Forte de ses 750 membres issu de l’ensemble des aires du secteur, France Biotech se penche chaque année sur l’état de santé des quelques 2700 entreprises de l’innovation en santé. Près de la moitié d’entre elles développe des dispositifs médicaux (medtech), plus de 850 sont spécialisées en biotechnologies (biotech) et quelque 450 se positionnent sur la santé numérique et l’IA… Autant de spécialités qui, en réalité, s’hybrident afin d’optimiser la prise en charge des patients ainsi que l’organisation des établissements de santé.
À première vue, le bilan est rassurant avec des « constantes biologiques » à la hausse : plus de 80 entreprises innovantes ont ainsi été créées en 2024 tandis que le chiffre d’affaires du secteur – 1,7 milliard d’euros – croît en moyenne de 20 % entre 2022 et 2023 et que, cette même année, les investissements en R&D atteignent 1,4 milliard d’euros (+ 10 % par rapport à 2022), absorbant – comme il se doit sur ce secteur – 60 % des dépenses et 40 % des effectifs.
La biotech, 43 % du chiffre d’affaires de la filière
Si les nouvelles exigences du règlement européen MDR ralentissent sa progression, la filière des dispositifs médicaux s’affiche toujours comme l’une des plus matures de la HealthTech avec trois produits en moyenne développés par entreprise en 2024. La moitié des solutions y sont par ailleurs en phase de commercialisation ou d’enregistrement, visant pour 19 % la chirurgie, avant les domaines cardiovasculaires, la neurologie et l’oncologie.
Générant 43 % du chiffre d’affaires global, la biotech (trois produits en moyenne également) porte l’essentiel de la croissance HealthTech au bénéfice de l’oncologie (25 %), de la neurologie (14 %) et des maladies infectieuses (13 %). Les biomédicaments y représentent par ailleurs la majorité des produits en développement avec des thérapies géniques particulièrement présentes dans les produits en phases cliniques avancées sur ce segment dont l’accès au marché peut atteindre 15 ans.
100 % de croissance pour l’e-santé
La santé numérique double de taille en un an, servie il est vrai par 75 % des produits développées déjà présents sur le marché grâce à un accès rapide à ce dernier (entre 1 et 3 ans) et le soutien marqué de Bpifrance dont les subventions au secteur (1,25 milliard d’euros, 5, 5 milliards d’euros depuis 2021) ont largement appuyé ce volet qui transforme les parcours de soins et accélère le développement de thérapies innovantes.
En effet, pour 3/4 déployée sous la forme de logiciels mais aussi de solutions interopérables (66 %) et de DM (38 %), cette e-santé, le plus souvent assistée par l’IA, travaille à l’aide au diagnostic (14 %) ainsi qu’à la télésurveillance des patients, à la télémédecine ou encore aux outils destinés aux professionnels de santé… Autant de solutions qui, de fait, font de l’achat hospitalier son mode de financement privilégié par 65 % des répondants (+3 points/ 2023), 30 points devant l’achat industriel.
Un appui à l’achat hospitalier
Or, et c’est là que le bât blesse : 68 % des PME et startups de la filière se disent « directement affectées » par la conjoncture actuelle. Une sur deux anticipe des difficultés de financement, 39 % y font même déjà face. Et parmi les causes invoquées (augmentation des prix des prestataires, inflation des fluides et matières premières…), près d’un tiers pointe les restrictions budgétaires de leurs clients, auxquels comptent les acheteurs hospitaliers…
Des acheteurs auxquels des appuis à l’achat d’innovation sont cependant proposés depuis 2024, via l’inclusion des hôpitaux aux programmes « Direction achat pour l’innovation (DAPI) de Bpifrance, et, bien sûr, grâce au Resah. En mai dernier, la centrale a en effet noué avec l’opérateur de France 2030 un partenariat facilitant l’adoption des innovations par les établissements publics de santé (lire l’article).