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Interdiction des plastiques en pédiatrie : les préconisations des pouvoirs publics

Depuis le 1e janvier, les contenants alimentaires en plastique sont interdits dans les services pédiatriques. La Direction générale de l’alimentation (DGAL) du ministère de l’Agriculture a précisé quels matériaux pouvaient être utilisés pour les remplacer. Elle a signalé les allégations trompeuses de certains produits commercialisés et fait plusieurs recommandations.

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« La restauration collective a un usage intensif des contenants en plastique »,  a rappelé le ministère de l’Agriculture lors d’une visioconférence le 4 février. « Et les enfants sont particulièrement vulnérables aux perturbateurs endocriniens contenus dans ces matériaux ».

C’est pourquoi, l’article 77 de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (Agec) interdit, depuis le 1er janvier, les contenants en plastique « de cuisson, de réchauffe et de service » dans les services de « pédiatrie, d’obstétrique et de maternité, les centres périnataux de proximité, les services de protection maternelle et infantile ».

Cette interdiction concerne tous les contenants alimentaires fabriqués partiellement ou totalement en plastique. Toutefois, « 2025 sera une année de tolérance et de sensibilisation » dans l’application de cette réglementation, a précisé Clara Mourgues, cheffe de projet planification écologique du système de santé à la DGOS.

Des dérogations possibles

La liste des dérogations a été publiée le 30 janvier par décret (lire notre article du 31 janvier 2025). Elles s’appliquent par exemple aux contenants qui relèvent du dispositif médical ; ceux qui garantissent une alimentation stérile ; pour les produits transformés préemballés dès lors qu’ils ne sont pas réchauffés ; les contenants pour denrées pour nourrissons et enfants en bas âge à des fins médicales.

Cela concerne aussi les tétines et les bagues de serrage (car pas de substituts possibles) ; les opercules, les couvercles et les joints dès lors qu’ils ne sont pas vocation à être réchauffés ; les couverts en plastique lorsqu’ils sont utilisés pour ne pas blesser les enfants atteints de troubles de l’oralité.

Le transport des denrées exempté

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A noter que l’interdiction ne concerne ni le conditionnement ni le transport des denrées, dès lors qu’ils n’ont pas vocation à être réchauffés. Ceci dit « il est fortement recommandé d’effectuer le conditionnement lorsque les aliments sont froids dans le cas où les contenants sont en plastique », précise la DGAL.

Cette dernière relève que le fait de transporter dans du plastique a pour inconvénient de devoir transvaser les aliments. « Il faut donc adapter les mesures d’hygiène en évitant les contaminations croisées », recommande-t-elle.  En revanche, l’utilisation de joints en silicone et de films plastiques à des fins de fermeture est autorisée.

Les fibres végétales n’ont pas la cote

Inox, verre trempé borosilicaté ou sodocalcique, verre sodocalcique recuit (bocaux en verre classiques), porcelaine et céramique sont conformes à la réglementation et peuvent être employés pour la cuisson ou la réchauffe.

En revanche, à la connaissance du groupe de travail DGAL/DGOS  qui a planché sur le sujet, « tous les plastiques réemployables issus de fibres végétales, à l’instar des barquettes cellulosiques, possèdent un « liner afin d’assurer leur étanchéité ». « Ils ne sont donc pas conformes ». Quant au silicone et au caoutchouc, ils sont également considérés comme des produits plastiques.

Communications trompeuses

« De nombreux fournisseurs proposent des contenants conformes à la réglementation alors qu’ils ne le sont pas », fait savoir le ministère de l’Agriculture. Les allégations trompeuses sont nombreuses. « Dès lors que les matériaux ont été chimiquement modifiés, ils sont considérés comme du plastique », prévient-il.

Ainsi, les termes « biosourcé ou végétal »  pour des matériaux qui sont chimiquement modifiés sont trompeurs. Selon la réglementation, il s’agit de plastiques. « Cette mention fait référence à leur origine et non au fait qu’un matériau est en plastique ou non ».

Le terme « eco-friendly » peut par exemple être employé pour les produits en bambou ou en bambou/mélamine. Il s’agit la plupart du temps de matériaux en plastique avec des additifs d’origine végétale non autorisés.

« Le bambou est instable dans le temps et en termes d’aptitude au contact alimentaire, il très mauvais », signale le ministère.  Et pour les produits dits « biodégradables » ou « compostables », « ce n’est pas parce qu’un matériau est compostable ou biodégradable qu’il ne s’agit pas de plastique », relève-t-il.

Un guide pour accompagner le changement

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Le ministère recommande de ne « surtout pas passer au réemploi de façon désorganisée sinon le risque de toxi-infection est réel ». Il préconise également de « réviser l’organisation dans sa globalité : préparation des repas, formation des agents, lavage, stockage, suivi des contenants ». Le Conseil national de la restauration collective a récemment publié un guide pour aider les professionnels à changer de paradigme.

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