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Les paysages thérapeutiques de l’hôpital Edouard Herriot

Pour se projeter dans les années 2050, l’hôpital Edouard Herriot, à Lyon, revisite ses origines de cité-jardin. L’objectif de départ est de retrouver le bénéfice de paysages thérapeutiques. Mais pas seulement. Car l’objectif est aussi d’apaiser les circulations et de réduire la place prise au fil du temps par les véhicules.

© BASE

« Les architectes ne sont pas bons sur ces questions-là. » Alain Benini, chef du département architecture et maîtrise d’œuvre aux Hospices civils de Lyon (HCL) a demandé à un cabinet de paysagistes et urbanistes, Base à Lyon, de réfléchir au renouvellement de ses espaces extérieurs.

Ce travail va figurer dans un document-guide pour la mutation de l’hôpital Edouard Herriot « ce patrimoine bâti et paysager du début du XXème siècle en cité hospitalière contemporaine projetée à l’horizon des années 2035-2050 ».

Parallèlement, un cabinet d’architectes de patrimoine, le cabinet Silt, également de Lyon, a planché sur l’utilisation optimale pour la médecine de pointe d’aujourd’hui des 200 000 m2 de planchers de l’établissement formé de pavillons comme on construisait les hôpitaux au XIXème siècle.

Plus 4° Celsius

Pour l’extérieur, les paysagistes ont exposé leurs vues au récent congrès des ingénieurs hospitaliers de France, à Tours. Ils transforment les lieux mais ils sont repartis de l’idée du concepteur de l’hôpital, l’architecte Tony Garnier, en 1911, qui l’a pensé comme une cité-jardin.

Repartir de l’idée de 1911 © Archives municipales de Lyon

Les gravures de l’époque dessinent ici des bosquets, là des arbres à haute tige. Chaque pavillon avec son bâtiment de façade et ses deux ailes encadrent un jardin abrité mais ouvert. « Il y avait une conception domestique du jardin. Nous, nous avons fait un gros travail avec les patients sur ce qu’ils voyaient de leur chambre. Ils apercevront au moins un arbre de leur fenêtre », raconte Jeanne Souvent, directrice du projet à l’agence Base.

La nature, le végétal étaient supposés concourir à aller mieux comme aujourd’hui doter l’hôpital d’un paysage thérapeutique. Les paysagistes ont essayé de retrouver les essences d’arbres dessinées par Tony Garnier. Ils ont réinventé et enrichi le paysage de nouvelles essences d’arbres en l’imaginant en 2050 dans la perspective d’une élévation de la température de 4°C.

Basculements d’images

Seconde étape, ils ont mené une concertation avec tous les « usagers » de l’hôpital, professionnels de santé, autres employés, patients, dans tous les services, ceux qui ne font que passer, ceux qui y séjournent. « Nous avions besoin de cette couche de données pour comprendre le fonctionnement de l’hôpital. Depuis les salariés qui descendent fumer une cigarette à la pause au patient en convalescence, du fournisseur, aux petits-enfants en visite, il y a une multitude d’usages, petits et grands, de l’hôpital, dont beaucoup de temps d’attente », indique Anaïs Gerland, également du cabinet Base.

Le projet redonne une place aux venelles entre les pavillons, ouvre la possibilité de promenades longues sur le site pour les malades qui y passent de longues périodes, installe une aire de jeux pour les enfants, sur la place centrale dont les arbres hauts se voient de loin et qui est aussi une aire de services, de commerces où il est possible de prendre un café. Bien des bancs sont positionnés sur l’ensemble du site. « Les besoins d’espaces extérieurs diffèrent selon les spécialités. Pour un service de chirurgie et un service de rééducation, nous n’aurons pas imaginé le même basculement d’images en sortant », explique Jeanne Souvent.

Réduire la place prise par les véhicules

Toutes ces évolutions sont concrétisées dans le plan-guide par un chapitre sur la palette végétale, l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, la nature des revêtements du sol, le mobilier urbain, l’éclairage, la signalétique. Deux thèmes plus techniques évoquent la gestion des eaux pluviales et le renforcement des galeries sous les voiries.

Car l’un des grands sujets a été de réduire la place prise, au fil du temps par l’automobile (voitures, ambulances, camions, poids lourds à l’intérieur de l’hôpital) entrant en conflit de fait avec l’objectif d’apaisement et de tranquillité recherché des lieux, d’abord pour les patients. « Pour rassurer les gens sur le sujet, nous avons fait une étude des mobilités », indique Jeanne Souvent.

Première transformation, les circulations ont été revues. Les deux entrées principales ont été spécialisées : l’une vouée pour l’essentiel au flux motorisé du personnel de l’hôpital ; l’autre, donnant sur les transports en commun, destinée en priorité au public qu’il faudra davantage orienter dans ses déplacements sur le site.

Stationnements en sous-sol

Ensuite, à l’intérieur, le principe a été d’apaiser les circulations. La jauge des véhicules en stationnement est passée de 1120 à 920 places dont 300 changent d’étage en « réinvestissant » des espaces peu connus en sous-sol. Classiquement, le nombre de stationnements pour les vélos augmente, pour inciter à la décarbonation des déplacements.

« L’incidence sur les quartiers environnants de l’hôpital a été étudiée avec la ville en considérant les besoins des habitants riverains et des autres services présents comme les restaurants. On a voulu sortir d’une sorte d’une sorte monoprogrammation au service unique de l’hôpital », souligne Jeanne Souvent.

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