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Des watts « fait maison » à la clinique Saint-Luc Bouge

C’est une nouvelle étape sur le chemin de la durabilité. Après avoir eu recours à de l’électricité 100% verte, la clinique belge Saint-Luc commence à produire de l’énergie avec des panneaux photovoltaïques sur ses toits. Avant d’envisager d’équiper aussi ses… voisins.

© clinique St Luc

La clinique Saint Luc Bouge (SLBO), en Belgique a commencé à couvrir ses toits de panneaux photovoltaïques depuis cet été. Avec un objectif : gagner en autonomie en consommant les watts « faits maison ». Il faut dire que quand sa note d’électricité – 100 % verte grâce à un contrat négocié avec une centrale d’achats – est passée de quelque 100 000 € à 360 000 € par mois en 2022, elle a, comme beaucoup, douloureusement réalisé sa dépendance au marché.

« Cela a mangé l’ensemble de notre marge d’investissement », se souvient Christophe Plompteux, directeur des achats, des services sous-traités et hôtellerie, coordinateur qualité et RSE. La situation a généré de nouvelles questions. « Que peut-on faire pour se protéger des variations du marché ? D’où l’idée de développer notre indépendance énergétique, et tant qu’à faire, en sortant des énergies fossiles », explique Monsieur RSE de SLBO.

Moins de performance pour plus d’autonomie

La clinique de 35 000 m² étant composée d’une tour cernée d’autres bâtiments, la possibilité d’un recours au photovoltaïque a rapidement émergé. Une analyse a été sollicité auprès d’un bureau d’études spécialisé. Et finalement, le choix s’est porté sur des panneaux offrant un ratio performance prix optimal.

Christophe Plompteux

« Une offre se montait à 325 000 € et une autre à 600 000€ : on ne comprenait pas pourquoi une telle différence. Nous avons beaucoup discuté avec les fournisseurs, notamment de la problématique des rendements. Au départ, on nous proposait des panneaux aux pertes relativement faibles au fil du temps et bien classé, très haut dans le ranking Tier 1. Le statut Tier 1 de Bloomberg est une classification utilisée pour évaluer la fiabilité et la solidité financière des fabricants de panneaux solaires » analyse celui qui, à titre privé, utilise des panneaux solaires depuis 20 ans.

Une question de ranking

« Autrement dit, si un fabricant est présent dans ce classement, vous savez que vous pouvez considérer son entreprise comme solide d’un point de vue financier. Cela n’a rien à voir avec la fiabilité du matériel en tant que tel. La clinique, épaulée par le bureau d’études a donc choisi d’accepter un ranking moindre et de revoir quelque peu ses exigences en matière de maintien des performances dans le temps. Perdre quelques dixièmes de pourcentage à 25 ans, c’est peu. La moindre performance est largement compensée par la durée de vie des panneaux  », poursuit Christophe Plompteux.

Après des échanges techniques avec les fournisseurs en lice, le cahier des charges a été adapté. En optant pour des panneaux de ranking Tier one moins élevé, très légèrement moins performants au fil des ans, « on en a mis davantage que prévus – 777, contre 448 initialement demandés- pour un coût moindre et qui nous permet d’améliorer encore plus notre indépendance », se réjouit le directeur des achats.

15 jours de consommation

© clinique St Luc

Aujourd’hui, la puissance de cet équipement sur les toits pertinents des bâtiments, dont la pose a débuté en aout dernier, est de 380 kilowatts-crête (puissance maximale). « Cela va représenter 5 % de la consommation électrique totale qui s’établit à 7498mWh par an, soit environ 15 jours de consommation électrique de l’hôpital », précise Christophe Plompteux. Pour cet équipement de 440 000 € (dont 160 000 € de subvention de l’organisme Wallonie Santé, le reste étant financé via un prêt à 2 % négocié avec l’aide de Wallonie Santé), le retour sur investissement est prévu à 5 ans et demi.

Une chose est sûre pour le directeur des achats : « on ne vendra jamais d’électricité ». Au contraire, la clinique, dont les besoins électriques restent assez stables d’une saison sur l’autre (environ 600 mégawatts/mois) et selon les heures (45 % la nuit, 55 % le jour), ira plus loin pour auto-consommer. Cela passera à nouveau par le photovoltaïque et de la cogénération. Une analyse interne est en cours afin d’évaluer les possibilités d’utiliser d’autres surfaces autour de l’établissement.

Toits voisins et cogénération

« Nous sommes en train d’examiner les surfaces de toits plats disponibles qui jouxtent l’hôpital. Nous allons rencontrer les propriétaires pour savoir s’ils seraient d’accord pour mettre des panneaux solaires dessus, en vue par exemple d’une location de toiture, et étudier si techniquement c’est pertinent », explique Christophe Plompteux.

Cette solution locale est actuellement privilégiée sur l’équipement de carports (ombrières), qu’il faudrait intégrer dans l’environnement, « avec de grosses structures métalliques, qui nécessitent beaucoup d’énergie en production et augmentent l’étanchéification des sols », argumente-t-il.

Dans cette logique, il entend aussi convertir SLBO à la cogénération, qui permet de produire à la fois de l’électricité et de la chaleur. Ce système pourrait remplacer les chaudières gaz d’ici 4 à 5 ans. « Nous allons construire 6500m² supplémentaires bientôt et notre objectif est de ne pas consommer davantage d’électricité pour autant. A terme, nous espérons atteindre 15 à 20 % d’autoproduction », conclut Christophe Plompteux.

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