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Mieux commander ses médicaments, c’est bon pour le portefeuille et le climat 

Sanofi expérimente auprès de cinq établissements de santé de Nouvelle-Aquitaine, l’optimisation de la commande de médicaments. Notamment par la création de paniers de produits en fonction de leur consommation. Une façon d’améliorer le bilan carbone et de limiter le nombre de factures à traiter.

© Epictura

Sanofi a été sélectionné par l’Agence de développement et d’innovation (ADI) de Nouvelle-Aquitaine et distingué dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) Tesna (Transition environnementale en santé en Nouvelle-Aquitaine) pour un projet de logistique des produits de santé. L’industriel estime en effet que la manière dont on commande des médicaments a aussi un impact écologique.

Repenser la logistique du médicament « est une action qui peut s’envisager en région car elle ne dépend que des acteurs locaux, de plus elle peut être immédiate », explique Cyril Vincent, responsable grands-comptes hospitaliers Nouvelle-Aquitaine et Midi-Pyrénées chez Sanofi. « Agir sur la façon de commander permet de réduire l’impact environnemental de l’approvisionnement en produits de santé », ajoute-t-il. Cet exercice a par exemple déjà été initié par la pharmacie du CHU de Nantes avec des résultats à la clef (lire notre article du 6 décembre 2023).

De 25 à 1.200 commandes par an

Sanofi qui référence 200 médicaments pour les hôpitaux relève qu’en Nouvelle-Aquitaine, le nombre moyen de commandes par établissement est de 79 . « Pour les gros centres hospitaliers (CH) ou les CHU, le nombre de commandes oscille entre 25 pour les établissements les plus avancés et 1.268 pour ceux qui ont le plus de marge de progression », indique Cyril Vincent.

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Ce nombre élevé de commandes conditionne les types de livraison : 46 % par des expressistes, 48 % par de la messagerie et 6 % par du fret. « Les petites commandes de moins de 25 kg sont livrées par des expressistes. Pour les commandes allant jusqu’à 2 palettes, le choix se portera sur de la messagerie. Et si on va au-delà de 2 palettes, un camion est spécialement affrété », détaille-t-il.

Massifier les commandes

Le but du projet est de « réussir à massifier les commandes, en réunissant autour de la table toutes les parties prenantes : les pharmaciens bien sûr, mais aussi la direction logistique et la direction des finances, afin de faire émerger des pistes d’optimisation », fait savoir Cyril Vincent.

Pour le mener à bien, Sanofi a identifié cinq établissements tous volontaires : le CHU de Limoges et quatre centres hospitaliers support de GHT (hôpital de Saintes, de Mont-de-Marsan et d’Agen et celui de la Côte Basque (à Bayonne)). « Le projet a été lancé sur 4 établissements entre septembre et novembre, le CH de la Côte Basque ayant rejoint le projet après les autres », renseigne Cyril Vincent.

Données de colisage

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Sanofi propose d’accompagner l’établissement en analysant les commandes passées au cours des 12 derniers mois : leur nombre, le volume de lignes par commande, le type de livraison, etc.  « Nous réalisons un diagnostic sur la façon dont les hôpitaux s’approvisionnent, avec le pourcentage de commandes au carton standard par exemple. Nous assurons également un suivi dans le temps de ces achats »,  complète le responsable grands-comptes hospitaliers. Sanofi fournit de plus « le coût immobilisé pour chaque carton standard ».

Suite à ce diagnostic, l’industriel fait des propositions d’amélioration : « Nous suggérons aux établissements un panier avec les produits les plus consommés à commander une à deux fois par mois. Puis un deuxième panier pour des médicaments à commander tous les 3 mois. Puis un 3è panier, pour les produits à commander tous les 6 mois ».

Réduire les livraisons et les émissions

« Quand un carton standard d’antibiotiques, d’antalgiques, d’anti-inflammatoires coûte une somme modique, est-ce bien raisonnable de les commander boite par boite chaque mois ? », s’interroge Cyril Vincent. L’idée est d’avoir au final, un peu plus de stock.

Pour réduire les émissions carbone des médicaments, réduire le nombre de livraisons, avec un minimum d’impact financier est un des leviers facilement activable en région. Cela permet également de diminuer les déchets (moins de cartons d’emballage) et d’améliorer le profil des livraisons (moins d’expressistes et plus de fret). « Moins de commandes, c’est aussi moins de factures et plus d’économies. En effet, on estime à 250 euros le coût de liquidation d’une facture », estime-t-il.

Bilan carbone dans un second temps

« Le fait de participer à cet AMI permet de donner du poids à cette démarche. Elle permet d’impliquer davantage la gouvernance de l’hôpital », note Cyril Vincent. « L’évaluation des postes d’émissions carbone sera réalisée dans un second temps, avec le transporteur », assure-t-il. Elle s’appuiera sur le diagnostic, « pour fournir l’état initial, le t 0 ». In fine, l’objectif du projet est  « coconstruire avec l’établissement une méthodologie qui pourra être répliquée pour d’autres fournisseurs », conclut-il.

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