Baromètre ObsAR 2024 : des progrès à conforter

Pour la quinzième année, le baromètre de l’Observatoire des Achats Responsables (Obsar) a rendu son verdict. Il pourrait tenir en une appréciation : des progrès incontestables mais peut mieux faire encore, à condition de s’en donner les moyens.

Comme chaque année depuis 2010, l’Observatoire des Achats Responsables (ObsAR) a, mardi 4 juin, rendu public son baromètre 2024, pour cette 15ème édition conduit avec le concours de Manutan, e-Attestations et l’Afnor. Ce sont ainsi les pratiques de 403 organisations qui ont été scrutées en ligne entre le 30 janvier et le 12 avril 2024, pour 80 % issues du secteur privé et 20 % de l’univers public (31 % État, 26 % établissements publics, 25 % collectivités, 6 % hospitaliers…)

Un engagement généralisé

Le premier enseignement est plus que positif : alors qu’un répondant sur deux fait partie de la fonction achats et un tiers assument une fonction de direction (achats ou générale), 93 % des enquêtés rapportent la mise en place d’une stratégie achat responsable, près d’un tiers depuis moins de deux ans (secteur public et PME).

Dans la foulée des grandes entreprises et organisations publiques, moyennes et petites structures sont donc désormais, elles aussi, en ordre de marche ; et que la dynamique soit plutôt motivée par la mise en conformité réglementaire, comme c’est le cas dans le public (53 %), ou aiguillonnée par les attentes du marché dans le privé (33 %), la conviction s’avère on ne peut plus partagée puisque, pour 8 interrogés sur 10, les achats responsables seront considérés comme incontournables dans les prochaines années.

La charte en tête

En tête des outils mobilisés pour encadrer la démarche s’affiche la Charte (72 % contre 62 % en 2023), 10 points devant la politique achats responsables (62 %). Toutefois, les schémas de promotion des achats publics socialement et écologiquement responsables (SPASER) – dont l’obligation est dorénavant élargie à l’État et aux établissements de santé – matérialisent aussi de plus en plus souvent les ambitions en la matière des organisations répondantes… même lorsqu’elles n’y étaient pas encore contraintes d’ailleurs.

Enfin, aux côtés des référentiels du champ de la RSE (Ecovadis, Pacte mondial et norme IS0), la Charte Relations Fournisseurs et Achats Responsables ainsi que le label RFAR s’imposent comme des référentiels obligés sur le sol national.

D’abord décarboner

Côté objectifs, la dynamique, le plus souvent copilotée par les directions achats et RSE, poursuit d’abord la réduction des impacts environnementaux, première raison d’engagement dans le public comme le privé avec respectivement 53 % et 41 % des suffrages. Ainsi, stimulés par un cadre législatif fortement incitatif en ce domaine, 80 % des stratégies se concentrent sur la décarbonation des chaînes d’approvisionnement, réduction des GES et économie circulaire, et 7 organisations sur 10 approchent même le sujet dans son sens le plus large (biodiversités, pollutions).

Mais, sans doute là encore sous la pression juridique qui incombe aux entités les plus importantes (devoir de vigilance), 8 répondants sur 10 ont également engagé une démarche en faveur de sujets sociaux et sociétaux, tels que l’égalité femmes-hommes et la diversité ainsi que l’insertion et l’inclusion.

Une pondération économique qui recule

Au service de l’engagement, les moyens sont largement activés, avec dès l’amont une préoccupation RSE venant nourrir le sourcing pour ¾ des répondants. Résultats : des TPE et PME très présentes aux panels fournisseurs, ainsi que des fournisseurs locaux. Le secteur public se distingue ici par une attitude particulièrement « aidante », via l’allotissement (84 %), une démarche active auprès des entreprises ou encore la simplification des procédures. Il s’avère aussi plus attentif à intégrer toutes les organisations de l’ESS dans le cadre d’achats inclusifs et solidaires.

Last but not least : si 40 % des organisations incluent bien désormais la RSE dans leurs consultations de manière systématique, le secteur public, lui, témoigne carrément d’un vrai changement de comportement avec une pondération économique qui lâche visiblement du lest : + 20 points sur la tranche de pondération inférieure à 20 % !

Le chemin restant…

Mais aussi marquantes soient-elles, toutes ces avancées ne sauraient gommer les faiblesses encore flagrantes d’une démarche toujours en quête de maturité. D’abord la question de la cartographie des risques ESG : ainsi, plus de la moitié des répondants n’ont pas, en 2023, déployé ce socle méthodologique, un chiffre certes en baisse mais qui reste trop élevé, d’autant qu’il concerne un tiers des entités répondantes de plus de 1000 salariés et 16 % des plus de 5000 collaborateurs, principalement des organisations publiques.

Autre lacune notable : alors que près de 90 % des organisations intègrent aujourd’hui des exigences et/ou pondèrent des critères RSE dans leurs consultations, ¾ d’entre elles omettent ledit sujet lors de la définition du besoin, particulièrement dans le privé, d’où une stratégie qui peut paraître parfois plus « plaquée » qu’adoptée ! Enfin, les organisations publiques vont rarement au-delà du coût d’acquisition, contrairement aux privées qui utilisent aussi les coûts d’utilisation et les économies générées.

 

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