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Le CHU Bordeaux conçoit le juste nécessaire… de toilette

À l’initiative d’une de ses aides-soignantes, le CHU de Bordeaux a repensé chaque étape de la toilette pour mieux respecter les ressources naturelles. Cette nouvelle approche avec la réduction de la consommation de l’eau, du linge, de l’usage unique, en privilégiant l’utilisation du trousseau patient, a aussi abouti à un soin plus humain.

© CHU Bordeaux

Comme bien souvent, la révolution est venue du terrain. Ainsi, interviewée à l’occasion du webinaire Anap sur les soins écoresponsables en juin, Angélique Alexandre, aide-soignante au CHU de Bordeaux, raconte : « l’environnement ayant toujours été au centre de mes préoccupations, j’ai proposé à mon équipe et à mon cadre de santé de se requestionner sur les pratiques à améliorer… Comment faire, quoi faire, dans le but de moins consommer ? » La dynamique était lancée : revisiter chaque étape du soin pour n’utiliser que le juste nécessaire… En clair, retoiletter le processus de la toilette !

Le systématique n’est plus automatique

© CHU Bordeaux

La réflexion collective porte d’abord sur les déchets : finis les sacs-poubelles supplémentaires, au bénéfice de la poche à déchets de soins non dangereux déjà présente dans la chambre, poche changée que si nécessaire.  La question de l’eau, bien évidemment, fait aussi l’objet d’une nouvelle approche « l’utilisation nouvelle de petites bassines de 2 ou 5 litres évitant de laisser l’eau couler », rapporte la professionnelle. L’économie est loin d’être négligeable : jusqu’à 10 litres par toilette !

La consommation de linge se voit également abordée avec un œil neuf, le changement des draps et/ou serviettes dorénavant opéré en fonction du besoin et non plus selon un planning fixe, et ce avec l’accord de la référente hygiène. Résultats : 80 % de sacs de linge sale (draps, serviettes de bain, taies d’oreiller) en moins pour le service en 2022, sans compter l’impact de cette nouvelle approche sur l’empreinte hydrique et l’emploi des produits lessiviels ainsi que l’allègement de taches pour les personnels.

Le trousseau patient privilégié

Angélique Alexandre © CHU Bordeaux

Enfin, la chasse à l’usage unique est ouverte, au profit du réutilisable chaque fois que cela est possible. Cela est valable pour les gants jetables en l’absence de contacts à risque tout comme pour les serviettes de table qui font leur retour en tissu, tandis que, de façon plus générale, les effets personnels – brosse à dents, dentifrice, savon, gants et serviettes de toilette…- sont privilégiés.

« Ce nouveau fonctionnement implique un échange avec le patient avant de démarrer le soin afin d’évaluer les besoins matériels mais aussi préciser les attentes et habitudes de chacun : température de l’eau, savon sur le visage ou pas… », expose Angélique Alexandre.

Plus de confort

6300 gants de toilette jetables contre 31 500 précédemment, 1500 brosses à dents à usage unique au lieu des 7900 distribuées antérieurement, 80 savonnettes vs 800… Comme les chiffres en témoignent, le constat est rapidement fait d’une dynamique très bénéfique pour l’environnement, digne – à ce titre – de figurer au « Guide des Unités durables » (disponible sur demande  via guide.unitesdurables@chu-bordeaux.fr ) dans le cadre du dispositif piloté par le docteur Noëlle Bernard du CHU bordelais afin d’être dupliqué dans d’autres services.

Mais elle l’est aussi pour le patient, « utiliser ses propres effets de toilette procurant notamment une vraie sensation de réconfort », souligne l’aide-soignante. En repensant, en fonction de la personne et de ses besoins, une organisation jusqu’alors plaquée de façon systématique, voire systémique, les soins portés s’avèrent donc à la fois plus durables et plus humains. Le juste besoin n’est plus juste une toilette.


1 réaction
  1. Schortz Thomas dit :

    Initiative à mettre en œuvre dans chaque établissement 👍

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