelettiques (TMS) y constituent carrément 95 % des maladies professionnelles reconnues, notamment lorsque tirer et/ou pousser des charges font partie du quotidien. Une catastrophe humaine au premier chef bien sûr, mais aussi un fléau managérial et un véritable gâchis économique avec 2,3 millions de journées de travail perdues chaque année par ce fait (chiffres Assurance Maladie – 2023).
L’espoir des aides techniques
Le CH d’Arras n’échappe pas à ces statistiques : « sur ce site où le personnel non médical représente quelque 2 500 agents, 17 % des accidents de travail sont imputables aux TMS, sans même y inclure les agents de manutention », pose d’entrée Anne-Sophie Tournon. Conseillère en prévention des risques professionnels au GHT de l’Artois-Ternois et tout particulièrement sensibilisée au sujet, cette dernière s’efforce donc de maintenir le plus longtemps possible dans l’emploi les personnes ainsi « abîmées ». Avec un credo : « seules les aides techniques pourront sauver de ces atteintes, dès lors qu’elles sauront bien se faire approprier par les agents. »
Un rôle essentiel sur les rolls
Testée sur une agente de bionettoyage en poste adapté dont le chariot de ravitaillement d’étage approchait encore les 300 kg, la roue électrique additionnelle affiche son rayon d’action : « elle annihile les efforts de pousser-tirer, rarement quantifiés mais néanmoins préjudiciables, et assiste aussi le freinage », rapporte la professionnelle. Mieux encore : en rendant ainsi les processus de travail plus faciles et ergonomiques, le procédé, initialement approché pour ses qualités curatives, a très vite révélé ses atouts préventifs aux agents techniques dont les servantes d’ateliers flirtent aussi avec les 200 kg.
Un kit « plug and play »
Résultat : la fameuse roue motorisée allège aujourd’hui la charge de travail d’une dizaine d’agents nordistes. Commercialisée sous la forme d’un kit « plug and play » (moteur d’entraînement, unité centrale, paire de poignées, batterie de 3 heures de fonctionnement et chargeur) montable en interne ou par un prestataire, elle s’adapte à tous les types de chariots de l’établissement : entretien, hôteliers, techniques… Et d’autres acquisitions sont prévues, dédiées notamment aux personnels de déménagement.
« Pour un coût compris entre 2000 et 2500 euros selon les configurations, possiblement pris en charge pour partie (FIPHFP, Contrat local d’amélioration des conditions de travail, etc.) l’opération n’est pas seulement un formidable progrès au bénéfice des agents », souligne Anne-Sophie Tournon. Elle l’assure : « au regard du coût engendré par les TMS – jusqu’à plus de 60 000 euros pour une atteinte du rachis, sans compter les jours d’absence – cette roue électrique s’avère aussi une véritable plus-value financière pour le collectif. » Autrement dit motrice d’une belle avancée.