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La néonatologie des HCL à toute vapeur

Le service de néonatologie de l’hôpital Femme mère enfant (HFME) des Hospices civils de Lyon (HCL) a opté depuis 4 ans pour la décontamination des couveuses à la vapeur. Une technique très efficace pour venir à bout des bactéries et qui permet de faire des économies.

© HCL

« Jusque-là, on décontaminait les couveuses des nourrissons avec des détergents. Après avoir démonté les incubateurs, les auxiliaires de puériculture en charge de la décontamination faisaient des bains de détergents. C’était assez fastidieux. Mais suite à un changement de marché sur ces produits chimiques, on s’est rendu compte que le nouveau produit était plus toxique. Les soignantes se plaignaient en effet de marques sur les bras, d’inhaler des vapeurs toxiques », a relaté Marine Butin, cheffe du service de néonatologie et de réanimation néonatale aux HCL.

« C’est ce qui a accéléré le changement ». Et puis « les grands prématurés sont particulièrement fragiles. On n’avait pas envie de les contaminer avec des résidus de détergents », a-t-elle ajouté. Ainsi, les équipes lyonnaises se sont rapprochées de celles du CHU de Grenoble qui utilisent cette technique pour nettoyer une centaine d’incubateurs pour prématurés depuis 2005 (lire notre article du 24 octobre 2022).

Sus aux bactéries !

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« L’incubateur est chauffé à 37°c et humidifié pour la peau du bébé. Donc, potentiellement c’est un vrai bouillon de culture », a expliqué Marine Butin. La moindre bactérie oubliée dans la couveuse prolifère lorsque l’incubateur est en fonctionnement.

Une étude microbiologique a été menée avant et après décontamination afin d’évaluer l’efficacité du nettoyage à la vapeur. « On a constaté qu’on était beaucoup plus efficace avec la vapeur mais on a aussi noté que certaines couveuses n’étaient pas très bien nettoyées », a indiqué la cheffe de la néonatologie des HCL.

Plus efficace

L’efficacité sur les bactéries est plus importante parce que la vapeur possède une action à la fois thermique (vapeur à plus de 100°c) mais aussi mécanique. La pulvérisation de vapeur permet de décoller les bactéries qui adhèrent à la paroi de la couveuse. Les auxiliaires de puériculture emploient une buse qui permet de décrocher les bactéries grâce au jet de vapeur. « Mais il faut que la buse soit proche de la paroi. Pas à plus de 2-3 cm sinon la température baisse », précise le médecin.

De plus, cette méthode permet de conserver la transparence du plastique alors qu’avec les détergents, il jaunit au bout d’un certain nombre de décontaminations. « Or, on a besoin d’une surveillance constante des bébés », fait remarquer la cheffe de la néonat.

16 auxiliaires de puériculture formées

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La nouvelle technique a été mise en place en 2020. « Nous avons changé les couveuses il y a quatre ans et depuis la transparence des parois est restée intacte ». Seul point faible de la vapeur : « elle n’est pas adaptée au tissu du matelas. A force, ce dernier s’abime avec la vapeur ». Résultat, « nous continuons à nettoyer le matelas avec les lingettes ».

La technique demande également une grande rigueur dans le geste. « Si ce n’est pas bien fait, alors la décontamination n’est pas efficace. Il faut être formé. »  Une formation interne a donc été proposée aux 16 auxiliaires du service en s’appuyant sur les recommandations du fabricant. « L’entreprise qui commercialise la machine nous a aidé dans la rédaction du protocole ».  De plus, « nous travaillons avec un ergonome pour améliorer les conditions de décontamination ».

Economies d’argent et d’eau

Marine Butin l’avoue : « pour rien au monde l’équipe ne reviendrait en arrière. La décontamination est efficace ». Et en plus, elle permet de dégager des gains. « On économise sur le prix des détergents », fait-elle savoir. De plus, « l’appareil à vapeur ne coûte qu’entre 2.000 et 3.000 euros. On en a deux ». Toutefois avec tout l’équipement : buses, housse, tuyaux, et forfait formation, « on arrive à un peu plus de 5.000 euros », précise la cheffe de service.

Enfin, le bénéfice est aussi écologique, puisqu’il ne faut que 4 à 5 litres pour décontaminer une couveuse. « Alors qu’avec les détergents on utilisait beaucoup plus d’eau. Et on relarguait ces produits chimiques dans les eaux usées ».

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