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Au GHT 40, des biodéchets transformés en or par un Esat

L’établissement ou service d’aide par le travail (Esat) de Mont-de-Marsan « les jardins de Nonères» qui accompagne 180 personnes en situation de handicap, recycle depuis juin dernier les biodéchets du GHT 40. Le compost obtenu sert à la production de légumes bio. Une collaboration unique en France.

© Les jardins de Nonères

Cela fait plusieurs années que les salariés de l’Esat de Mont-de-Marsan s’occupent de l’entretien des espaces verts de l’hôpital. Depuis quelques mois, ils valorisent également les biodéchets du groupement hospitalier de territoire des Landes (GHT 40). Ils en font du compost qu’ils épandent dans leur jardin de 10 hectares dont la moitié de la surface sert à cultiver des légumes en bio.

Gros besoins en compost

Il faut dire que les jardins de Nonères ont besoin de grosses quantités de compost puisqu’ils pourraient en utiliser jusqu’à 120 tonnes par an. L’Esat a donc sollicité le GHT40 pour récupérer ses biodéchets. « Ils ne pouvaient pas faire le projet sans nous car il leur fallait un gros volume de biodéchets pour fabriquer leur compost », explique Nicolas Campestre, directeur territorial des achats et référent développement durable du GHT 40.

© GHT 40

Le GHT produit environ une centaine de tonnes de ces déchets organiques par an, provenant des restes alimentaires des trois selfs pour les agents, des restes des plateaux repas pour les patients, de la cuisine centrale.

Dans sa volonté de « généraliser le tri des biodéchets dans tous les services, au plus près des patients », le GHT a donc décidé de s’engager dans ce projet : « un achat écoresponsable et inclusif qui permet d’optimiser le bilan carbone de la filière par un traitement local et l’utilisation de matériel recyclé ». Jusqu’à présent les biodéchets du GHT étaient acheminés par un prestataire avant méthanisation.

Evaluer la faisabilité

Avant de s’engager dans cette démarche, l’Esat a diligenté une étude technico-économique financée par un dispositif local d’accompagnement avant de déposer un dossier à l’Agence de la transition écologique (Ademe) pour une aide au financement de la plateforme de compostage.

L’investissement pour la mise en place de cette plateforme est de 350 000 €, comprenant l’achat d’une remorque broyeuse et d’un tracteur, pour une valeur de 180 000 €. « L’Ademe nous accompagne à hauteur de 40 % maximum sur certains investissements », précise Julien Le Baillif, directeur de l’Esat.

Le compostage en andains est la technique choisie. « Les andains sont broyés, mélangés puis retournés avant d’être hygiénisés (pour ce faire il faut respecter un couple temps/température). Des sondes de température et un suivi très précis sont donc nécessaires pour assurer la traçabilité de l’hygiénisation des biodéchets et le bon fonctionnement de la plateforme », poursuit le directeur de l’Esat.

Le compost est laissé en maturation puis retourné avant d’être analysé. Le but étant de vérifier sa conformité à la norme utilisé en agriculture biologique. « Il faut environ 6 mois pour produire du compost », observe Nicolas Campestre.

Huit nouveaux emplois à la clé pour l’Esat

Une nouvelle filière de tri a donc été mise en place avec des seaux de collecte, des bacs pour le transfert vers l’Esat. « Les salariés de l’Esat viennent chercher les gros bacs car nous ne pouvons pas les stocker. Les seaux utilisés sont recyclés depuis la cuisine centrale », expose le directeur des achats.

L’équipe compostage accompagnée par leur moniteur ESAT Christophe Lahiton à gauche © Les jardins de Nonères

Et pour transporter ces bacs, il faut des chauffeurs livreurs. Ce programme permet donc de proposer de nouveaux métiers aux personnes en situation de handicap. « Deux personnes ont d’ores et déjà été embauchées sur ce projet, avec un objectif final de huit emplois et d’un moniteur », renseigne le directeur de l’Esat, « le projet favorise l’insertion, en formant des chauffeurs qui pourront ensuite travailler dans d’autres entreprises ».

Côté établissement de santé, les services ont été accompagnés dans la mise en place de la filière. « Quand les aides-soignants et les ASH [agents de service hospitalier] débarrassent les plateaux, ils utilisent les seaux qui sont ensuite collectés par les logisticiens pour être déversés dans de gros bacs. Depuis le lancement du projet en juin dernier, la collecte des conteneurs sur les points de regroupement se fait 3 fois par semaine », détaille Nicolas Campestre.

510 euros la tonne de biodéchets traités

Le coût de la collecte et du traitement des biodéchets est de 510 euros/T. « Le coût de transport pour la méthanisation était inférieur à ce qu’on paye actuellement mais au final on produit moins d’ordures ménagères. Le coût définitif du projet n’est pas encore connu mais évalué à 51.000 euros pour la collecte et le traitement », indique  le directeur des achats. En effet, « il a fallu acheter des équipements de tri déployés sur le self du site de Layné et qui ont couté 18 000 euros ».

© Les jardins de Nonères

Le GHT devrait néanmoins pouvoir compter sur une réduction de la contribution à l’Agefiph (association de gestion de fond pour l’insertion des  personnes handicapées). « Cette nouvelle dépense est faite auprès d’ateliers protégés. Du coup 30 % du total est déductible des cotisations à l’Agefiph. 30 % enlevés aux 51.000 euros, in fine on est quand même bénéficiaire », estime-t-il.

« L’organisation de l’Esat étant rodé depuis de nombreuses années, pour nous il s’agit d’un prestataire comme n’importe quel autre », souligne le directeur des achats. Et pour boucler la boucle, l’Esat propose au personnel des établissements de santé la vente en direct des paniers de fruits et de légumes provenant de leur jardin.

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