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La tactique « plastique » du CH de Dax-Côte d’Argent

Si le plastique enveloppe la plupart des dispositifs à usage stérile, le moins que l’on puisse dire est qu’il n’emballe pas l’environnement auquel sa production porte lourdement atteinte. Aussi l’hôpital de Dax explore-t-il depuis deux ans les voies d’une filière déchet plastique qui, à cette consommation écophage, opposerait un recyclage consommé.

© CH Dax-Côte d’Argent

Engagé dans une politique de transition écologique restructurée en 2020, le Centre hospitalier de Dax-Côte d’Argent sait combien la gestion des déchets en forme un des premiers postes avancés. Pour preuve s’aligne ici une vingtaine de filières dédiées, des lames de laryngoscope recyclées aux masques jetables transformés en tee-shirts.

16 tonnes de déchets plastiques sur un an

© Epictura

Mais en 2022, l’irréductible plastique résistait encore et toujours à la dynamique : « bien que conscients de ses impacts délétères, nous manquions de données pour avancer sur cette matière protéiforme », confie Arielle Dolléans, chargée de mission Développement Durable/Transition Écologique au sein de l’établissement. Menée par Health Care Without Harm (HCWH), une étude internationale sur « des soins sans plastique en Europe 2.0 » constitue l’opportunité de passer à l’action.

Évidemment, pas de réduction sans caractérisation ! Conduit sur deux jours au sein des services de réanimation et de pédiatrie/néonatalité du site de Vincent de Paul, un audit mesure donc d’abord la part du plastique dans les déchets de soins. Le résultat est édifiant : « sur quelque 145 kg de déchets collectés (DASRI, papier/cartonnettes, biodéchets, verre…), 125 kg partaient en DAOM dont près des deux tiers contenaient du plastique ! » rapporte Arielle Dolléans. À effectif constant, une extrapolation sur un an porte le volume à plus de 16 tonnes, soit un total aussi pesant à l’environnement que lourd financièrement. « La nécessité d’agir ne faisait plus doute », énonce l’experte dacquoise.

Deux tiers potentiellement recyclables

©CH Dax Cote Argent

Compte tenu des deux services étudiés, la moitié de ces déchets sont issus d’articles à usage médical – emballages médicaux (10 %) ou seringues et blouses chirurgicales (7 % chacun) – un quart relève des produits d’hygiène tels que les couches (17 %) et les alèses/protège matelas. « Mais connaissant la complexité de ce polymère multifamilles, lesquels de ces produits se voyaient en mesure bénéficier d’une filière dédiée ? », interroge Arielle Dolléans. L’analyse de la nature des déchets plastiques fournit sa réponse, sans appel : composé de matériaux mixtes, un tiers des déchets plastiques audités s’avèrent en effet difficilement recyclables.

Hormis les produits courants appartenant déjà à la filière 3 flux (tetra-packs, pots de yogourt…), ces éléments continueront par conséquent d’être incinérés avec les DAOM. Quant aux blouses/tabliers chirurgicaux, seringues et flaconnages, généralement fabriqués à partir de polypropylène (PP) ou polyéthylène (PE), ils pourraient certes prétendre à une nouvelle vie, mais encore faut-il dénicher la filière idoine, leur recyclage s’avérant coûteux. Ne reste donc, in fine, que les emballages, et encore pas tous, le prestataire refusant tout plastique issu du secteur sanitaire.

Éviter la « prise de tête »

© CH Dax Cote Argent

Dans la foulée, les protocoles se voient par conséquent réécrits, depuis les achats, revisités pour privilégier des produits moins emballés et/ou plus faciles à recycler, jusqu’à la collecte, testée deux mois sur six services avant d’être progressivement déployée sur l’ensemble du site à compter d’octobre 2023. « Pas question de surcharger les personnels, déjà sollicités pour acheminer les poubelles jusqu’aux locaux d’étage, par une classification trop complexe entre polymères », expose Arielle Dolléans.

Le tri s’effectuera donc par le biais de deux questions simples : l’élément considéré relève-t-il des emballages ou non  ? Et si tel est le cas, est-il médicalement connoté, c’est-à-dire répondant à un usage médical ou comportant une inscription médicale clairement identifiable ? « Toute pièce dans l’affirmative se verra ainsi partir aux DAOM, et seuls les conditionnements dans le cas contraire pourront intégrer la nouvelle filière plastique », détaille la chargée de mission.

Certes, ces changements n’ont pas été sans impacter les finances : trois bornes de collecte de plastique désormais nécessaires sur la plateforme de tri au lieu d’une seule et des sacs-poubelles à la taille réadaptée. « Mais ces investissements devraient être pour partie absorbés par la redirection des flux, laquelle – au terme du déploiement dans les services –  minorera le volume des DAOM », assure Arielle Dolléans. Et c’est sans parler de l’environnement qui, lui aussi, y trouvera assurément son compte.

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