« La qualité du service rendu ». Depuis bientôt quarante ans, Hervé Signoret, Provençal pur jus, est tenaillé par l’exigence de toujours mieux faire. Il faut dire qu’il a débuté sa carrière professionnelle dans l’hôtellerie-restauration de luxe. Pas derrière les fourneaux, mais « face à la clientèle ». Une sacrée école, en raison du niveau d’excellence demandé. Cette première tranche de vie le fait voyager, du Royaume-Uni à l’Helvétie, d’établissement étoilé en palace. Ses responsabilités l’amènent à découvrir la dimension achats, du mobilier aux spiritueux. De quoi donner envie de poursuivre dans cette veine.
Sa devise : mieux acheter pour mieux soigner
En 2001, une clinique marseillaise lui en donne l’occasion. Elle le choisit pour prendre la tête de l’hôtellerie et des services généraux. Hervé Signoret a mis le doigt dans l’engrenage. Celui du « mieux acheter pour mieux soigner », résume-t-il, avec cet accent chantant cher au cœur de Frédéric Mistral. Cinq ans après, il pousse les portes du CH de la Dracénie, comme responsable des achats. Une période marquée par le début de la professionnalisation du métier dans le secteur sanitaire. « Il n’y avait pas de pratiques harmonisées, pas de reporting, pas de culture de la performance des achats », se souvient-il.
Une décennie plus tard, le voilà acteur de la petite révolution des GHT. Direction Toulon, établissement support, comme adjoint du directeur des achats. « J’ai été le premier à rendre mon PAAT (plan d’actions achat de territoire, NDR) », rappelle-t-il, avec une petite pointe de fierté. Pendant six ans, il se démène en faveur de l’approche territoriale.
La fonction achat ne sait pas mettre en valeur les services qu’elle rend
L’expérience est mi-figue mi-raisin. « Même si le GHT a été l’opportunité d’améliorer les pratiques, de coopérer, d’optimiser les organisations et de dégager des gains, je pense que nous sommes passés à côté de certains choses après la crise Covid. Il y avait une opportunité de mettre en avant la fonction achat, de montrer ce qu’elle peut porter en interne, comment elle peut être un véritable levier de transformation, de création de valeur », analyse-t-il.
Hervé Signoret confesse bien volontiers qu’il aurait aimé aller plus loin. Histoire de parvenir à légitimer les achats comme force de proposition grâce à des dossiers « sponsors », à l’image de l’expérimentation menée avec un industriel pour revoir de manière innovante la préparation cutanée d’une opération (lire notre article du 1er août 2024).
« La fonction achat communique très mal », considère-t-il. « Ses résultats ne sont pas assez perceptibles pour les organisations et les directions générales. Nous ne sommes pas capables de démontrer toutes les dépenses évitées grâce à nos actions, tous les services rendus aux patients et la qualité de vie au travail des équipes », regrette-t-il. Pour autant, celui qui se définit comme « un homme de contact ayant pour but de toujours apprendre et de s’enrichir grâce aux belles rencontrées réalisées » ne baisse jamais pavillon.
Apporter son expérience à l’agglomération
En septembre dernier, il demande un détachement et passe dans la territoriale. Et repart à Draguignan. « Je suis content de travailler pour ma ville. Pour modestement transformer la fonction achat et l’amener vers une performance durable au bénéfice des usagers et des communes. »
Le professionnel chevronné se retrousse à nouveau les manches. D’abord avec une cartographie des dépenses (180 millions d’euros) et une nomenclature. « Mon objectif, c’est de voir quels segments peuvent être orientés vers des achats nationaux ou locaux ». Autre dossier sur la table : la rédaction programmée d’un Spaser.
Il souhaite améliorer le circuit d’achat, qu’il s’agisse de l’expression du besoin ou de la planification, remplir la boîte à outils, ou encore donner du lustre au sourcing encore peu pratiqué. « Il ne faut pas voir les fournisseurs comme des ennemis, mais bien comme des partenaires susceptibles d’apporter des solutions opportunes. »
Un changement de paradigme qu’il veut réussir de manière « collaborative et transversale », en étant un « facilitateur auprès des directions opérationnelles ». Le réseautage figure aussi au tableau. Hervé Signoret compte bien profiter de sa connaissance des deux mondes pour établir une passerelle, car les contacts entre acheteurs territoriaux et hospitaliers sont pratiquement inexistants.
Ceinture noire de krav-maga
Lorsqu’il a du temps libre, pour se délester du stress emmagasiné, ce grand sportif devant l’Eternel s’entraîne au krav-maga, qu’il pratique depuis treize ans. Ceinture noire de 3e dan, il enseigne même cette discipline de self-défense. « Ce qui me plaît, c’est la transmission, la pédagogie, le partage. »
Néanmoins, il ne peut s’empêcher de faire le lien avec son métier. « Comme pour un achat, il faut être capable de faire preuve de discernement, d’anticiper, de réagir de façon instantanée pour un résultat rapide. Il n’y a pas de droit à l’erreur ». Exigeant au bureau, exigeant dehors, décidément, on ne changera pas Hervé Signoret.