un journal proposé par le Resah

Drones : le projet du GHT Somme Littoral Sud en attente de décollage

Une logistique intersites plus rapide et plus respectueuse de l’environnement… Telle est l’ambition du GHT Somme Littoral Sud qui se lance dans le transport biologique par drone. Une expérimentation au long cours sur un parcours de 100 km, pour s’assurer que ce ne sont pas des promesses en l’air…

© Céleste Drone

En matière logistique, la nouvelle vague viendra-t-elle d’en haut ? Afin d’optimiser les délais de transport et de rendus de résultats au sein de son réseau de biologie tout en réduisant son empreinte environnementale, le GHT Somme Littoral Sud fait ainsi le pari du drone. Objectif : tester dès que possible ce mode entre trois de ses établissements avec la ferme ambition d’un maillage territorial à 5 ans.

Une batterie de tests impérative

Aux instruments, les chiffres seraient éloquents : « 95 % d’émissions de GES en moins, pour un temps réduit de moitié par rapport à un transport routier classique », selon Gautier Dhaussy cofondateur de la start-up spécialisée Delivrone. Les deux partenaires présentaient pour la première fois cette dynamique à la journée « Robots et automates », organisée par l’ANAP et le Resah le 28 juin dernier.

© Delivrone

Mais si les retombées semblent donc bien au rendez-vous, le succès ne vient pas pour autant du ciel – tant s’en faut – exigeant des années de mises à l’épreuve, de négociations et de patience. C’est en effet un sujet qui, aux dires de Martial Roucout, directeur adjoint recherche & innovation du CHU Amiens Picardie et délégué au GHT Somme Littoral Sud, « bouleverse les organisations, les pratiques et les relations interinstitutionnelles. »

Malgré un cadre réglementaire acquis depuis 2021, le projet nordiste d’un réseau de drones, préprogrammés pour faire des allers-retours autonomes entre les laboratoires de biologie, doit ainsi bien prouver à chacun qu’il opère en toute sécurité avant de décoller.

Des protocoles de sécurité drastiques

Première exigence : la maitrise du risque « air » et « sol » afin d’obtenir l’autorisation d’opérations de la part de la Direction de la Sécurité de l’Aviation Civile, principal décideur dans cette innovation. Plus long trajet réalisé en France à ce jour, les 100 km tracés entre le CH de l’arrondissement de Montreuil-sur-Mer, le CH d’Abbeville et le CHU d’Amiens ne seront donc pas tirés en ligne droite pour minorer le survol des populations et des 46 communes survolées.

©Sofrigam Group

Par ailleurs, tous les vols se voient supervisés à distance par des télépilotes professionnels. Enfin, « quatre sacoches spéciales ont été, pour l’occasion, fabriquées, testées et labellisées afin de prévenir toute dispersion des prélèvements en cas de crash », a rapporté Gautier Dhaussy

30 vols expérimentaux

Deuxième impératif, d’ordre médical cette fois : garantir aux patients et soignants l’intégrité des prélèvements et biberons qui seront transportés à 120 km/h à une centaine de mètres au-dessus du sol (norme 15 189). L’utilisation de drones médicaux, aptes à transporter selon la norme UN3373 et intégrant un maintien et un suivi digital de température (4 niveaux de -20° à 15°-25°), devrait l’assurer mais « un protocole de recherche de 30 vols démontrera prochainement, scientifiquement, s’il y a modification ou pas des paramètres biologiques », pose Martial Roucout.

Forts de ces garanties, le CHU d’Amiens et Delivrone sont désormais dans l’attente imminente d’un couloir aérien dédié pour démarrer les premiers vols d’expérimentation en conditions réelles… Des « démos » qui ne promettent pas seulement un gain de temps et d’impact : « d’une capacité de charge de 3-4 kg, les drones, prévus pour atterrir sur des « vertiports » installés sur des espaces sécurisés (principalement des terrasses), rapatrieraient ainsi deux fois par jour une centaine de prélèvements et de biberons à l’établissement support avec l’ambition d’être plus économique », estime le responsable de Delivrone.

Inscrite dans le souhait de participer à la décarbonation du transport, cette innovation est soutenue par le conseil départemental de la Somme dans le cadre du projet « Vallée de Somme, Vallée idéale ». L’expérimentation permettra par ailleurs de venir préciser le modèle économique à envisager au regard des investissements consentis pour ce projet pilote incontestablement de haut vol.

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