achat-logistique.info : quel est votre sentiment sur la maturité du secteur de la santé en matière d’achat responsable ?
Marielle Pierdon : « La crise sanitaire a accéléré le mouvement pour des pratiques plus responsables dans les achats, avec la prise de conscience de la dépendance vis-à-vis de fournisseurs lointains et très carbonés. Cependant, le secteur est malheureusement encore un peu à la traîne par rapport à l’Etat ou aux collectivités et évolue au rythme des obligations réglementaires, à l’image de la loi Egalim. Mais toutes les dispositions législations incitatives, comme les indices de durabilité et de réparabilité de la loi Agec, ne sont pas obligatoires à l’hôpital.
Les achats sont pourtant le levier n°1 en faveur du développement durable. Il n’y a pas mieux qu’eux. C’est une fonction transversale qui touche l’ensemble des activités d’un hôpital. En plus, il s’avère que les achats figurent parmi les domaines les plus émissifs de gaz à effet de serre, notamment ceux concernant les médicaments et les dispositifs médicaux, comme l’ont montré les récents travaux du Shift Project (lire notre article du 13 mars 2023).
Cela dit, il y a une réelle acculturation sur les sujets de développement durable qui ont été intégrés dans les lignes stratégiques des établissements de santé. La mise en œuvre côté achat reste hétérogène et demeure un peu plus difficile. Car pour certains, une démarche responsable induit un surcoût. Ce n’est qui n’est pas toujours le cas lorsqu’on raisonne en coût global et en cycle de vie. C’est un changement de pratiques qui peut s’avérer compliqué. Les achats responsables sont donc un sujet qui nécessite une ingénierie et une expertise. Et il faut une montée en compétence des professionnels qui doivent être formés à ces techniques. »
achat-logistique.info : Est-ce pour cette raison que le Resah lance un guichet à destination des acheteurs hospitaliers responsables ?
Marielle Pierdon : « Oui, le GIP, premier acteur public de la santé à avoir obtenu le label Relations Fournisseurs et Achats Responsables, a compris qu’il y avait un sujet réel de formation et d’accompagnement pour aider les établissement qui veulent s’engager vers plus de RSE à travers leurs achats. J’insiste là-dessus. Ce guichet a vocation à informer, former, outiller, à partager en mettant en lumière des travaux nationaux ou internationaux, et à accompagner. »
achat-logistique.info : En quoi va-t-il consister ?
Marielle Pierdon : « C’est un bouquet de services accessible via un espace dédié sur le site du Resah. Les acheteurs pourront poser des questions directement, avec une réponse dans les 72 heures, soit choisir de prendre un rendez-vous téléphonique, en indiquant le thème de la problématique. Il pourra s’agir de questions générales ou relatives aux marchés de la centrale avec leurs réponses en termes de décarbonation, de qualité de vie au travail, d’optimisation énergétique…
Le guichet proposera une base de données, morceaux choisis d’outils réalisés par des partenaires (ANAP, guichet vert du GIP Maximilien, C2DS…), mais aussi des fiches réalisées par le groupe d’étude et de benchmark sur comment mettre en œuvre le parcours national RFAR dans un établissement de santé ou un GHT, et une revue jurisprudentielle. Une troisième brique est constituée par une sélection de parcours de notre centre de formation et par des webconférences de partage d’expériences. Le dispositif sera complété par l’envoi d’une newsletter mensuelle. L’ensemble des ressources sera disponible en septembre. »
achat-logistique.info : Ce bouquet sera-t-il réservé aux adhérents hospitaliers du GIP ?
Marielle Pierdon : « Dans un premier temps, il sera disponible gratuitement pour les hôpitaux et les groupements de coopérations sanitaire. Il pourrait s’élargir, à terme, à tous les autres bénéficiaires : collectivités, offices publics d’habitat, SDIS, mais aussi aux fournisseurs pour qu’ils puissent, eux aussi, pouvoir monter en compétence sur les attendus des acheteurs. »
achat-logistique.info : Le guichet est-il amené à s’étoffer ?
Marielle Pierdon : « Naturellement, il sera régulièrement alimenté par des nouveautés et nous proposerons d’autres outils pratiques au fil du temps, comme, par exemple, des matrices de cartographie des risques… »
