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Déchets textiles : l’hôpital Foch fait la maille

À partir du 1er janvier 2025, le tri et la valorisation des textiles deviennent une obligation dont le défaut entraîne des sanctions administratives et pénales. À l’Hôpital Foch, un circuit dédié a déjà été tricoté sur mesure, bénéfice environnemental à l’endroit, inclusion sociale à l’envers.

© Recygo

On le savait depuis le décret n° 29021-950 du 16 juillet 2021 et ce sera donc effectif d’ici quelques semaines : dès janvier prochain, les déchets textiles seront concernés par l’obligation de tri à la source et de collecte séparée, agrandissant ainsi la famille des « flux » composée par le code de l’Environnement.

Il y a donc urgence à bâtir la filière, au risque sinon de se faire épingler : tout contrevenant s’exposera en effet à des sanctions administratives pouvant aller jusqu’à 150 000 euros d’amende ainsi que des sanctions pénales fixées jusqu’à deux ans d’emprisonnement. Mais à l’Hôpital Foch, le nouveau pli est déjà pris.

25 000 tenues à évacuer

Afin de donner à son nouveau loueur de vêtements professionnels le temps de composer une collection complète de tenues, l’établissement suresnois a en effet racheté le stock de son ancien prestataire. Soit 25 000 tenues – tuniques, pantalons, blouses… – désormais sous sa pleine responsabilité et promises au rebut au fur et à mesure de leur fatigue.

« C’était donc l’occasion d’anticiper la nouvelle réglementation à venir. Mais plus qu’un simple exutoire reposant sur le chiffonnier classique, nous voulions une solution exemplaire, relevant d’une économie véritablement circulaire », rapporte Julie Swaenepoël, directeur qualité, risques et logistique de l’hôpital Foch. Deux fournisseurs seulement vont émerger du sourcing méticuleux alors lancé, un premier qui exige en amont un tri chronophage des couleurs et tissus…

« Et Recygo, entreprise créée par La Poste et Suez, qui, non seulement procède à un enlèvement indifférencié – fibres naturelles et synthétiques mélangées – mais de surcroît fournit les chariots de pré-collecte », apprécie le responsable des services généraux de l’hôpital, Julien Lagarde.

Rien ne se perd…

Le processus innovant se dit « unique en France », reposant sur une unité automatisée de tri et délissage ouverte en septembre 2023. Les vêtements professionnels, obligatoirement lavés une dernière fois avant réforme, sont ainsi placés dans des sacs plastiques transparents fermés, eux-mêmes déposés dans ces chariots roulants.

© Recygo

Collectés par La Poste selon un tarif dégressif allant de 260 euros HT pour une seule unité à 1140 euros HT pour 9 exemplaires, ces derniers sont envoyés à ladite usine (Nouvelles Fibres Textiles) où, après séparation par matière et couleur puis retrait des perturbateurs du recyclage (boutons, zip…), les tissus se voient transformés en nouvelles fibres, en isolants ou en plastiques recyclés, selon les besoins repérés en aval. « Rien n’est perdu : même les textiles impropres au recyclage sont transformés en combustible solide de récupération (CSR) », s’enthousiasme Julie Swaenepoël.

Un total de 430 000 tonnes de CO2 économisées

En évitant l’importation de 20 000 tonnes de fibres et de fils et l’incinération de millions de vêtements, l’industriel promet l’économie de 430 000 tonnes de CO2 soit 1,5 % de l’empreinte carbone textile française. Il annonce aussi la création de 700 nouveaux emplois d’ici 2027, dont plusieurs centaines sur le champ de l’économie sociale et solidaire, acteur principal des opérations de tri, de manutention et de reconditionnement ».

© Recygo

Bref, une démarche 100 % responsable que l’Hôpital Foch va donc rejoindre sur la base d’un marché à bons de commande passé dont le rythme sera celui de la rotation entre anciens et nouveaux vêtements de travail… « En veillant, bien sûr, à optimiser chaque tranche d’échange afin d’obtenir le meilleur prix unitaire du chariot », complète Julien Lagarde. Dans le droit fil d’une dynamique décidément vertueuse en tout point.

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