« Prendre soin de notre planète » Au centre hospitalier de Cannes, l’injonction n’est pas une nouveauté : depuis 2009, le développement durable fait partie du projet de l’établissement, impliquant tous ses acteurs dans cet engagement environnemental. Principal émetteur de GES, le bloc n’en est donc évidemment pas absent et, après un premier travail mené sur les anesthésiques et le tri des déchets, les chirurgiens cannois auscultent désormais leurs plateaux de soins.
Des packs anti-gaspi
« Nous partons du principe désormais largement attesté que le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas », pose d’entrée le pilote de l’action, le médecin anesthésiste Mohamed Ben Abdelkarim, rappelant qu’en France, le bloc contribue pour 20 % à 30 % aux 700 000 tonnes de déchets générées par les établissements.
« Au regard des nombreux consommables et dispositifs médicaux retirés de leur emballage sans être utilisés et qui constituent par conséquent une cause importante de ce gaspillage, nous avons ainsi décidé de progressivement remplacer nos plateaux chirurgicaux classiques par des packs personnalisés », explique-t-il.
Du « tout-terrain » au « sur-mesure »
Selon une étude rapportée par la Société française d’anesthésie-réanimation (SFAR), la part d’instruments réellement utilisé lors d’une intervention varierait en effet de 13 % à 22 %. En cause, la polyvalence de ceux-ci bien sûr, mais aussi la crainte des équipes de manquer d’un DM à un moment clé et les habitudes de travail des uns et des autres. « L’idée est donc de développer à la place des packs composés par type d’intervention », résume le praticien.
Instruments compresses, champs de protection, gants… Ces « custompacks » sont ainsi des ensembles de dispositifs médicaux chirurgicaux « sur mesure », définis en interne par l’équipe médicale en concertation avec les pharmaciens et rassemblés dans un unique emballage stérile après estimation de leur volet médico-économique par différents laboratoires. Leur avantage ne se limite pas à la réduction des déchets, plastiques et emballages compris. « Ils permettent aussi de gagner du temps (20 % sur la préparation selon le laboratoire Molnlycke®), modèrent les risques de fautes d’asepsie, génèrent moins de particules aériennes à l’ouverture et facilitent le travail des Ibodes », assure Mohamed Ben Abdelkarim.
Faire d’un pack deux coûts
Au pack s’associe toutefois aussi un paquet de questions. « Il faut d’abord dépasser les appréhensions devant l’absence critique d’un instrument potentiel, même si bien évidemment, un stock de proximité garantit la complétude en cas de besoin », pose le spécialiste. Il y a aussi la question des coûts : « pour l’arthroscopie d’épaule ou la « césarienne code rouge » par exemple, les custom packs s’avèrent respectivement plus favorables de 1800 et 1200 euros par an ; mais a contrario, il peut y avoir surcoût, auquel cas une validation en Commission du médicament et des dispositifs médicaux stériles (Comedims) est nécessaire », détaille la pharmacienne, Vanessa Gomes.
Enfin, il s’agit aussi et surtout d’harmoniser les pratiques entre pairs de même discipline. « C’est désormais chose faite pour la cataracte, l’arthroscopie d’épaule ainsi que certains actes d’anesthésie, mais nous travaillons maintenant à déployer le process sur d’autres types d’interventions dont, par exemple, une « trousse de hanche par voie antérieure » », rapporte-t-il. Et ce n’est pas tout : « nous souhaitons désormais élargir le cercle cannois aux autres établissements du territoire de manière à pouvoir travailler sur des propositions économiques plus intéressantes encore pour chacune des parties en alignant les stratégies achat aux stratégies du bloc opératoire », révèle Mohamed Ben Abdelkarim, goûtant à l’avance cette future offre de pack.