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Grand ménage à la maternité du CHU Clermont-Ferrand

Depuis le début de sa démarche pour décrocher le label Très haute qualité sanitaire sociale et environnementale (THQSE), la maternité du CHU revoit ses pratiques au fil de l’eau. Ce parti pris impacte l’organisation et les achats. Puisque le service utilise désormais moins de produits et moins souvent.

© CHU Clermont-Ferrand

Terminé pour les femmes le stress de venir à l’hôpital la veille d’une césarienne à la maternité du CHU Estaing à Clermont-Ferrand. Désormais, selon les recommandations nationales pour leur sérénité, elles sont convoquées le matin de l’intervention. Premier effet induit : les futures mamans arrivent lavées. Et mine de rien, ce petit changement d’organisation a permis de contribuer à alléger la charge de travail mais aussi la quantité d’eau utilisée sur place. Il est intervenu dans le cadre d’une sensibilisation grandissante à l’environnement.

De nouveaux arguments pour des financements

Ici, l’appel du vert a débouché sur une démarche plus large, la labélisation Très haute, qualité sanitaire sociale et environnementale (THQSE) dans un établissement où diverses initiatives éparses avaient déjà vu le jour concernant le tri des déchets et la limitation du recours à des solutions hydroalcooliques pour les femmes en projet de grossesse, etc. La démarche a bénéficié d’un financement de la direction de l’établissement pour un accompagnement professionnel.

Depuis, de nouvelles pratiques émergent. Une étude comparative a par exemple été menée entre DM à usage unique et réutilisables concernant les trousseaux à usage unique pour les accouchements par voie basse, épisiotomies et sutures (lire notre article du 1er septembre 2023).

Avant même de démarrer l’audit, « ce qui nous marquait le plus, c’était le peu de temps consacré à l’allaitement maternel estimé à 20 % d’un équivalent temps plein d’une sage-femme et le peu de documents d’information sur le sujet » dans une maternité où on accompagne quelque 3600/3800 naissances par an, se souvient Emilie Blanchet, sage-femme coordinatrice dans cet établissement. Et c’est en vue du label qu’il a pu être justifié de faire davantage en la matière.

Alors que la coordinatrice en maïeutique a décidé de tripler le temps de « consultante en lactation » dédié à l’allaitement maternel, un budget a aussi été accordé pour former à ce savoir-faire une sage-femme et une auxiliaire de puériculture. Ce sont potentiellement deux nouvelles ressources possibles en fin de cursus, soit à partir de septembre 2024.

Moins de produits moins souvent

Emilie Blanchet

L’écosoin devient la norme. Le soin du cordon du nouveau-né a été revisité. Il est passé de 7 ou 8 nettoyages quotidien à l’antiseptique, à deux lavages à l’eau savonneuse. Les acheteurs n’ont pas changé le marché mais les besoins en antiseptique ont diminué. « Le savon a été choisi pour sa composition et ses qualités alors que nous avions déjà refusé l’envoi d’échantillons de savons pour les patientes » souligne Emilie Blanchet, qui recherche toujours un produit avec encore moins d’ingrédients.

Son prochain chantier concerne les couches dont le marché actuel court jusqu’en avril 2024. Elle a déjà trouvé une référence à proposer aux acheteurs. Dans le même esprit de rationalisation médico-économique, les nouveau-nés passent moitié moins souvent dans la baignoire. Jusque-là, on les lavait dès la naissance puis tous les matins. Le lavage du premier jour a été supprimé pour que le vernix, cette substance blanchâtre qui recouvre le corps du petit, soit absorbé par la peau et ceux des jours suivants ont été espacés.

Des formations en plus

Table à langer de la chambre pédagogique© CHU Clermont-Ferrand

Les formations ont été multipliées sur les perturbateurs endocriniens. Un quart des professionnels (50 sur 200) a pu en suivre. Et les parents ont bénéficié d’un meilleur encadrement grâce à la création d’une chambre pédagogique. Installée à la place d’une salle qui servait aux échanges pour préparer le retour au domicile (négligés depuis le Covid), cette pièce « comme à la maison », comprend « une zone « repas » avec des informations sur l’alimentation, la diversification, l’allaitement maternel et quelques boites de lait en démonstration ; une zone « change » avec une table à langer, une armoire pleine de vêtements d’occasion, des couches jetables avec des qualité écologiques et des lavables, des produits d’hygiène (comme des pains de savon sans impact sur l’environnement) et d’entretien (comme du vinaigre blanc, du savon noir et du bicarbonate de sodium…) et enfin une zone repos » avec un lit de récupération qui du coup a déjà eu le temps de dégager ses COV, une turbulette, des conseils pour prévenir de la mort inattendue du nouveau-né, de parentalité… » détaille Emilie Blanchet.

15 % d’eau en moins

Salle d’allaitement © CHU Clermont-Ferrand

Une maman peut venir accompagnée d’un professionnel pour y être informée. « De plus, les sages-femmes de consultation ont un temps dédié dans leur agenda pour y accompagner un groupe de patientes pour une préparation à la naissance », précise Emilie Blanchet, dont le CHU a, depuis décembre 2021, inauguré une salle d’allaitement réservé aux professionnelles dans chacun de ses trois sites.

Une tactique cohérente pour la qualité de vie au travail. En outre, quantités d’outils maison ont été rédigés. La consultante en lactation avec ses coéquipiers d’un groupe de travail a élaboré différents supports pédagogiques : un guide professionnel de bonnes pratiques, un flyer A4 pour les mamans avec des noms d’associations ressources, le numéro de téléphone de consultantes, y compris en ville, ainsi qu’un autre sur les « clés d’un l’allaitement maternel réussi ».

Résultat, la Maternité Estaing fut la première maternité de type 3 à décrocher le label THQSE en décembre 2021. Cerise sur le gâteau, la réduction des douches (des bébés et de leur mamans) a permis une diminution de la consommation d’eau de 15 % en quatre ans. Et désormais, les mentalités évoluent. Par exemple, les équipes de la maternité ont pu rencontrer les services « restauration » et « achats ». La demande de tester des nourettes en verre a été acceptée. Le test a commencé début décembre. La roue tourne.

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