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Chirurgie ORL : un changement de dispensation des antalgiques impacte le bilan carbone

Interne en médecine anesthésie et réanimation à l’Université de Paris Cité, Antoine de Ketelaere mène une étude, dans le cadre de sa thèse, sur la quantification de l’impact carbone de l’administration d’antalgiques en peropératoire en chirurgie ORL. Les premières données encouragent à un changement de pratiques.

 

© Epictura

A terme, avec l’application d’un nouveau protocole pour les chirurgies légères au sein du service d’ORL de l’hôpital Lariboisière (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), ce sont 1000 kg de Co2 en moins et 3600 euros d’économie, qui pourraient être réalisées. Du moins, c’est ce que l’étude d’Antoine de Ketelaere cherche à démontrer.

Les conséquences d’une modification du protocole

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C’est dans le cadre de l’un de ses stages d’internat à l’hôpital Lariboisière, qu’il a construit un projet de thèse avec le Dr Claire Mayeur, praticien hospitalier. L’un des axes consiste à étudier l’impact d’un changement de protocole d’antalgiques au sein du service d’ORL du centre hospitalier. Jusqu’à présent, pour des chirurgies légères en ORL (rhinoplasties, chirurgies des méats, chirurgies endonasales et endobuccales, chirurgies des amygdales), les patients bénéficiaient, à l’issue de l’intervention, d’une dispensation d’antalgiques par voie intraveineuse.

« Avec le protocole que nous déployons en cette fin d’année, ces médicaments seront désormais dispensés par voie per os, de manière préemptive, en amont de l’intervention chirurgicale, explique Antoine de Ketelaere. Ces chirurgies étant de courtes durées, la durée d’action du médicament couvrira l’intervention et la phase de réveil du patient. »

Quantifier les déchets

Pourquoi la mise en place de ce nouveau protocole de dispensation des antalgiques par voie per os ? Pour limiter les déchets et l’impact carbone de l’activité du service. Dans le cadre de sa thèse, Antoine de Ketelaere entend quantifier, avec l’aide des ingénieurs de l’établissement, « l’effet de cette modification des pratiques », souligne-t-il.

Car le recours aux analgésiques par voie intraveineuse est générateur de nombreux déchets en raison des consommables associés : usage des aiguilles et seringues pour aspirer les médicaments situés dans des ampoules en verre et les dispenser, pochons de sérum physiologique pour l’administration de certains d’entre eux. Ces produits sont également conditionnés dans des emballages plastiques. A contrario, les comprimés dispensés par voie per os sont « simplement » emballés dans des blisters en aluminium et ne requièrent qu’un verre en carton rempli d’eau pour être avalés par le patient.

Les premières données

Antoine de Ketelaere

Dans le cadre de son travail, Antoine de Ketelaere s’est déjà attaché à recueillir les données de 276 patients pris en charge avec l’ancien protocole. Ainsi, l’ensemble du poids carbone de l’administration d’antalgiques par voie intraveineuse conduit à la production de 210 kg de Co2. « Si nous extrapolons cette donnée sur un an, en tenant compte des vacances et du fait que 276 patients représentent 5 semaines de programmation opératoire, cela aboutit à 2100 kg de Co2 annuels », précise-t-il.

L’interne a calculé l’hypothétique production de Co2 avec le nouveau protocole, en partant de l’hypothèse que les patients ont reçu la même quantité d’antalgiques par voie per os. « Cela conduit à la production de 110 kg de Co2, donc 1100 kg de Co2 annuel, rapporte-t-il. Nous pourrions donc effectuer une économie d’une tonne de Co2 annuellement avec le nouveau protocole. » Accompagnée aussi d’un gain potentiel de 3670 euros grâce à l’achat différent de médicaments.  Avec sa mise en œuvre concrète, le médecin va disposer de données réelles. « De plus, l’un des antalgiques n’était jusqu’alors pas disponible pour une prise par voie per os, précise-t-il. C’est désormais le cas, ce qui va pouvoir améliorer les résultats. »

La mise en place de ce protocole a reçu préalablement l’accord des chefs de services, chirurgiens et anesthésistes. « L’ensemble des intervenants étant d’accord, il a finalement été assez simple à instaurer. Nous attendions seulement le retour du comité d’éthique par rapport aux patients, et nous l’avons obtenu », se félicite-t-il. Les données du même nombre de patients (276) pris en charge dans le cadre du nouveau protocole vont donc être récoltées et analysées afin de corroborer l’hypothèse initiale. Les résultats de l’étude devraient être disponibles d’ici six mois à un an.

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