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Cousin Surgery défait ses protocoles et refait ses cartons

Parce que les établissements de santé attendent des produits de plus en plus responsables, les fournisseurs revoient progressivement leur copie et leurs processus. Spécialiste du textile implantable, Cousin Surgery s’attaque ainsi au sujet, depuis la fabrication de ses dispositifs médicaux jusqu’à leur distribution. L’ambition : réduire de manière drastique l’empreinte carbone d’ici 2030.

© Cousin Surgery

Implanté dans le Nord de la France, Cousin Surgery conçoit, fabrique et distribue chaque année quelque 235 000 implants textiles essentiellement destinés à la chirurgie viscérale et à la chirurgie du rachis… Une activité industrielle globale donc, qui permet à l’entreprise de s’engager depuis quelques années dans une action de décarbonation « holistique » afin de proposer aux acheteurs hospitaliers des produits plus éco-durables.

Son objectif est précis : réduire ses émissions carbone de 42 % d’ici 2030, soit une baisse de 5,5 % par an. Outre la relocalisation de processus industriels sur le sol national, la réduction de la consommation énergétique des salles blanches (-30 % sur l’électricité et -17,5 % sur le gaz par rapport à 2021) et une étude de géothermie visant la suppression complète du gaz sur le site dans les années à venir, deux transformations majeures donnent le « la » de cette partition reverdie : une toute nouvelle démarche de nettoyage/stérilisation et des conditionnements revisités.

Les supers atouts du CO2 supercritique

Machine à CO2 super critique © Cousin Surgery

2000 litres d’éther, 200 000 KWH et 50 T CO2, telle était jusqu’alors la somme des ressources nécessaires pour désensimer, c’est-à-dire nettoyer les dispositifs médicaux textiles de l’huile d’ensimage nécessaire à la fabrication du textile …. « Une méthode certes maîtrisée, mais dont les fondements, basés sur l’ébullition et la condensation, rendent toxigène, énergivore et potentiellement explosive », décrit Eléonore Hoffmann, ingénieure R&D au sein du groupe.

À l’appui d’un investissement conséquent dans deux machines idoines (300 000 € chacune), ce dernier a donc décidé de réformer son processus même de fabrication : « Le nettoyage se fait désormais au CO2 supercritique (CO2SC), cet état étrange, entre gazeux et liquide, qui confère au dioxyde de carbone les qualités nouvelles d’un solvant polyvalent, écologique et totalement dépourvu de nocivité », explique la professionnelle.

Vers une nouvelle norme de stérilisation

Eléonore Hoffmann

Pour les premiers attendus dès cette fin d’année 2024, l’ensemble des dispositifs médicaux Cousin Surgery ainsi « superproduits » devrait maintenant investir progressivement le marché (aux mêmes tarifs), profitant de la nouvelle réglementation européenne « Medical Devices Regulation » (dite MDR) au gré des nouveautés et mises à jour documentaires.

Et, dans la foulée, le groupe travaille aussi à démontrer l’efficacité d’une méthode nouvelle de stérilisation des matériaux polymères empruntant également au CO2 supercritique. Soutenu pour partie par BPI France et BPI Région, ledit programme, baptisé FASTE CO(FonctionnAlisation et STErilisation au CO2 supercritique-1,2 M€), se déploie dans la cadre d’un consortium 100 % français, incluant Lattice Médical ainsi que les universités de Lille et d’Aix-Marseille.

« A l’appui de premiers test positifs, les travaux laissent espérer une industrialisation du processus à l’horizon 2030, mais un projet de norme AFNOR visant à inclure ce procédé de stérilisation innovant parmi ceux déjà couramment utilisés pourrait d’ores et déjà voir le jour d’ici juin 2025 », indique Eléonore Hoffmann.

C’est dans la boîte !

© Cousin Surgery

Afin de mieux connaître ses produits et cerner les postes sur lesquels concentrer ses efforts d’écoconception, « évidemment en lien avec les achats et le service méthode », l’entreprise a par ailleurs investi dans un logiciel d’analyse de cycle de vie en 2023 (3500€ /an). Avec un premier constat immédiat : « l’impact majeur des packagings », selon Eléonore Hoffmann.

Exit donc le carton issu de Finlande et les conditionnements trop souvent surdimensionnés, aux finitions d’impression écocides. « En collaboration avec notre fournisseur, nous utiliserons désormais un carton local, recyclé et recyclable, sans couleurs, pelliculage ni vernis », détaille-t-elle. En parallèle, la gamme de boîtes a également été revisitée, sur la base de gabarits plus cohérents avec les dispositifs médicaux commercialisés.

50 % d’émissions carbone économisés par carton

Résultats : « moitié moins d’émission carbone enregistrée par carton, soit 10 000 kg de COpour l’ensemble des gammes carton en 2023 et, en passant de 15 à 9 références d’emballages, une optimisation de gestion non négligeable », pose l’ingénieure.

Tout comme le vin, le « carton nouveau » devrait être livré en fin d’année, laissant place à une nouvelle réflexion, sur les emballages plastiques cette fois… Une réflexion que Cousin Surgery compte bien mener de manière étroite avec les établissements de santé afin de développer avec eux le système de barrière stérile idéal, capable de résister aux agressions microbiennes sans attaquer l’environnement.

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